10/05/2008
Ballade de merci
L'un des plus fameux poèmes de François Villon, tiré du Testament écrit en 1461. Je crois me souvenir qu'il est dans le Lagarde et Michard, et que l'on a cherché à me l'apprendre en un temps où je n'étais pas foutrement moyenageux. Brassens et Pasolini étant passés par là, j'y suis plus sensible et me régale désormais de cette langue si colorée et de cet humour pré-rabelaisien.
A Chartreux et à Célestins,
A Mendiants et à Dévotes,
A musards et claquepatins,
A servants et filles mignottes
Portants surcots et justes cottes,
A cuidereaux d'amour transis,
Chaussant sans méhaing fauves bottes,
Je crie à toutes gens mercis.
A fillettes montrant tétins,
Pour avoir plus largement hôtes,
A ribleurs, mouveurs de hutins
A bateleurs trayant marmottes,
A fous, folles, à sots, à sottes,
Qui s'en vont sifflant six à six
A vessies et mariottes,
Je crie à toutes gens mercis,
Sinon aux traîtres chiens mâtins
Qui m'ont fait ronger dures crôtes,
Mâcher maints soirs et maints matins,
Qu'ores je ne crains trois crottes.
Je fisse pour eux pets et rottes ;
Je ne puis, car je suis assis.
Au fort, pour éviter riottes,
Je crie à toutes gens mercis.
Qu'on leur froisse les quinze côtes
De gros maillets forts et massis,
De plombées et tels pelotes.
Je crie à toutes gens mercis.
François Villon – Le testament
Source : Poésie française
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