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26/07/2005

Harry Potter contre l'Humanité

Une histoire édifiante et, quelque part, un peu désespérante. Un magasin canadien a vendu par erreur la semaine dernière quatorze exemplaires de "Harry Potter et le prince de sang mêlé" alors que la sortie officielle et très médiatique était prévue pour le 16 juillet. Je ne sais pas comment ce magasin a été fourni, mais toujours est-il qu'ils ont demandé aux acheteurs de rendre leurs exemplaires. Déjà, c'est une démarche pas banale. Mais ce n'est rien. L'éditeur a réussi à trouver un un tribunal assez... (je m'excuse, je ne trouve pas le mot) pour interdire aux acheteurs du livre de révéler les détails de l'histoire sous peine de poursuites. Vous avez bien lu. Les informations du dernier tome des aventures du jeune sorcier sont considérées comme assez importantes pour justifier une décision de justice envers ceux qui raconteraient l 'histoire. Pas des plagiaires, ni des pirates qui iraient photocopier leur exemplaire et le revendre. Non, des gens comme vous et moi (enfin, plutôt vous que moi parce que Potter, j'ai bien mieux à lire) qui iraient raconter l'histoire à leur gamin, leur maman ou leur voisin de palier.
Dangereux criminels !

Il y a peu, lors des procès contre les adeptes de l'échange de musique sur internet, procès qui relèvent du même état d'esprit, à la fois hystériquement commercial et d'un insondable mépris pour le public, un chroniqueur s'amusait en écrivant que l'on serait bientôt poursuivi par la SACEM pour avoir chanté sous sa douche sans reverser de droits. Lamentable dérive d'une société, d'un système où l'art que l'on qualifiera de populaire pour faire gentil, placé jusqu'ici sous le signe de l'échange, est devenu une valeur financière, le livre un placement, la chanson, un portefeuille de dividendes.

« Qu'on imprime mes oeuvres et que je meure de faim » s'écria Eugène Pottier, qui écrivit « l'Internationale » et quelques grandes chansons révolutionnaires. Il est vrai qu'il avait été sur les barricades de la Commune et qu'il avait une autre ambition pour ses chansons que l'auteur de Potter « dont le nom ne mérite pas d'être cité ici » pour ses bouquins.

Quel dommage que le ridicule ne tue pas, ou du moins qu'il n'empêche de nuire. Avec un certain humour, qui masque mal une colère certaine, Richard Stallman, héraut du Logiciel libre (et oui, c'est un peu le même combat), a publié un texte dont vous trouverez la traduction complète et libre sur Framasoft. En voici les premiers paragraphes :

Le 13 juillet 2005, les Canadiens ont reçu l’ordre de ne pas lire des livres qu’on leur avait vendus « par erreur ». Lisez cet article, et n’achetez aucun livre Harry Potter. Quiconque a demandé, rédigé, fait appliquer ou essayé de justifier cette injonction est un ennemi des droits de l’homme au Canada, et chacun mérite de payer pour son implication. Boycotter ces livres servira au moins à punir l’éditeur.

Contrairement à ce dernier, qui exige qu’on ne lise pas ces livres, je me contente d’appeler à ne pas les acheter. Si vous souhaitez les lire, patientez, et vous finirez par tomber sur quelqu’un qui lui en possède un exemplaire. Empruntez-le-lui, ou allez le lire en bibliothèque. Mieux encore, lisez autre chose - des tas d’ouvrages sont tout aussi bons, voire (que quelqu’un ose prétendre le contraire) mieux.


Du même auteur, et pour faire encore plus de cauchemars, je vous conseille ce texte

05/07/2005

Don Quichotte

Je viens de finir le second tome du Don Quichotte de Cervantes. Une jolie édition à la couverture rouge que j'ai trouvée sur un marché aux livres à Amsterdam. Ce livre, assez typiquement, fait partie de ceux que mon père essaya vainement de me faire lire étant enfant. Aujourd'hui, je suis persuadé que j'en ferais autant avec mes enfants. A l'époque, nous avions eu, avec mon frère, un livre amusant, un condensé de l'histoire du chevalier à la triste figure, avec des dessins de deux couleurs. Quand on mettait des lunettes spéciales, avec les filtres, on voyait soit le monde tel qu'il était, soit tel que le voyait Don Quichotte. Malgré le plaisir que nous prenions à ce livre, cela ne nous a jamais donné le courage d'ouvrir le roman de Cervantes.
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Aujourd'hui, c'est chose faite. J'aimerais bien savoir parler des livres comme je le fais des films. Pas que je sois doué pour ça, mais j'ai pris l'habitude. J'ai l'impression, et ce n'est guère original, que tout le monde connait Don Quichotte sans que, loin de là, tout le monde se soit donné la peine de le lire. Pourtant quel plaisir, mais quel plaisir !

En furetant sur la toile, je me suis rendu compte que l'on fêtait cette année le 400e anniversaire de la parution du roman. Les espagnols proposent une route Don Quichote très ellaborée. Une belle idée pour les vacances que d'aller voir les fameux moulins. Finalement, le plus intelligent que j'ai encore à faire, c'est de vous proposer de lire le livre.

L'ingénieux hidalgo, Don Quichotte de la Manche par Miguel de Cervantes Saavedra est disponible ICI. L'édition retenue, qui fait près de mille pages, est celle de la Librairie Hachette, 1978, une édition conforme à la première édition illustrée par Gustave Doré, Hachette, 1863. La traduction et les très nombreuses notes qui accompagnent le texte sont de Louis Viardot.