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01/05/2006

1er mai

Je vous ai touché deux mots de cette opération de grève de l'Internet pour protester le 1er mai contre la loi DADVSI. Vous êtes surement tombé en parcourant ce blog sur tel ou tel article dans lequel j'exprime mon opinion sur ce problème complexe de la gestion des droits d'auteur dans l'environnement numérique moderne, les échanges via p2p et le reste ; et mon hostilité à cette loi, ma préférence pour une licence globale. Bon, il n'y aura pas une telle licence dans l'immédiat et l'orientation prise par le législateur va dans un sens bien plus restrictif, répressif, que je ne le souhaiterais. Mais visiblement, il ne veut pas s'en tenir là. Je suis tombé sur ces propos tenus par notre ministre de Vivendi de la culture et de la sacro sainte communication ICI sur Ratatium reprenant cet article de Libération. Lisez, ça vaut le coup. Si je comprends bien, il y a une volonté de maitriser jusqu'au cauchemar orwellien ce qui se passe sur le net. A croire que l'influence des blogs sur le référendum, les exemples de monputeaux.com et autres prises de paroles ont violemment traumatisé nos hommes de pouvoir. Repensons un instant à l'entrevue bidonnée de Fidel Castro, aux délires médiatiques sur Outreau ou l'agression du RER, à un journal de 20h00 sur TF1, à la majorité des revues magazines de cinéma ou de musique ; revoyons les films de Pierre Carles et repensons à cette phrase de RDDV : « C'est un autre sujet capital [ Le problème de la presse et de l'Internet ] parce qu'il n'y aura pas d'informations de qualité sur l'Internet sans de vrais signatures, de vrais acteurs dont c'est le métier. ». Savourons-en le sel. « Qualité », « Vrais signatures », « Métier ». Je l'ai fait et, si faire la grève d'un blog n'a pas de sens en soi, je soutiens l'opération ne serait-ce que pour combattre cette mentalité désespérante et je vous laisse ce message pendant que je vais profiter du soleil avec ma fille. Demain, le combat continue.

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14/10/2005

Les héros sont fatigués

Titre facile, mais depuis que l'on a retiré sa cigarette à Lucky Luke, il n'est plus tout à fait le même. Et Astérix tout mythique qu'il soit devenu, file un mauvais coton. René Gosciny, que son nom soit vénéré, en ayant la mauvaise idée de mourir, a porté un rude coup non seulement au cow boy solitaire (Bien que ce ne soit pas lui qui lui ait retiré la clope de la bouche), mais aussi au petit gaulois moustachu. Astérix de son patronyme, dont le nouvel album sort aujourd'hui avec un matraquage façon Potter ou Houellebecq. Bon, je suis allé feuilleter la chose histoire de voir et bien que je n'attende plus grand chose de la part d'Uderzo depuis les délires du Grand Fossé. J'ouvre donc l'album à la couverture trop lisse et je découvre : un oeuf spatial façon Métal Hurlant (le film), un superman en collants et cape façon Superman, un extraterrestre façon schtroumph violet qui va devenir gigantesque façon Godzilla et une sorte de robot façon Goldorak. Saisi d'épouvante je referme le volume et je vous assure que je n'ai rien bu ni rien fumé avant de me livrer à cette expérience. Tristesse. La seule référence qui me soit venue à l'esprit, c'est le pitoyable Gendarme et les Extraterrestres et ses effets débiles. Comme les concessions faites par Morris au marché américain pour vendre Lucky Luke, on peut s'interroger sur les raisons de la pente fatale ou Uderzo entraîne Astérix. Médiocre scénariste, d'accord. Pas envie de travailler avec quelqu'un d'autre (ce qui réussit parfois à Morris) bon. Sénilité ? Goût du lucre ? Obsession de « faire moderne » ? Revanche du créateur sur sa créature ? Je me perds en conjectures, mais quelque part, je m'en fiche. Je pense à Gosciny, sa modestie et son humour, et je suis triste. Je vais relire Astérix en Corse.

02/08/2005

Enervé

Repris d'Inisfree.

Ca devient de plus en plus difficile d'aller voir un film dans une salle d'un grand circuit de façon sereine. Voilà que l'on nous matraque, avec images sombres et musique lourde le message : Pirater nuit gravement à la santé du cinéma. Slogan à l'instigation du Bureau de Liaison des industries Cinématographiques (BLIC). Slogan réducteur, culpabilisant, franchement énervant. Pourquoi dans les salles de Cinéma ? Ceux qui verront le message sont quand même ceux qui font l'effort, la démarche, de se rendre dans une salle et de payer leur ticket non ? Alors qui cherche t'on à toucher ? Pourquoi ne pas diffuser ces spots à la télévision ? C'est bien là, derrière leur home cinéma, leur écran cathodique, que se trouvent ceux qui sont susceptibles d'être concernés.

Mais c'est sans doute trop réfléchi pour les gens du BLIC. Il vaut mieux nuire à la santé du cinéma en transformant les halls en confiseries, en augmentant le prix des places, en ouvrant des multiplexes, en programmant des films indignes de ce nom, en bombardant de publicité la première partie de séance, en ignorant les courts métrages, en favorisant les films pop corn, en jouant le jeu de ceux qui sortent des grosses productions avec plus de mille copies en France, en méprisant la diversité des cinémas, en s'asseyant sur la culture et en méprisant le public.

Et merde, là, je l'avais dit que j'étais énervé.

26/07/2005

Harry Potter contre l'Humanité

Une histoire édifiante et, quelque part, un peu désespérante. Un magasin canadien a vendu par erreur la semaine dernière quatorze exemplaires de "Harry Potter et le prince de sang mêlé" alors que la sortie officielle et très médiatique était prévue pour le 16 juillet. Je ne sais pas comment ce magasin a été fourni, mais toujours est-il qu'ils ont demandé aux acheteurs de rendre leurs exemplaires. Déjà, c'est une démarche pas banale. Mais ce n'est rien. L'éditeur a réussi à trouver un un tribunal assez... (je m'excuse, je ne trouve pas le mot) pour interdire aux acheteurs du livre de révéler les détails de l'histoire sous peine de poursuites. Vous avez bien lu. Les informations du dernier tome des aventures du jeune sorcier sont considérées comme assez importantes pour justifier une décision de justice envers ceux qui raconteraient l 'histoire. Pas des plagiaires, ni des pirates qui iraient photocopier leur exemplaire et le revendre. Non, des gens comme vous et moi (enfin, plutôt vous que moi parce que Potter, j'ai bien mieux à lire) qui iraient raconter l'histoire à leur gamin, leur maman ou leur voisin de palier.
Dangereux criminels !

Il y a peu, lors des procès contre les adeptes de l'échange de musique sur internet, procès qui relèvent du même état d'esprit, à la fois hystériquement commercial et d'un insondable mépris pour le public, un chroniqueur s'amusait en écrivant que l'on serait bientôt poursuivi par la SACEM pour avoir chanté sous sa douche sans reverser de droits. Lamentable dérive d'une société, d'un système où l'art que l'on qualifiera de populaire pour faire gentil, placé jusqu'ici sous le signe de l'échange, est devenu une valeur financière, le livre un placement, la chanson, un portefeuille de dividendes.

« Qu'on imprime mes oeuvres et que je meure de faim » s'écria Eugène Pottier, qui écrivit « l'Internationale » et quelques grandes chansons révolutionnaires. Il est vrai qu'il avait été sur les barricades de la Commune et qu'il avait une autre ambition pour ses chansons que l'auteur de Potter « dont le nom ne mérite pas d'être cité ici » pour ses bouquins.

Quel dommage que le ridicule ne tue pas, ou du moins qu'il n'empêche de nuire. Avec un certain humour, qui masque mal une colère certaine, Richard Stallman, héraut du Logiciel libre (et oui, c'est un peu le même combat), a publié un texte dont vous trouverez la traduction complète et libre sur Framasoft. En voici les premiers paragraphes :

Le 13 juillet 2005, les Canadiens ont reçu l’ordre de ne pas lire des livres qu’on leur avait vendus « par erreur ». Lisez cet article, et n’achetez aucun livre Harry Potter. Quiconque a demandé, rédigé, fait appliquer ou essayé de justifier cette injonction est un ennemi des droits de l’homme au Canada, et chacun mérite de payer pour son implication. Boycotter ces livres servira au moins à punir l’éditeur.

Contrairement à ce dernier, qui exige qu’on ne lise pas ces livres, je me contente d’appeler à ne pas les acheter. Si vous souhaitez les lire, patientez, et vous finirez par tomber sur quelqu’un qui lui en possède un exemplaire. Empruntez-le-lui, ou allez le lire en bibliothèque. Mieux encore, lisez autre chose - des tas d’ouvrages sont tout aussi bons, voire (que quelqu’un ose prétendre le contraire) mieux.


Du même auteur, et pour faire encore plus de cauchemars, je vous conseille ce texte