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17/07/2014

La plus belle

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La sublime Natacha de Walthery, photographie piquée chez Charles Tatum.

04/04/2013

Tac au tac (les grandes heures)

Avec Philippe, Fred, Gotlib et Gébé (rien que ça !)

09/07/2012

Héroïne sur papier

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Vampirella par Franck Frazetta

16/05/2012

Gil Jourdan

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Gil Jourdan s'accroche par Maurice Tillieux

28/12/2007

Les aventures d'un branleur

J'ai découvert l'univers de Joe Matt avec son premier album Peep-Show paru en 2001. Il est de retour avec un nouvel opus au titre éloquent : Épuisé. Étalé sur son lit, le corps enfoncé de dos dans un matelas, notre héros git comme une loque au milieu de mouchoirs en papier froissés. L'aventure commence.

J'avais craint que ce genre de récits dessinés nourris à l'autobiographie et aux expériences personnelles de devienne aussi lassant que ce qu'ils sont trop souvent au cinéma, mais non. De Marjane Satrapi (Persépolis) à Nicolas Wild (Kaboul disco), de Manu Larcenet (Le combat ordinaire) à Harvey Pekar (American Splendor), de Chester Brown (Le playboy) à l'illustre Art Spiegelman (Maus), je suis passé avec ravissement d'un univers à l'autre. Peut être suis-je toujours bien tombé, mais je me suis passionné pour toutes ces histoires et les tiens pour le meilleur de la bande dessinée actuelle, à quelques exceptions près.

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Joe Matt est un admirateur de Robert Crumb et se glisse dans les pas de son modèle. Son autoportrait, (jusqu'à quel point ?) est impitoyable, d'une précision d'entomologiste et d'un humour cru à point. Dessinateur, Joe est en proie à de nombreuses manies obsessionnelles. Il peut devenir fou face à des situations très ordinaires, folie qui transforme les souris en montagnes infranchissables. Ainsi il prend l'habitude de faire pipi dans un bocal plutôt que d'utiliser les toilettes communes de l'immeuble où il habite, tellement il est angoissé de croiser ses voisins. Bien sûr, le bocal finit par lui poser des problèmes. Collectionneur maniaque, il cherche à vendre certaines de ses pièces les plus chères pour le regretter aussitôt l'affaire conclue. En passant, je dois à Joe Matt la découverte du travail de Franck King (Lien). Joe a un but dans la vie : arriver à vivre de ses rentes. Il attend que les intérêts de son maigre capital soient suffisants pour lui assurer sa subsistance. Il se prive donc de tout avec de savants raisonnements qui font se bidonner, parfois se mettre en colère, ses amis Chester et Seth. Joe est le champion des radins.

 

Le pire, le meilleur pour le lecteur, c'est sa vie sexuelle. Avec une cruauté hilarante, Joe Matt nous dévoile une personnalité d'obsédé sexuel haut de gamme. Ses fantasmes, son sale caractère et sa timidité maladive lui avaient déjà fait perdre sa petite amie Trish. Dans Épuisé c'est le porno qui a pris toute la place dans sa vie. Bien qu'il se lamente de l'absence d'une compagne, Joe passe son temps à compiler des vidéo sur d'improbables durées, usant ses nuits en plaisirs solitaires, culpabilisant de ne plus pouvoir travailler, fébrile, pitoyable et touchant pourtant. Je ne saurais trop vous conseiller de faire la connaissance de Joe.

 

L'album Épuisé

Joe Matt sur Myspace

La page de Joe Matt sur Drawn and Quarterly

Une critique sur Benzine

Joe Matt, portrait de l'artiste en branleur sur Fluctuat

Une belle case

 

06/10/2007

Copinage(s)

Je ne suis pas très assidu sur l'Hispaniola ces derniers temps. Beaucoup de choses à faire. Pourtant, je voudrais bien vous entretenir des derniers albums de Bruce Springsteen et de Stacey Kent, de Jean-Christophe de Romain Rolland que je suis en train de terminer, et du nouvel album de Joe Matt. Ça viendra.

Je prends quand même un peu de temps pour vous signaler deux sorties. Deux livres venus de blogueurs que je fréquente (plus ou moins) assidûment.

Côté bande-dessinée, la sortie de Kaboul disco de Nicolas Wild, sous titré « Comment je ne me suis pas fait kidnapper en Afghanistan ». carnet de voyage bourré d'humour dont vous apprécierez la présentation ICI. Et maintenant, une page de publicité !

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Côté littérature, François Roques, alias Imposture, sévissant Derrière le paravent suédois, sort son premier roman, Le syndrome de Roch. C'est l'histoire d'un homme ordinaire qui découvre qu'il est capable de passer d'une personne à une autre. Point de départ fantastique. Je ne l'ai pas encore lu, je ne lis qu'un livre à la fois mais si c'est aussi bien écrit, aussi drôle et vif que ses billets pour son blog, ça devrait être bien. (Photographie empruntée à son blog).

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Sur Amazon : 

Le syndrôme de Roch

Bonnes lectures.

25/08/2007

Larcenet au travail

Et cet homme a très bon goût, c'est Springsteen en fond sonore !

 

29/07/2007

Critixman, petit texte

Critixman est né dans les notes du blog de Manu Larcenet. L'ancien puisque le dessinateur a décidé de changer récemment d'adresse. Critixman a tout lu, tout vu et sa parole est sage. Entre mauvais génie et mauvaise conscience, il terrorise un brave dessinateur à casquette complètement perturbé dans son acte créatif par les coups moraux et physiques assénés avec régularité par le super critique.

L'un des aspects les plus fascinants de l'oeuvre de Larcenet, c'est qu'elle se nourrit des questions de son auteur sur son propre travail. Larssinet aux ravenelles, Van Gogh dans les tranchées ou Manu et ses photographies, tous s'interrogent sur leur travail et son sens. Face à leurs commanditaires, familles, galleristes, éditeurs, collègues et bloggeurs qui ne cessent de verser du sel sur les plaies d'une sensibilité à vif, les créateurs sont rongés par le doute et vulnérables à la dépression. Ils sont à la fois anxieux d'avoir un regard extérieur sur leur oeuvre mais se refusent aux jugements légers ou dictés par la mode. Exigeants avec eux-mêmes, ils le sont aussi avec ceux qui font profession de parler d'art et de se posent en juges du beau et du vrai. Vaste problème de la critique, d'autant plus complexe qu'avec l'explosion d'Internet et maintenant des blogs, n'importe qui peut s'ériger en maître à penser. D'une part cela donne accès à un large public à de véritables amateurs autrefois fanzineux passionnés, d'autre part, cela donne un poids inédit à des textes indigents écrits par des charlots sur des plates formes à grande diffusion.

Larcenet n'a pas hésité à intervenir dans le débat critique autour de ses bandes dessinées, au risque des malentendus et des crispations. Critixman est une sorte d'exorcisme défoulatoire, incarnant tout ce qui révulse son créateur dans la critique « officielle » qui peut être arrogante, méprisante, blessante et le parfois stupide. L'exercice est difficile car à double tranchant. Larcenet l'exécute avec son humour habituel et modestie, l'ouvrage étant sortit chez Les Rêveurs. Une pointe d'amertume aussi avec la conclusion radicale. L'une des qualités de ce petit livre est de montrer aussi sans fausse pudeur les ravages psychologiques que la critique peut provoquer chez l'auteur. Je me contente d'espérer que Larcenet est un peu plus blindé contre la bêtise. L'objet est charmant, petit format délicat qui se commande directement chez l'éditeur.

 

Le site des Rêveurs

Chronique sur du9

Chronique sur Bdnews

Chronique sur Chronicart

18/07/2007

Mille sabords !

« La chaîne Borders a retiré Tintin au Congo de ses rayons de littérature pour enfants dans tous ses magasins aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne en raison d'accusations de racisme, apprend-on mardi 17 juillet.
La Commission britannique pour l'égalité des races (CRE) avait recommandé le 11 juillet aux libraires de retirer cette bande dessinée de la vente.
Elle avait été saisie par un client d'un magasin Borders et avait jugé cet ouvrage "délibérément raciste". »
Nouvel Observateur

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« Pour le Congo tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. » Hergé

« Si certaines images caricaturales du peuple congolais données par Tintin au Congo font sourire les Blancs, elles font rire franchement les Congolais, parce que les Congolais y trouvent matière à se moquer de l’homme blanc qui les voyait comme cela »Revue Zaïre (2.12.1969)

« Nègre je suis, nègre je resterai » Aimé Césaire

26/06/2007

Critixman

Aux Rêveurs

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10/05/2007

Deux bonnes nouvelles (il y en a)

Réaction à chaud avec le nouveau blog de Frantico : Nico Shark, votre nouveau chef du personnel. Ca commence cool-cool, zen-zen, mais ça devrait prendre rapidement sa vitesse de croisière (au large de Malte, pouf, pouf). Et on peut proposer un scénario. C'est bon de rire, parfois. (Merci pour l'information, Pierrot)

Est-ce que, par hasard, par le plus grand des hasard, sans me risquer aux plus folles hypothèses, avec les précautions les plus précautionneuses, Larcenet et Ferri ne seraient pas en train de nous préparer un épisode de Spirou et Fantasio ? ICI.

18/12/2006

Jérusalem d'Afrique

D'une longueur inhabituelle, le nouveau volume des aventures du chat du rabbin est un éclatant retour à ce qui fait pour moi le meilleur de la série de Joann Sfar. Sans être insensible à la mélancolie prenante du précédent opus centré sur le Malka des lions, j'avais eu l'impression que l'auteur digressait. Qu'il cherchait une direction. Le chat ne parlait plus aux humain, ou plutôt il n'était plus écouté par eux. Du coup je perdais tout le sel des échanges dialectiques du premier volume, tout comme le miel de la présence de sa fille Zlabya, réduite à de la figuration.

Retour sur les chapeaux de roues avec la découverte d'un peintre russe dans une caisse pleine de vieux livres et rouleaux sacrés. Le chat retrouve la parole, comprend le russe et devient interprète. Il y retrouve toute sa verve avec sa fonction, son plaisir de la discussion et des mots acérés comme ses griffes. Zlabya et sa robe sensuelle illuminent nombre de pages, son regard de feu transperce son mari trop tiède et se laisse séduire par le peintre. C'est le bonheur.

Et puis voici notre chat, son rabbin et le peintre embarqués sur une des Citröen de la croisière noire dans un périple à travers l'Afrique en compagnie d'un immigré russe, noble et duelliste qui fait penser à certains personnages de Pratt. Se joint à eux un cheik collectionneur de chansons. C'est l'Aventure. Ils croiseront une tribu arabe prétexte à une confrontation des civilisations assez rude, un sultan du désert, un Tintin joliment égratigné, une ravissante serveuse noire et, peut-être, leur rêve d'une Jérusalem d'Afrique.

J'ai retrouvé tout mon enthousiasme pour cette série si originale. Tout en me disant que n'étant pas de culture juive, certaines choses me passaient sans doute au dessus de la tête. Mais Sfar est pédagogue et n'hésite pas à préciser dans ses dessins tel ou tel détail comme le nom des pâtisseries. Et il annonce déjà, comme dans James Bond, que la chat reviendra dans une « tragédie érotique ». J'ai hâte.

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Critique sur Auracan

Critique sur bdselection

Joann Sfar sur Wikipedia

Le site officiel

Le livre

18/09/2006

La Vampire est là

Vampirella, Eerie et Creepy sont les titres phares des éditions Warren et des revues cultes de la bande dessinée fantastique des années 70. Ces revues ont repris le principe des célèbres Tales from the crypt en y ajoutant de fortes doses d'érotisme, d'humour noir et d'esprit pop. Vampirella, la vampire venue de l'espace, tout particulièrement est un souvenir émouvant avec sa tenue improbable, ses longues bottes noires et ses courbes sensuelles mises en valeur par des postures lascives ayant inspiré les plus grands noms de l'illustration. Franck Frazetta en tête qui signa la couverture du premier numéro américain. Signalé par une récente note du AAAblog, un site magnifique, n'ayons pas peur des superlatifs, regroupe les couvertures de ces revues mythiques dont les tentatives françaises ne rencontrèrent malheureusement pas le succès escompté. Rien que pour vos yeux, voici la couverture du numéro 24 américain (illustration : Enrich).

 

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J'en profite pour vous présenter ma source : Le AAAblog est l'excellent blog de la librairie AAAPOUM BAPOM spécialisée en bandes-dessinées et sise au 8 de la rue Dante à Paris. Le blog comme la librairie sont tenus par Vald et Steph. J'ai découvert ce blog à l'occasion de mes recherches pour l'article autour du travelling de Kapo publié sur Inisfree cet été. Les voies de la découverte sont parfois étrange, mais il faut dire que les centres d'intérêt de l'AAAblog sont variés. En écrivant ceci, je viens de me rendre compte que je suis déjà entré dans cette librairie, lors de l'une de mes descentes à Paris. Steph, Vlad, nous nous sommes déjà rencontrés.

23/12/2005

Manu Larcenet

Bonne nouvelle, excellente nouvelle, même, Manu Larcenet, auteur de petits miquets vient de terminer le troisième tome du « Combat Ordinaire ». C'est lui-même qui l'annonce sur son blog, un blog tout jeune, plein de dessins forcément, et de son humour de proximité. Manu Larcenet, je voulais écrire dessus depuis un moment. C'est même pour écrire sur des gens comme lui, pour partager le plaisir intense qu'ils me donnent avec leur travail que j'ai ouvert l'Hispaniola. Il est devenu pour moi, depuis que je l'ai découvert avec « Le Retour à la terre » un de mes auteurs de chevet entre Sfar et Stassens.

 

Risquons la comparaison, Larcenet, c'est un peu Franquin. Ouf ! Si, comme lui, son style est immédiatement identifiable, nerveux dans le trait à la fois fouillé et lisible, percutant dans l'humour, un humour qui peut se faire tour à tour tendre, burlesque, grinçant ou du plus beau noir. Comme lui, il travaille beaucoup, enchaînant séries et collaborations, dessins et crobards de toutes sortes. Comme lui, si les situations et les détails sont réalistes, l'univers de ses histoires avec leurs personnages aux gros nez sont toujours dans la fantaisie. Comme lui, il utilise des éléments autobiographiques : ses collègues dessinateurs, son éditeur, lui-même. Comme lui, il s'adresse aux petits et aux grands et il aime dessiner des chats dingues et des oiseaux.

 

Manu Larcenet est aussi un auteur en prise sur son époque. Si je pense aux artistes représentatifs de ma génération, son nomme vient spontanément à l'esprit, bien plus que ceux d'écrivains sur lesquels je n'ai aucune envie de revenir. Comme chez, disons Miossec, Benabar ou Noir Désir pour la chanson, Podalydes, Despleschin ou Lioret pour le cinéma, je retrouve les même préoccupations, la même justesse d'observation, un même état d'esprit, des thématiques qui se recoupent souvent. Larcenet pourrait dessiner « Le vélo » de Bénabar et Miossec chanter les aventures du héros du « Combat Ordinaire ». Enfin, je crois.

 

Ce que j'aime beaucoup chez lui et d'une façon générale, c'est la rupture de ton. Personnages et situations peuvent basculer du drame à la comédie en deux cases. Ce qui est drôle dissimule mal les angoisses. Ce qui est grave est désamorcé par un éclat de rire. Un exemple parmi cent : l'influence du Boulaouane sur les deux frères du « Combat ordinaire ». Ou encore, plus fort, la blague terrible que fait le père en faisant croire à son fils qu'il a perdu la mémoire alors qu'il est vraiment atteint de la maladie du « sieur Alzheimer ». Ces ruptures brusques, ce sont le reflet des contradictions de notre époque. Contrastes énormes, vertiges existentiels. Difficulté d'aller de l'avant dans un monde trop grand, et absolue nécessité de le faire. Trouver l'apaisement, chercher l'harmonie et faire vivre l'espoir. L'objectif de ses personnages est tout tracé, même s'ils y rechignent. En cela, Larcenet illustre une nouvelle fois les pessimistes en paroles qui se révèlent des optimistes en actes.

 

Dans la sage du « Retour à la terre », Larssinet, dessinateur issus d'une banlieue typique débarque avec sa casquette, son chat traumatisé, ses ordinateurs et sa compagne aux Ravenelles, sorte de Champignac en Cambrousse. Il doit trouver le moyen de s'intégrer dans ce pur coin de terroir avec ses autochtones pittoresques, leurs fêtes du cochon et leurs eaux de vie redoutables. Il doit surtout dépasser l'adolescence attardée et fonder enfin une véritable famille. Il doit jeter ses cartons, prendre des responsabilités dans la communauté et, aboutissement logique, devenir père en suivant les conseils de Laurence Pernoud ®.

 

Dans ce qui est pour moi son oeuvre la plus aboutie, tout à la fois la plus ambitieuse et la plus belle, « Le Combat ordinaire », Marco, photographe, est confronté à plusieurs dilemmes majeurs. Exposer avec un homme qu'il admire mais qui se révèle un beau salaud. Protéger son indépendance tout en s'impliquant dans une véritable relation amoureuse. Apprendre à vivre avec les gens sans les juger. Il y a deux très beaux épisodes. Dans le premier, il développe une amitié avec un vieil homme débonnaire qui se révèle avoir été officier et tortionnaire en Algérie. L'homme dit avoir changé et demande simplement que ce soit accepté. Dans le second, variation sur le même thème, il photographie des amis de son père, ouvriers sur un chantier naval. Alors qu'il essaye de leur donner par son travail une certaine dignité, il apprend que l'un d'eux a voté Front National en avril 2002. Mais il est toujours le fidèle compagnon de chantier. Marco doit dépasser les clichés et accepter les contradictions. Accepter les hommes tels qu'ils sont.

 

Larcenet, ce sont aussi des albums plus franchement comiques, l'homme a fait ses débuts à Fluide Glacial quand même. Il y aura créé Bill Baroud, Pédro le Coati, exploré la vie secrète des super héros injustement méconnus, et livré récemment un guide de la survie en entreprise qui se révèle bien utile. Sortit également il y a peu (2003), « La Légende de Robin des Bois », bande étonnante qui nous montre un Robin vieillit, atteint par Alzheimer lui aussi, braillant des chansons populaires dans la forêt de Rambouillet et traquant le touriste comme les brebis du Génie des Alpages. Plein d'autres encore, Larcenet travaille beaucoup pour notre plus grand plaisir.

 

Apprenez en plus sur le site « pas officiel » mais très complet. Quatre albums sont prévus pour 2006. Maximum bamboule !

14/10/2005

Les héros sont fatigués

Titre facile, mais depuis que l'on a retiré sa cigarette à Lucky Luke, il n'est plus tout à fait le même. Et Astérix tout mythique qu'il soit devenu, file un mauvais coton. René Gosciny, que son nom soit vénéré, en ayant la mauvaise idée de mourir, a porté un rude coup non seulement au cow boy solitaire (Bien que ce ne soit pas lui qui lui ait retiré la clope de la bouche), mais aussi au petit gaulois moustachu. Astérix de son patronyme, dont le nouvel album sort aujourd'hui avec un matraquage façon Potter ou Houellebecq. Bon, je suis allé feuilleter la chose histoire de voir et bien que je n'attende plus grand chose de la part d'Uderzo depuis les délires du Grand Fossé. J'ouvre donc l'album à la couverture trop lisse et je découvre : un oeuf spatial façon Métal Hurlant (le film), un superman en collants et cape façon Superman, un extraterrestre façon schtroumph violet qui va devenir gigantesque façon Godzilla et une sorte de robot façon Goldorak. Saisi d'épouvante je referme le volume et je vous assure que je n'ai rien bu ni rien fumé avant de me livrer à cette expérience. Tristesse. La seule référence qui me soit venue à l'esprit, c'est le pitoyable Gendarme et les Extraterrestres et ses effets débiles. Comme les concessions faites par Morris au marché américain pour vendre Lucky Luke, on peut s'interroger sur les raisons de la pente fatale ou Uderzo entraîne Astérix. Médiocre scénariste, d'accord. Pas envie de travailler avec quelqu'un d'autre (ce qui réussit parfois à Morris) bon. Sénilité ? Goût du lucre ? Obsession de « faire moderne » ? Revanche du créateur sur sa créature ? Je me perds en conjectures, mais quelque part, je m'en fiche. Je pense à Gosciny, sa modestie et son humour, et je suis triste. Je vais relire Astérix en Corse.

15/09/2005

J'adore Jacques Tardi

J'adore Tardi. J'apprécie son goût pour le noir et blanc, son trait à la fois classique façon ligne claire et moderne. J'aime son sens du détail, la justesse des expressions et des mouvements. Je partage, disons assez largement, ses valeurs, son discours politique, un peu anar, antimilitariste et anticlérical. Même s'il y va parfois à gros traits, il me fait toujours rire. Je partage aussi sa fascination pour l'Histoire, la Commune et la Grande Guerre en particulier, qui sont bien deux évènements capitaux pour comprendre notre monde d'aujourd'hui. J'aime aussi ses personnages, leur façon d'être décontracté comme Burma ou Adèle, leur réticences parfois à vivre l'histoire dans laquelle ils évoluent. Cela donne de jolis moments : « ça ne m'intéresse pas » ou encore « ca suffit, je rentre chez moi ». J'aime ses références visuelles à Jules Verne, les machines impossibles des aventures d'Adèle et du démon des glaces. J'aime son sens de l'aventure et du feuilleton. Adèle où la Commune, c'est Dumas ! Et puis j'aime aussi sons sens de l'épopée. Sa Commune est la même que celle de Watkins, une grande aventure tragique et politique qui fait vibrer. J'aime enfin sa prédilection à mêler la bande dessinée avec la littérature et le cinéma, son travail avec Daeninckx et Pennac, ses adaptations de Céline, Vautrin, Malet et aujourd'hui, Manchette.

Sort en effet Le Petit Bleu de la Côte Ouest dont Deray avait tiré Trois Hommes à Abattre avec Delon. Film moyen mais l'un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) des romans noirs de Manchette.

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Mais si j'adore Tardi, c'est par sa façon dont il fait vivre Paris. Cet homme doit avoir des montagnes de documents. Ou alors, il possède une machine à remonter le temps et il a la gentillesse de nous faire partager ce miracle via ses dessins. Je suis toujours épaté de la vie qui se dégage de ses rues, de ces façades ordinaires, des voitures, des objets, des ambiances. Des pavés de la Commune de 1871 au Jardin des Plantes de La Débauche en passant par les Paris de la Belle époque, des années folles et des années 50, c'est pour moi un ravissement. Sur le dernier album, je suis d'autant plus enthousiaste qu'il s'agit du Paris de mon enfance, celui des années 70. déjà, dans Casse Pipe à la Nation, je retrouvais des rues du 12e arrondissement, le quartier de mon enfance. Dans ce dernier album, je retrouve les voitures, les objets, les livres, l'ambiance, presque les odeurs de ces années là. Il y a une vignette qui m'a touché : on y voit un personnage lire un numéro de Strange. Toute mon enfance.