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25/08/2007

Larcenet au travail

Et cet homme a très bon goût, c'est Springsteen en fond sonore !

 

29/07/2007

Critixman, petit texte

Critixman est né dans les notes du blog de Manu Larcenet. L'ancien puisque le dessinateur a décidé de changer récemment d'adresse. Critixman a tout lu, tout vu et sa parole est sage. Entre mauvais génie et mauvaise conscience, il terrorise un brave dessinateur à casquette complètement perturbé dans son acte créatif par les coups moraux et physiques assénés avec régularité par le super critique.

L'un des aspects les plus fascinants de l'oeuvre de Larcenet, c'est qu'elle se nourrit des questions de son auteur sur son propre travail. Larssinet aux ravenelles, Van Gogh dans les tranchées ou Manu et ses photographies, tous s'interrogent sur leur travail et son sens. Face à leurs commanditaires, familles, galleristes, éditeurs, collègues et bloggeurs qui ne cessent de verser du sel sur les plaies d'une sensibilité à vif, les créateurs sont rongés par le doute et vulnérables à la dépression. Ils sont à la fois anxieux d'avoir un regard extérieur sur leur oeuvre mais se refusent aux jugements légers ou dictés par la mode. Exigeants avec eux-mêmes, ils le sont aussi avec ceux qui font profession de parler d'art et de se posent en juges du beau et du vrai. Vaste problème de la critique, d'autant plus complexe qu'avec l'explosion d'Internet et maintenant des blogs, n'importe qui peut s'ériger en maître à penser. D'une part cela donne accès à un large public à de véritables amateurs autrefois fanzineux passionnés, d'autre part, cela donne un poids inédit à des textes indigents écrits par des charlots sur des plates formes à grande diffusion.

Larcenet n'a pas hésité à intervenir dans le débat critique autour de ses bandes dessinées, au risque des malentendus et des crispations. Critixman est une sorte d'exorcisme défoulatoire, incarnant tout ce qui révulse son créateur dans la critique « officielle » qui peut être arrogante, méprisante, blessante et le parfois stupide. L'exercice est difficile car à double tranchant. Larcenet l'exécute avec son humour habituel et modestie, l'ouvrage étant sortit chez Les Rêveurs. Une pointe d'amertume aussi avec la conclusion radicale. L'une des qualités de ce petit livre est de montrer aussi sans fausse pudeur les ravages psychologiques que la critique peut provoquer chez l'auteur. Je me contente d'espérer que Larcenet est un peu plus blindé contre la bêtise. L'objet est charmant, petit format délicat qui se commande directement chez l'éditeur.

 

Le site des Rêveurs

Chronique sur du9

Chronique sur Bdnews

Chronique sur Chronicart

26/06/2007

Critixman

Aux Rêveurs

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10/05/2007

Deux bonnes nouvelles (il y en a)

Réaction à chaud avec le nouveau blog de Frantico : Nico Shark, votre nouveau chef du personnel. Ca commence cool-cool, zen-zen, mais ça devrait prendre rapidement sa vitesse de croisière (au large de Malte, pouf, pouf). Et on peut proposer un scénario. C'est bon de rire, parfois. (Merci pour l'information, Pierrot)

Est-ce que, par hasard, par le plus grand des hasard, sans me risquer aux plus folles hypothèses, avec les précautions les plus précautionneuses, Larcenet et Ferri ne seraient pas en train de nous préparer un épisode de Spirou et Fantasio ? ICI.

23/12/2005

Manu Larcenet

Bonne nouvelle, excellente nouvelle, même, Manu Larcenet, auteur de petits miquets vient de terminer le troisième tome du « Combat Ordinaire ». C'est lui-même qui l'annonce sur son blog, un blog tout jeune, plein de dessins forcément, et de son humour de proximité. Manu Larcenet, je voulais écrire dessus depuis un moment. C'est même pour écrire sur des gens comme lui, pour partager le plaisir intense qu'ils me donnent avec leur travail que j'ai ouvert l'Hispaniola. Il est devenu pour moi, depuis que je l'ai découvert avec « Le Retour à la terre » un de mes auteurs de chevet entre Sfar et Stassens.

 

Risquons la comparaison, Larcenet, c'est un peu Franquin. Ouf ! Si, comme lui, son style est immédiatement identifiable, nerveux dans le trait à la fois fouillé et lisible, percutant dans l'humour, un humour qui peut se faire tour à tour tendre, burlesque, grinçant ou du plus beau noir. Comme lui, il travaille beaucoup, enchaînant séries et collaborations, dessins et crobards de toutes sortes. Comme lui, si les situations et les détails sont réalistes, l'univers de ses histoires avec leurs personnages aux gros nez sont toujours dans la fantaisie. Comme lui, il utilise des éléments autobiographiques : ses collègues dessinateurs, son éditeur, lui-même. Comme lui, il s'adresse aux petits et aux grands et il aime dessiner des chats dingues et des oiseaux.

 

Manu Larcenet est aussi un auteur en prise sur son époque. Si je pense aux artistes représentatifs de ma génération, son nomme vient spontanément à l'esprit, bien plus que ceux d'écrivains sur lesquels je n'ai aucune envie de revenir. Comme chez, disons Miossec, Benabar ou Noir Désir pour la chanson, Podalydes, Despleschin ou Lioret pour le cinéma, je retrouve les même préoccupations, la même justesse d'observation, un même état d'esprit, des thématiques qui se recoupent souvent. Larcenet pourrait dessiner « Le vélo » de Bénabar et Miossec chanter les aventures du héros du « Combat Ordinaire ». Enfin, je crois.

 

Ce que j'aime beaucoup chez lui et d'une façon générale, c'est la rupture de ton. Personnages et situations peuvent basculer du drame à la comédie en deux cases. Ce qui est drôle dissimule mal les angoisses. Ce qui est grave est désamorcé par un éclat de rire. Un exemple parmi cent : l'influence du Boulaouane sur les deux frères du « Combat ordinaire ». Ou encore, plus fort, la blague terrible que fait le père en faisant croire à son fils qu'il a perdu la mémoire alors qu'il est vraiment atteint de la maladie du « sieur Alzheimer ». Ces ruptures brusques, ce sont le reflet des contradictions de notre époque. Contrastes énormes, vertiges existentiels. Difficulté d'aller de l'avant dans un monde trop grand, et absolue nécessité de le faire. Trouver l'apaisement, chercher l'harmonie et faire vivre l'espoir. L'objectif de ses personnages est tout tracé, même s'ils y rechignent. En cela, Larcenet illustre une nouvelle fois les pessimistes en paroles qui se révèlent des optimistes en actes.

 

Dans la sage du « Retour à la terre », Larssinet, dessinateur issus d'une banlieue typique débarque avec sa casquette, son chat traumatisé, ses ordinateurs et sa compagne aux Ravenelles, sorte de Champignac en Cambrousse. Il doit trouver le moyen de s'intégrer dans ce pur coin de terroir avec ses autochtones pittoresques, leurs fêtes du cochon et leurs eaux de vie redoutables. Il doit surtout dépasser l'adolescence attardée et fonder enfin une véritable famille. Il doit jeter ses cartons, prendre des responsabilités dans la communauté et, aboutissement logique, devenir père en suivant les conseils de Laurence Pernoud ®.

 

Dans ce qui est pour moi son oeuvre la plus aboutie, tout à la fois la plus ambitieuse et la plus belle, « Le Combat ordinaire », Marco, photographe, est confronté à plusieurs dilemmes majeurs. Exposer avec un homme qu'il admire mais qui se révèle un beau salaud. Protéger son indépendance tout en s'impliquant dans une véritable relation amoureuse. Apprendre à vivre avec les gens sans les juger. Il y a deux très beaux épisodes. Dans le premier, il développe une amitié avec un vieil homme débonnaire qui se révèle avoir été officier et tortionnaire en Algérie. L'homme dit avoir changé et demande simplement que ce soit accepté. Dans le second, variation sur le même thème, il photographie des amis de son père, ouvriers sur un chantier naval. Alors qu'il essaye de leur donner par son travail une certaine dignité, il apprend que l'un d'eux a voté Front National en avril 2002. Mais il est toujours le fidèle compagnon de chantier. Marco doit dépasser les clichés et accepter les contradictions. Accepter les hommes tels qu'ils sont.

 

Larcenet, ce sont aussi des albums plus franchement comiques, l'homme a fait ses débuts à Fluide Glacial quand même. Il y aura créé Bill Baroud, Pédro le Coati, exploré la vie secrète des super héros injustement méconnus, et livré récemment un guide de la survie en entreprise qui se révèle bien utile. Sortit également il y a peu (2003), « La Légende de Robin des Bois », bande étonnante qui nous montre un Robin vieillit, atteint par Alzheimer lui aussi, braillant des chansons populaires dans la forêt de Rambouillet et traquant le touriste comme les brebis du Génie des Alpages. Plein d'autres encore, Larcenet travaille beaucoup pour notre plus grand plaisir.

 

Apprenez en plus sur le site « pas officiel » mais très complet. Quatre albums sont prévus pour 2006. Maximum bamboule !