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05/06/2008

Ballaciner

"Ballaciner, tomber du ciel de nuage en nuage au milieu des éclairs"

Je n'avais jamais rien lu de Jean-Marie Gustave Le Clezio. Je n'étais pas tenté. Mais il est de Nice et, quand j'ai su que Ballaciner, son nouveau roman, parlerai de ses séances de cinéma de jeunesse, je me suis dit qu'il y aurait sans doute des choses intéressantes à lire par rapport à mon projet Cher Nanni....

Son livre se présente comme une suite de chroniques sur ses rapports au cinéma, les liens et différences entre cinéma et littérature, son parcours de cinéphile et, d'un point de vue niçois, c'est assez limité. Il y a surtout d'excellentes pages sur le ciné-club Jean Vigo et le portrait de Gaby, la monteuse des studios de la Victorine, une amie de sa grand-mère. Et puis un paragraphe sur la salle monumentale de l'Escurial. Et voilà.

Le gros du livre révèle surtout une cinéphilie assez classique des intellectuels de sa génération : Antonioni, Ozu, Vigo (évidemment), Mizoguchi, Ray (Satyajit), Bergman, Dreyer, Pasolini... J'avoue que j'ai parcouru ses textes sans véritablement accrocher, même pour des cinéastes que je connais et apprécie, même quand il raconte une nuit passée dans la chambre d'Ozu (ce qui doit être quelque chose). Je pensais au livre de Claude-Jean Philippe, La nuit bienfaisante, dans lequel je m'étais immergé avec délice, je suis ici resté en surface, distant. Philippe embrasse le cinéma dans sa totalité et conserve une continuité entre ses séances d'enfances, ses passions adolescentes et ses goûts d'adulte. Chez Le Clezio, j'ai eu le sentiment de ruptures, d'une cinéphilie un peu élitiste. Il y a pourtant des ouvertures intéressantes sur le cinéma indien, iranien et coréen, notamment deux entretiens avec Park Chan-wook et Lee Chang-dong qui terminent le livre, mais il exprime un violent ressentiment à l'égard du cinéma américain qui me semble excessif et réducteur quoique l'on puisse penser d'Hollywood. Le Clézio n'est certes pas Manchette qui ne jurait (presque) que par la forme classique hollywoodienne. Il ignore aussi complètement d'autres cinématographies, chinoise ou anglaise par exemple. Et puis deux ou trois choses trop rapides comme de retrouver Franck Capra en réalisateur de comédies musicales. Ceci dit un tel ouvrage est forcément subjectif et je respecte ses choix à défaut de les partager tous. Les meilleures pages sont encore celles de son enfance, avec les projections à la maison quand il tournait la manivelle du Pathé Baby, des pages qui appellent lointainement celles de Bergman dans Lanternae Magicae.

Le livre.

Un article plus enthousiaste.

Un autre article plus enthousiaste.

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