Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/08/2005

Lecture d'été

Il y a des livres qui, lorsque vous parcourez les rayons d’une librairie, semblent vous lancer un appel aussi muet qu’irrésistible : « achète-moi, tu ne regretteras pas ».

Cela peut tenir à une couverture, une illustration, une couleur, un titre, un format, une texture lorsque les doigts l’effleurent, une odeur, si, si, car les livres ont leur odeur bien à eux.

Bref, lors de ma dernière visite à l’un de mes libraires favoris, le Passeur de l’Isle, à l’Isle sur Sorgues, dans le Vaucluse, j’ai reçu ce genre d’appel de la part de Titanic et autres contes juifs de Bosnie d’Ivo Andric, prix Nobel de littérature en 1961 que j’ignorais totalement.

Le livre est une sorte de compilation de courtes histoires autour de la communauté juive bosniaque, dix récits qui dessinent un siècle d’histoire, depuis l’occupation Austro-hongroise du XIXe siècle jusqu’à la tempête nazie déclenchée en 1941. L’évocation du cimetière juif de Sarajevo, qui ouvre le livre, synthétise cette histoire que l’auteur déchiffre sur les pierres tombales, depuis le souvenir des origines espagnoles (les Sephardim furent chassés d’Andalousie au XVe siècle) jusqu’aux sèches inscriptions de 41-42, ultimes traces avant le grand silence.

Au fil de ces histoires sensibles, tragiques comme le destin de ce peuple, mais non dénuées d’humour et sans complaisance pour les travers de la communauté, on rencontre Mordo Atias, le pharmacien peu loquace dans sa microscopique boutique, Salomon Atias et sa difficulté à exprimer la gratitude des juifs au consul de Napoléon, Mento Papo, le malheureux patron du « Titanic », bistro misérable de Sarajevo, la jeune et belle Rifka, amoureuse malheureuse de l’agent des eaux et forêts Ledenik. Et il y a mon personnage préféré, Lotika, émouvante femme au soir de sa vie, qui a lutté sans succès pour améliorer le sort de sa famille et qui se sent envahie par l’âge et la lassitude. Trop d’espoirs déçus. Elle a pourtant, dans le registre de l’humour, cette répartie admirable, apprenant que son neveu favori vient de rejoindre le parti socialiste :

Il est devenu socialiste ! So-cia-lis-te ! Comme si ce n’était pas suffisant d’être juif. O grand Dieu, Dieu unique, qu’ai-je fait pour que tu me punisses ainsi ? Socialiste !

 

Ca m’a fait rire.

Titanic, ce sont ainsi dix portraits riches en humanité et d’un style élégant, direct et imagé. Ce sont dix arches élancées d’un pont, de ces ponts de Bosnie « Comme le message solitaire d’un monde lointain et lumineux » (Editions Belfond)

Le livre 

12/07/2005

Branle bas au 87e

Assied toi là et raconte moi tout.


C'est ainsi que commence l'un des romans de Ed McBain, l'un de ses 120 et quelques, en majorité des polars dont plus d'une cinquantaine consacrés au célèbre 87e district. Entre les JO, les attentats de Londre et le couronnement d'Albert, l'annonce de sa disparition est passée un peu inapperçue.

Né le 15 octobre 1926 sous le patronyme de Salvatore Lombino à New York, Il fait des études d'art, puis devance l'appel pour entrer à l'US Navy pendant deux ans. Après la guerre, il termine ses études et devient enseignant, une expérience courte et visiblement mauvaise puisqu'elle va lui inspirer son premier roman à succès : The Blackboard Jungle (Graîne de violence) adapté au cinéma par Richard Brooks en 1955.

McBain, ne s'appelle pas encore McBain, mais il a pris le nom d'Evan Hunter. En fait, il utilisera plusieurs pseudonymes pour ses premiers romans, de la science fiction et du polar. C'est également sous le nom d'Evan Hunter qu'il signera le scénario des Oiseaux d'Alfred Hitchcock en 1962.

C'est en 1956 qu'il devient Ed McBain en attaquant ce qui sera sa grande oeuvre, les chroniques du 87e district. Il a l'idée de centrer ses romans policiers non sur un personnage, truand, policier ou détective, mais sur une collectivité : les membre d'un commissariat, le 87e, installé dans un quartier d'Isola, une ville imaginaire qui doit tout ou presque à New York. Suivront une cinquantaine de romans où l'on croise les personnages de Steve Carella, Teddy, sa femme sourde-muette, Bert Kling, Meyer Meyer, Cotton Hawes, Hal Willis et pas mal d'autres. Le lecteur apprend à s'attacher à ces hommes et ces femmes, avec leurs vies qui s'écrivent au fil d'intrigues classiques, toujours bien menées, et qui finissent par dessiner un fascinant portrait de l'amérique des années 50 aux années 80. Dans ses bon moments, McBain vaut bien Hammett, Chandler ou Goodis. Une écriture séche, nerveuse, qui vise à l'essentiel. Sens du rytme, habileté dans la construction d'intrigues croisées, humour et humanité, vérité des dialogues, sont quelques unes des qualités maitresses de l'oeuvre de McBain.

Sur sa grande saga, il déclarait lors d'un portrait pour ARTE :

C'est une histoire de crime et de châtiment, depuis cinquante ans en Amérique. Je vois ça comme un seul livre avec des chapitres, chaque roman est un chapitre d'un seul grand livre.


Si vous n'êtes pas familiers de ces univers de série noire, Ed McBain est une introduction parfaite. Bien écrit, agréable et rapide à lire, l'intégrale des chroniques du 87e a été récemmlent éditée chez Omnibus.

Pour en savoir plus : le site officiel et un site de fan.

06/07/2005

Un petit coin de parapluie

C'est le Canard Enchaîné qui « découvrit » Georges Brassens, sous la plume de René Fallet. C'est cet article plein de verve et qui pourrait inspirer nos actuels critiques musicaux, qui sert de prologue à Brassens par Brassens de Loïc Rochard.
medium_1035_brassensparbrassens.jpg
Extraits :

La grandeur de la chanson, l'avantage qu'elle a, c'est qu'on l'emporte toujours avec soi. On l'a en soi. On la reçoit aujourd'hui, demain on l'apprend, après demain on la sait, et puis on l'emporte. Et, chaque jour, on se la redit un peu. Vous vous en servez ensuite dans tous les évènements qui vous arrivent. Si vous êtes heureux, vous vous servez de cette chanson pour amplifier votre bonheur. Si vous êtes malheureux, vous vous en servez pour accroître votre chagrin. Mais elle est toujours présente, elle vous sert constamment selon vos états d'âme.


Tiens, Brassens connaissait les i-pod, les radios-blog et les échanges de fichiers musicaux sur Internet.

Je crois que pour parler en public, il faut être ou très con ou très intelligent. N'étant ni l'un, ni l'autre, j'ai des difficultés.
 

Tiens, Brassens connaissait les blogs.
 
Le livre 

03/07/2005

Coup de chapeau

Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.

medium_apollinairechat.jpg