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05/02/2008

Nuit et brouillard

Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit dans le camp, qui a fait de ma vie une longue nuit, sept fois maudite et sept fois scellée. Jamais je n'oublierai cette fumée. Jamais je n'oublierai les petits visages des enfants, dont je vis les petits corps se changer en rubans de fumée sous un ciel bleu silencieux.
Jamais je n'oublierai ces flammes qui ont consumé ma foi pour toujours.
Jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m'a privé, pour toute l'éternité, du désir de vivre. Jamais je n'oublierai ces moments qui assassinèrent Dieu et mon âme et réduirent mes rêves en cendres. Jamais je n'oublierai ces choses, quand bien même je serais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu Lui-même. Jamais.

La nuit – Elie Wiesel

Éditions de Minuit

14/03/2007

L’histoire des Gauches en France

Je viens de refermer la dernière page du second tome du gros pavé de L’histoire des Gauches en France. Livre somme dirigé par Jean-Jacques Becker et Gilles Candar aux éditions la Découverte. C’est un brillant voyage à travers un peu plus de deux siècles d’idées, de luttes, d’hommes et de femmes, des différents courants et mouvements qui ont composé les Gauches françaises. Car bien avant d’être un temps « plurielle », la Gauche en France a toujours pris de multiples visages. Révolutionnaires de 1789, 1792, 1794, 1830 et 1848 ; bonapartistes un temps, défenseurs de la République en 1851, membres de la Commune en 1871, socialistes, radicaux, communistes, anarchistes, situationnistes, syndicalistes… Vaste monde !

Cet ouvrage long mais d’une lecture aisée et prenante visite toutes les familles, s’attache aux grands moments constructeurs de grands mythes : l’affaire Dreyfus, le combat laïque, le front populaire, la Résistance, mai 68, l’Union de la Gauche… Les grandes figures défilent, Jaurès et Blum entre autres pour un cours de rattrapage pour candidat ignorant, comme les grandes idées, du marxisme inévitable à la laïcité indispensable en passant par les utopies du XIXe et celles de mai 68, encore, pour conclure sur un portrait contrasté de l’homme de gauche en l’an 2000.

Je suis plutôt content d’avoir terminé cette lecture enrichissante avant les élections. C’est toujours utile de savoir un peu d’où l’on vient. D’autant que les nombreux auteurs de cette histoire ne sont en rien dogmatiques et n’hésitent pas, au fil des chapitres, à pointer les contradictions, renoncements, impasses et glissement des gauches. Ainsi le bon vieux débat entre révolution et réforme est aussi vieux que la notion de gauche elle-même. Il est au cœur de la scission historique de 1920 entre socialistes et communistes et semble toujours vivace aujourd’hui à suivre les dernières péripéties politiques. Plutôt réformiste moi-même, je note que l’essentiel des avancées, je veux dire des avancées réelles qui constituent depuis deux siècles l’identité que ce que j’appellerais le camp progressiste, ont été rendus possibles par l’alliance d’une grosse dose de réformiste (et donc de compromis) avec une pointe de grand soir. Mais juste une pointe.

Bon, je ne sais pas trop comment ça va tourner en avril-mai. Depuis quelques années, on a le sentiment qu’une page se tourne mais qu’elle a du mal à le faire. Que les Gauches, l’institutionnelle autour du Parti Socialiste et la radicale autour des mouvements altermondialistes qui peinent à s’unir, ont du mal à bien saisir ce monde qui bouge trop vite et à l’accompagner comme aux grandes heures. Mon vieux fond optimiste me pousse à penser que ça va se tasser et puis, sans recul, on y voit que dalle. Dans l’attente, lecteur chéri, je ne saurais trop te conseiller cette saine lecture de ces deux tomes qui trouveront une place de choix dans toutes les bibliothèques de goût. Même celles qui ne sont pas spécialement à gauche.

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Une critique dans Lire

Un long article dans les clionautes

Le livre

01/04/2006

Peuple et gouvernement

Je viens de commencer un gros pavé historique : L'Histoire des Gauches en France (éditions La Découverte). Je ne suis pas encore assez avancé pour vous en parler vraiment, mais je suis tombé sur cette citation de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1793 qui m'a semblé entrer en résonance avec ce qui se passe aujourd'hui :

Article 14. Le peuple est le souverain ; le gouvernement est son ouvrage et sa propriété ; les fonctionnaires publics sont ses commis. Le peuple peut, quand il lui plaît, changer son gouvernement et révoquer ses mandataires.

Article 19. Dans tout état libre, la loi doit surtout défendre la liberté publique et individuelle contre l’autorité de ceux qui gouvernent. Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon et le magistrat corruptible est vicieuse.

 

Ca laisse rêveur.