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30/08/2007

Live in Dublin

On ne l'arrête plus ! Bruce Springsteen a mis beaucoup de temps avant de se décider à sortir un disque « live ». Pour une carrière commencée à l'aube des années 70, il aura fallu attendre 1986 et Bruce Springsteen and the E-street band Live, 1975-1985 pour avoir un premier enregistrement officiel de ses performances scéniques. Il faut dire que, d'une part, Springsteen était sceptique sur la capacité d'un disque à rendre l'incroyable énergie de ses concerts, d'autant que ceux-ci s'étalaient fréquemment sur plus de trois heures quand ce n'étaient pas quatre. Et nombre d'entre eux possèdent un petit quelque chose de spécial, une histoire qu'il se plaît à raconter, un inédit, une reprise, une version alternative, un morceau de bravoure, bref, difficile de faire une synthèse. De fait, l'album live fera cinq 33 tours (3 CD) et décevra beaucoup de fans. Parce que, d'autre part, les concerts du Boss restent les plus piratés de l'histoire du rock. Parfois même avec l'approbation de leur auteur qui saluait lors d'une mémorable performance radiodiffusée de la tournée 78, « The bootlegers from radio land ».

Néanmoins, l'exercice semble avoir convaincu Springsteen puisqu'il récidive en 1993 avec l'enregistrement du concert donné pour MTV, Unplugged, tonique mais moyen ; puis lors des retrouvailles avec le E-street band en 2001 pour le Live in New-York City brillant de mille feux, puis en 2003 pour un concert humide et électrisant à Barcelone, sortit en DVD. Aujourd'hui, il capte d'entrée l'énergie festive de son expérience avec les Seegers Sessions pour un Live in Dublin qui restitue l'un des concerts données avec les merveilleux musiciens des sessions.

L'album coupe le souffle de bonheur. Nous sommes ramenés aux premières années, quand Springsteen jouait avec David Sancious et les Miami Horns. Il y a une pêche incroyable, une vitalité, un bonheur de jouer communicatif. Comme à son habitude, Springsteen revisite certaines anciennes chansons dans le ton du moment. Il faut entendre ses versions endiablée d'Atlantic City ou l'ancêtre Blinded by the light pour mesurer sa capacité de fraicheur vis à vis de son oeuvre. Côté inédits et reprises, nous avons droit à une version étonnante du standard When the saints goes marchin' in qui tire plutôt du côté de ce qu'il a fait avec If i should fall behind, à plusieurs voix et dans un registre d'émotion soutenue.

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Enchâssé au milieu de toutes ces merveilles, American land.

American Land, c'est du grand Springsteen. Dans la lignée de The river, Born in the USA ou The gost of Tom Joad. Une chanson emblématique inspirée par un poème d'Andrew Kovaly intitulé He lies in the American Land. Elle avait été dévoilée dans une édition spéciale de l'album des Seegers Sessions et prend ici toute son ampleur. Springsteen adopte la première personne pour dessiner le portrait d'un homme ordinaire et de son histoire qui évoque en filigrane un état de l'Amérique. Aussi virulente que ses oeuvres les plus engagées, Américan land est un hymne à l'immigration et à son apport à la vie et l'histoire de son pays. C'est aussi un réquisitoire carré contre toutes les frilosités, toutes les peurs de l'autre. En ces temps « d'immigration choisie » et « d'identité nationale », voici une chanson à méditer. Comme un hymne, comme un cri de rage, comme un message d'espoir et de combat. En quelques strophes, Springsteen illustre le rêve américain, la médaille et son revers, les espoirs fous qu'il a suscité et la réalité qui attendait tout un chacun à Ellis Island, le prix que tant de générations venues des quatre coins du monde ont payé pour lui donner corps. Quand il parle de l'acier qui a construit les citées du nouveau continent, il me rappelle la réplique de John Wayne dans Quiet man (L'homme tranquille) de John Ford, qui joue un immigré irlandais ayant grandi à Pittsburg : "dans un brasier si chaud que l'homme en oublie sa terreur des feux de l'enfer". Au passage, il rappelle non sans humour qu'il est lui aussi issus de l'immigration, Zirelli état le nom de jeune fille de sa mère, italienne.

c'est enlevé sur une mélodie folk entraînante avec fifres et guitares déchaînées, façon Pogues à leur meilleur. Le style convient à la formation avec laquelle il a enregistré le titre. Mais Springsteen aimant changer le style de certains morceaux, je brûle de savoir ce que ça va donner avec le E-street band.

Parce que figure-vous, contrairement à ce que laissaient entendre de méchantes rumeurs, c'est repartit pour un tour. En effet sort en octobre un nouvel opus dont ce que l'on a entendu nous semble bien balancé, Magic. Plus de détails et les titres en cliquant sur l'image. Il y aura une date en France, en décembre. Quand je vous disais qu'on ne l'arrête plus...

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 Le CD Live in Dublin

Le DVD Live in Dublin

Le CD Magic 

American land - En concert

Udine, Italie le 4 octobre 2006 avec The Seeger Sessions Band. Le son est terrible, l'image guère mieux, mais il y a toute l'énergie d'un concert du Boss.
 

28/08/2007

American land - Paroles

What is this land of America, so many travel there
I'm going now while I'm still young, my darling meet me there
Wish me luck my lovely, I'll send for you when I can
And we'll make our home in the American land

Over there all the woman wear silk and satin to their knees
And children dear, the sweets, I hear, are growing on the trees
Gold comes rushing out the river straight into your hands
If you make your home in the American land

There's diamonds in the sidewalks, there's gutters lined in song
Dear I hear that beer flows through the faucets all night long
There's treasure for the taking, for any hard working man
Who will make his home in the American land

I docked at Ellis Island in a city of light and spire
I wandered to the valley of red-hot steel and fire
We made the steel that built the cities with the sweat of our two hands
And I made my home in the American land

There's diamonds in the sidewalk, there's gutters lined in song
Dear I hear that beer flows through the faucets all night long
There's treasure for the taking, for any hard working man
Who will make his home in the American land

The McNicholas, the Posalski's, the Smiths, Zerillis too
The Blacks, the Irish, the Italians, the Germans and the Jews
The Puerto Ricans, illegals, the Asians, Arabs miles from home
Come across the water with a fire down below

They died building the railroads, worked to bones and skin
They died in the fields and factories, names scattered in the wind
They died to get here a hundred years ago, they're dyin' now
The hands that built the country we're all trying to keep down

There's diamonds in the sidewalk, there's gutters lined in song
Dear I hear that beer flows through the faucets all night long
There's treasure for the taking, for any hard working man
Who will make his home in the American land
Who will make his home in the American land
Who will make his home in the American land

25/08/2007

Larcenet au travail

Et cet homme a très bon goût, c'est Springsteen en fond sonore !

 

22/08/2007

Le pôle meurtrier

La littérature de voyage a toujours nourri mon imagination. Récits d'explorateurs, carnets de voyages, trajets surhumains, j'adore ça et éprouve une fascination toute particulière pour les explorations polaires. Celle du capitaine Robert Falcon Scott ajoute une dimension tragique à ces épopées humaines. L'histoire de l'expédition de 1910-1913 menée par Scott dans le but d'atteindre le Pôle Sud est l'histoire d'un échec sublimé par le sacrifice de ses acteurs. Et le récit qui nous en est parvenu est d'autant plus touchant qu'il est constitué d'un ensemble de notes prises au jour le jour et que Scott a tenu jusqu'au bout. Les carnets de son journal seront retrouvés sur son cadavre congelé. Scott et ses quatre compagnons étaient arrivés au pôle, le 17 janvier 1912 pour y découvrir que le norvégien Amundsen les y avait précédés d'un mois. Certainement déçus, ils se remettent en route avec le moral en berne et des conditions climatiques qui se dégradent rapidement. La petite caravane, qui tire elle même son traineau, s'affaiblit rapidement. Evans le premier décline, sa raison le lâche et, après une syncope, il meurt au pied du glacier Beardmore. La température descendant plus que prévu (aux environs de -40°C), le gel mord les hommes et le plus touché, Oates, perd l'usage de ses pieds et de ses mains. A bout, il finit par sortir de la tente en plein blizzard, se sacrifiant pour ses camarades. En vain. Scott, Wilson et Bowers n'en peuvent plus et le temps s'acharne contre eux. Impossible de marcher contre un vent debout du nord. Des dépôts de vivres et de carburant jalonnent leur piste, mais ils sont trop faibles pour parcourir les kilomètres nécessaires. Finalement, à moins de vingt kilomètres du dépôt « One ton camp » qui aurait pu les soulager, sans plus de combustible ni de vivres, ils sont cloués dans leur tente par un terrible blizzard. Ils y resteront au moins dix jours avant la dernière entrée du journal de Scott, si poignante : « C'est épouvantable, je ne puis en écrire plus long. R.Scott. Pour l'amour de Dieu, occupez vous des nôtres. ». Ils seront retrouvés par une équipe de secours six mois plus tard.

Contrairement à nombre de récits de voyage écrits à postériori et revus à partir de notes ou de souvenirs, Le Pôle meurtrier est un document brut, avec ses répétitions, ses indications techniques (température, latitude, longitude, etc.), ses manques et ses erreurs dues à leur prise immédiate (interprétation de faits modifiés par la suite, difficultés rencontrées, tragique de la situation finale). Le récit nous donne le portrait d'un homme très anglais, un peu raide, certain de prendre les bonnes décisions (ce qui sera discuté par la suite) mais complètement habité par sa passion. Cette passion des espaces à conquérir qui faisait l'étoffe des explorateurs de ce temps. Espaces dans lesquels ils avaient le sentiment de s'accomplir en tant qu'hommes et gentlemen pour la plus grande gloire de leur pays. Si la déception se laisse lire entre les lignes à la découverte de la victoire du norvégien, Scott essaye de donner le change dans son journal et de se montrer fair-play. Je ne sais sur quelles bases on raconte qu'il avait été profondément vexé d'être arrivé second. De même le récit du retour est une suite de moments d'inquiétude, de désespoir mais aussi d'espoir lorsqu'ils arrivent à un dépôt ou que les conditions atmosphériques s'améliorent quelque peu. Passé un moment, Scott ne cache pourtant plus qu'ils sont sans doute condamnés mais, jusqu'au bout, il ne semble pas considérer cette fin comme un échec, mais comme un exemple. C'était une autre époque.

La mort de Scott fit grand bruit à l'époque, allant jusqu'à éclipser la victoire méritée d'Amundsen. Le Pôle meurtrier fut édité en France dès 1914 chez Hachette avec des photographies splendides dues à Herbert G. Ponting. Cette expédition comprenait de nombreux membres en plus des cinq hommes qui atteignirent le pôle, dont de nombreux scientifiques. C'est peut être l'une des clefs de l'échec final de Scott. Amundsen était venu pour gagner une course et mit les moyens nécessaires pour ce faire. L'expédition de Scott était tout autant destinée à arriver le premier au Pôle qu'à effectuer de nombreuses recherches. Lors du retour, les hommes épuisés firent une halte dans le glacier de Beardmore pour collecter des échantillons de roches qu'ils trainèrent avec eux quasiment jusqu'au bout.

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Photographie prise le 17 janvier 1912 au Pôle. De gauche à droite : Wilson, Scott et Oates (debouts), Bowers et Evans (assis). Source Wikipedia (domaine public).

Le livre

Article sur Transpolair, les expéditions de Scott

Article sur Wikipedia (en anglais)

17/08/2007

Keep on playin' drummer !