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23/06/2008

Première

Un évènement. La couverture du premier volume de la fameuse Série Noire. La môme vert de gris de Peter Cheney traduction de Marcel Duhamel. Au dos, une publicité pour les stylos Reynolds, histoire de donner envie aux aspirants romanciers. Le bouquin, je l'ai lu, bien sûr, mais je n'en ai quasiment aucun souvenir, Peter Cheney ne m'a jamais excité, mais c'est pour l'Histoire.
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19/06/2008

Eloge des 35 heures

Tiens, dans les pages rebond de Libération, un bel article de Jean Viard sociologue, directeur de recherches CNRS au centre de recherche politique de Sciences-po (Cevipof). Un article qui nous change agréablement des litanies actuelles sur le « travailler plus ».

 

« Ainsi, maintenant, après avoir étudié, travaillé et dormi, il nous reste près de 60 % de notre temps de vie de disponible pour autre chose, contre 20 % avant 1914 : là est la grande révolution économique, sociale et culturelle du XXe siècle. C’est pourquoi on peut aujourd’hui «se réaliser dans son travail», y compris les dames - et le contrat de travail, quand il est à durée indéterminée, est aujourd’hui plus protecteur pour les mamans que le contrat de mariage. N’oublions pas que cette France des 35 heures est aussi celle des deux enfants par femme dont 57 % naissent hors mariage. Donc, nous sommes face à un enjeu fondateur de notre avenir, où se lient productivité du travail horaire (où nous sommes leaders mondiaux), objectifs collectifs de production (voulons-nous travailler, produire et polluer par exemple autant que les Etats-Unis ?), l’équilibre de nos vies entre travail salarié, famille, action éducative auprès des enfants, temps à soi, sommeil, temps citoyen ».

 

Ca fait plaisir à lire.

16/06/2008

Hotel

Carte postale publicitaire pour le Grand Hôtel de Pardigon dans le Var. Editions Plaisance, tabacs à Cavalaire-sur Mer. Palmiers et cactus, lignes délicates et blanches de la belle époque. Un côté proustien au soleil du midi.
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13/06/2008

Manchette, le journal 1966 - 1974

Dévoré rapidement le Journal de Jean-Patrick Manchette 1966-1974. Enfin, il serait plus réaliste d'écrire 1968-1974 car Manchette commence à remplir ses cahiers le 29 décembre 66 et ne fait que quelques entrées en 1967. J'ai un sentiment de réticence face aux journaux intimes. En fait je crois en avoir lu très peu. Je préfère les mémoires. Je trouve paradoxal de tenir un journal dit intime quand on sait qu'il sera lu et donc perdra ce caractère intime. Du coup, je me pose toujours la question de la sincérité et du calcul. Manchette annonce clairement la couleur, il écrit pour être lu. Et il fait d'ailleurs lire ses cahiers à sa femme. A un autre moment, il avoue ne pas se sentir capable d'écrire sur ses sentiments, notamment à l'égard de sa famille. Il pose également des limites en ce qui concerne son couple. C'est honnête.

Ceci posé, cette lecture est remarquablement prenante parce qu'elle donne à voir de l'intérieur la construction d'un romancier. Ce journal est ouvert quand Manchette a 24 ans. Il est déjà marié à Mélissa et a un enfant, Tristan, futur Doug Headline responsable aujourd'hui de la publication du pavé. En 1966, Manchette n'est pas encore l'homme qui va révolutionner le polar français. Il vit difficilement de petits boulots, déjà proches de la littérature (scénarios pour Max Pecas et pour la télévision, courts-métrages pédagogiques, synopsis et adaptation). Il a encore envie de faire carrière dans le cinéma en « écrivant de [sa] plume ». La période considérée le voit écrire ses premiers romans noirs, L'affaire N'Gustro d'après l'affaire Ben Barka, Ô dingos, Ô chateaux !, Nada et Morgue pleine. Il se lance dans la traduction et travaille toujours régulièrement pour le cinéma, multipliant les contacts avec les réalisateurs Claude Chabrol, qui adapte Nada en 1973, Jean-Pierre Mocky et Yves Boisset qui travailleront sur Ô dingos, Ô chateaux. La collaboration avec Mocky sera un désastre et Boisset finit par faire le film avec l'aide de Sébastien Japrisot. Parallèlement, Manchette poursuit sa formation en lisant une incroyable quantité de livres (beaucoup de romans noirs, de science fiction, de fantastique et d'ouvrages politiques) et en voyant une grande quantité de films à la télévision comme au cinéma. On le sent petit à petit se détacher de l'envie du cinéma pour se retrouver à l'aise avec celle de la littérature noire. L'expérience du film Mésaventures et décomposition de la compagnie de la danse de la mort dont il écrit le scénario à partir de 1968 l'amène à reconsidérer une carrière de mise en scène. C'est Jean-Pierre Bastid qui le réalise. L'expérience est un désastre et le film ne sortira jamais. Un peu plus tard, quand Claude Berri lui parle de diriger l'adaptation de Ô dingos, Ô chateaux !, Manchette ne se sent pas et refuse. Encore plus tard, définitivement romancier, il avouera qu'il n'aurait pas eu la patience ni l'énergie nécessaire à un tournage. L'envie d'être tranquille et complètement maître de sa création.

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Son journal comprend de longues listes des films et livres qu'il voit, revoit, lit et relit. Les appréciations sont souvent lapidaires (« Merdeux », « Sublime », « Très bien fait »...) et parfois, il développe son opinion, posant les bases de sa conception de la littérature, de la politique et du cinéma. Ainsi du film Ice de Robert Kramer qui lui fait une forte impression et qu'il analyse en profondeur sous l'angle politique. Il a une nette prédilection pour le cinéma américain de la grande époque hollywoodienne, 1920-1960 grossièrement, révélant l'une de ses sources majeures d'inspiration (les films de Hawks, Boetticher, Fuller, Aldrich, Ford aussi) et posant les bases de sa théorie critique qu'il illustrera lors de ses chroniques à Charlie Hebdo (regroupées dans Les yeux de la momie). Il considère que ce cinéma de l'Age d'or ne peut plus être fait car il correspond à celui d'une nation (les USA) alors en pleine expansion triomphante. La beauté de ce cinéma naît du mouvement conquérant de l'idéologie qu'il illustre. Le cinéma se révèle pour lui incapable d'accompagner la période de troubles et de doutes des années 60 et 70, condamné au mieux à copier les grands anciens. Tout ceci ne l'enthousiasme guère, même s'il reste ouvert au cinéma de son temps et qu'il apprécie outre Kramer, des films de Truffaut, Chabrol et quelques autres. C'est souvent féroce, parfois décontenançant quand il fait la fine bouche devant Peckinpah tout en appréciant Little big man d'Arthur Penn. Il n'est pas resté jusqu'à la fin du Peau d'Âne de Jacques Demy. La succession des nombreux films vus à la télévision m'a fait un drôle d'effet parce que passé 1970, je commençais à retrouver des titres que j'avais sans doute vus enfant au même moment comme Les pirates du rail de Christian Jaque en février 1971.

Outre son intense activité culturelle, le journal rend compte de sa non moins intense activité professionnelle. Sa capacité de travail est impressionnante, ce qui ne l'empêche pas de piétiner la valeur travail en tant que telle. On le sent acharné à réussir, multipliant les indications de rentrées et de sorties d'argent, les calculs savants, les plans soigneusement mis en oeuvre. Ce n'est pas tant pour la réussite en elle même que pour assurer, sa véritable obsession, le confort de sa famille et son indépendance. S'il donne finalement peu d'indications sur l'écriture même de ses oeuvres, il relate fidèlement les temps de travail, les démarches et rendez vous, les collaborations, les rencontres liées à son activité. Défilent Véra Belmont, ADG, Jean-Pierre Mocky, Claude Chabrol, Jean-Pierre Bastid, Marlène Jobert, Bernadette Laffont qui lui donne dans un bar une brique en liquide pour un scénario. Heureuse époque.

Plus lourdes parfois sont ses analyses politiques, quoique le mot ne rende pas compte de l'étendue de son champ d'observations. Car Manchette observe son époque : Mai 68, le Vietnam, Pompidou, Le Chili, l'URSS, l'Espagne de Franco, les grèves, le terrorisme, les guerres du proche-Orient... Non sans humour, mais sans cacher une certaine douleur, il constate la contradiction entre ses positions proches des anarchistes et des situationnistes qui l'amènent à souhaiter la révolution et l'effondrement du monde dominé par les systèmes capitalistes et communistes ; tout en ne voulant pas renoncer à sa carrière ni à ce bien être qu'il se bat pour obtenir à sa famille. Ses analyses de textes politiques et philosophies sont un peu, un tout petit peu, petit peu pénibles. Mais il ne perd que rarement son sens de l'humour. Plus amusantes, plus édifiantes aussi, sont les coupures de journaux, ici reproduites, qu'il colle pour illustrer la bêtise du monde. Une historiographie convaincante qui garde souvent sa pertinence aujourd'hui. Hélas.

Reste la part intime. Difficultés relationnelles avec ses parents, amour pour sa femme et son fils, problèmes de santé déjà et de fatigue souvent, détails domestiques comme ses démêlés avec sa voiture. Il les mentionne sans s'y attarder. Reste que sa façon récurrente d'écrire tout simplement combien il aime sa femme est véritablement touchante au sein d'une écriture mordante et parfois féroce.

A lire évidemment avec, en complément, le numéro 11 de la revue Temps noir, comprenant photographies de jeunesse (c'est pas gai Malakoff), le scénario de Mésaventures et décomposition de la compagnie de la danse de la mort, quelques autres inédits et des entretiens avec le grand homme. Et puis tous ses livres.

 

Manchette dans La boutique

Sur le site Fabula avec extraits

Sur le site Causeur

Le site Manchette

09/06/2008

La petite fille à bougé

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05/06/2008

Ballaciner

"Ballaciner, tomber du ciel de nuage en nuage au milieu des éclairs"

Je n'avais jamais rien lu de Jean-Marie Gustave Le Clezio. Je n'étais pas tenté. Mais il est de Nice et, quand j'ai su que Ballaciner, son nouveau roman, parlerai de ses séances de cinéma de jeunesse, je me suis dit qu'il y aurait sans doute des choses intéressantes à lire par rapport à mon projet Cher Nanni....

Son livre se présente comme une suite de chroniques sur ses rapports au cinéma, les liens et différences entre cinéma et littérature, son parcours de cinéphile et, d'un point de vue niçois, c'est assez limité. Il y a surtout d'excellentes pages sur le ciné-club Jean Vigo et le portrait de Gaby, la monteuse des studios de la Victorine, une amie de sa grand-mère. Et puis un paragraphe sur la salle monumentale de l'Escurial. Et voilà.

Le gros du livre révèle surtout une cinéphilie assez classique des intellectuels de sa génération : Antonioni, Ozu, Vigo (évidemment), Mizoguchi, Ray (Satyajit), Bergman, Dreyer, Pasolini... J'avoue que j'ai parcouru ses textes sans véritablement accrocher, même pour des cinéastes que je connais et apprécie, même quand il raconte une nuit passée dans la chambre d'Ozu (ce qui doit être quelque chose). Je pensais au livre de Claude-Jean Philippe, La nuit bienfaisante, dans lequel je m'étais immergé avec délice, je suis ici resté en surface, distant. Philippe embrasse le cinéma dans sa totalité et conserve une continuité entre ses séances d'enfances, ses passions adolescentes et ses goûts d'adulte. Chez Le Clezio, j'ai eu le sentiment de ruptures, d'une cinéphilie un peu élitiste. Il y a pourtant des ouvertures intéressantes sur le cinéma indien, iranien et coréen, notamment deux entretiens avec Park Chan-wook et Lee Chang-dong qui terminent le livre, mais il exprime un violent ressentiment à l'égard du cinéma américain qui me semble excessif et réducteur quoique l'on puisse penser d'Hollywood. Le Clézio n'est certes pas Manchette qui ne jurait (presque) que par la forme classique hollywoodienne. Il ignore aussi complètement d'autres cinématographies, chinoise ou anglaise par exemple. Et puis deux ou trois choses trop rapides comme de retrouver Franck Capra en réalisateur de comédies musicales. Ceci dit un tel ouvrage est forcément subjectif et je respecte ses choix à défaut de les partager tous. Les meilleures pages sont encore celles de son enfance, avec les projections à la maison quand il tournait la manivelle du Pathé Baby, des pages qui appellent lointainement celles de Bergman dans Lanternae Magicae.

Le livre.

Un article plus enthousiaste.

Un autre article plus enthousiaste.

03/06/2008

So long road runner

01/06/2008

Haute tension

Clin d'oeil à mon ami le Dr Orlof qui explore en ce moment le polar dans sa bibliothèque idéale, une publicité trouvée dans un vieux Série Noire pour le magasine Suspense, le magazine à haute tension. James Cain, Mickey Spillane, David Goodis, de grands noms du genre. Recto et verso.

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