31/03/2009
La Retirada (photographies)
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30/03/2009
La Retirada
La Retirada signifie "retraite" en espagnol. Le mot est plus spécifiquement associé à l'exode des républicains espagnols vers la France, à l'hiver 1939, après la chute de Barcelone le 26 janvier. Franco est vainqueur, Madrid tombe le 28 janvier et le gouvernement républicain fuit au Mexique. De la Catalogne, en quelques semaines, ce seront près de 500 000 réfugiés qui passeront la frontière dans les Pyrénées. Les fascistes sur les talons, les espagnols pensent arriver chez un allié bienveillant. Mais en 1939, le Front Populaire n'existe plus et la France n'est pas préparée à un tel afflux de réfugiés. Les espagnols sont « accueillis » avec réticence et improvisation. Le gouvernement construit en hâte quatre camps que, par une ironie de l'histoire, ils nomment « camps de concentration » expliquant fièrement que ce ne sont pas des prisons. Les conditions y seront très dures, d'autant qu'une vague de froid aggrave la situation de ces gens, civils et militaires, hommes femmes et enfants, qui ont tout perdu et ont du jeter aux postes frontières leurs armes. Sur la plage d'Argelès sur mer, par exemple, il fallu dormir dans le sable les premiers temps.
Cet épisode des camps, outre sa forte charge symbolique compte-tenu de l'époque, restera dans la mémoire des républicains espagnols comme une épreuve humiliante ajoutée à la défaite. Et une forte désillusion sur la patrie des droits de l'homme. Cela n'empêchera pas certaines solidarités, ni l'engagement de certains républicains dans la Résistance et les FFI. Cela ne dois pas occulter l'attitude méprisante des geôliers français (A un officier français, un soldat espagnol déclare : « Ne soyez pas si fier, vous serez les prochains ») ni que ces camps débouchèrent pour certains républicains sur un transfert dans des camps plus « classiques » comme Buchenwald.
La Retirada, le livre édité par Actes Sud, est une œuvre à plusieurs voix. Celle de Josep Bartoli, un dessinateur, soldat républicain, qui trouvera avec son crayon la force de lutter encore. Celle de son neveu, Georges Bartoli, dont les parents vécurent aussi cette épreuve et qui est interrogé par Laurence Garcia et livre une réflexion sur la mémoire et le destin de ces réfugiés qui finirent par s'établir en France, souvent en prendre la nationalité et déboucher un champagne amer lors de la mort de franco en 1975. Les dessins de Josep Bartoli sont d'une force et d'une originalité peu commune, comme la vie de cet homme, dessinateur de presse, combattant engagé du côté des anarchistes et dont la femme, enceinte, périra dans un train bombardé alors qu'il tentait de passer en France. Ses dessins réalisés dans les camps traduisent sa douleur et celle son peuple. Sa rage aussi face à l'attitude des français inconscients du péril qui guette. Bartoli s'évadera, passera finalement au Mexique où il deviendra, entre autres, un ami de Frida Khalo. Il restera a jamais un combattant anti-franquiste. Comme son frère, le père de Georges. Face à ces modèles, ce dernier poursuivra leur engagement en devenant journaliste, reporter photographe et s'intéressera à d'autres peuples réfugiés comme les kurdes ou les palestiniens.
Éclairant une page peu glorieuse de notre histoire (il en reste, on en trouve tous les jours), le livre rappelle aussi que le siècle des extrêmes a été un long combat, au delà des luttes entre états, entre une certaine forme de barbarie et ceux qui se dressèrent devant elle pour un pays « qui est tous les pays à la fois et aussi celui de la liberté ». Il s'inscrit dans la lignée du très beau « Les soldats de Salamine » de Javier Cercas et cette idée du combat obstiné et toujours recommencé.
Le livre
Un article sur l'histoire de la Retirada
Sur nopasaran36, un article sur la Retirada et les camps avec de nombreuses photographies.
07:14 Publié dans Saines lectures | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : josep bartoli, laurence garcia, georges bartoli, dessin, espagne | | del.icio.us | Facebook
03/05/2008
Tarjeta postal
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02/09/2006
Les soldats de salamine, un récit réel
Les soldats de Salamine de l'espagnol Javier Cercas est un livre assez étonnant. Non pas de la littérature remarquable mais une forme originale. C'est un « récit réel », trois histoires vraies en fait, et puis aussi l'histoire du livre en train de se faire. Une histoire presque vraie elle aussi.
C'est d'abord l'étrange aventure de Rafael Sanchez Mazas, écrivain, poète, aristocrate, intellectuel, fondateur de la Phalange, ce groupe d'inspiration fasciste qui sera des plus actif dans le déclenchement du coup d'état de Francisco Franco en 1936 et qui, plus tard, sera l'un des piliers du régime. Sanchez Mazas, lui, vivra la guerre planqué à l'ambassade du Chili de madrid assiégée, puis après une tentative rocambolesque, sera prisonnier à Barcelone et fusillé dans les dernières semaines de la guerre civile. Mais il survit à son exécution, s'échappe à la faveur de la confusion, se cache et est alors découvert par un soldat républicain. Celui-ci lui jette un long regard et, en réponse à un appel de ses camarades dit : « Par ici, il n'y a personne ». Puis il s'en va. Sanchez Mazas mourra en 1966 sans être devenu un grand écrivain.
C'est ensuite l'histoire de Javier Cercas, journaliste ayant renoncé à la littérature, qui entend cette histoire, la creuse, en se disant qu'il y a quelque chose à comprendre dans le regard du républicain au phalangiste. Il enquête et, petit à petit sent un livre naître en lui, poussé par son amie, Conchi, que l'on imagine bien sortie d'un film d'Almodovar, et par un écrivain chilien exilé. Cercas tâtonne, découvre, hésite, raconte par le menu son travail de réflexion qui aboutit au texte central : les soldats de Salamine. Mais le texte est bancal, c'est à dire qu'il est bien écrit mais que sa conclusion mélancolique, amère, laisse une impression d'inachevé. Il faut une troisième histoire.
Ce sera celle de Miralles, apprenti tourneur catalan, recruté à 18 ans par l'armée républicaine. Il fera tout la guerre sous le commandement du fameux général Lister. Il devient communiste. Il est sur l'Ebre, à Teruel, à Belchite. En 1939, il passe en France, se retrouve dans le camps de concentration pour républicains espagnols d'Argeles, s'engage dans la légion étrangère. La France entre en guerre, et Miralles part dans l'aventure folle de Leclerc, traverser la moitié de l'Afrique pour créer la France libre. Miralles sera de toute cette guerre aussi, L'Afrique, la Normandie, il entre dans Paris avec la 2eme DB le 24 août. « Gualajara », « Teruel », « Madrid » étaient parmis les noms des premiers blindés à enter dans la ville. Il saute sur une mine en Autriche mais survit et devient un paisible retraité. Petit à petit, Cercas comprend qu'il est le véritable héros et en vient à croire que, peut être, c'est lui le républicain qui a épargné Sanchez Mazas. Cercas est au bout de sa quête littéraire et humaine.
« [...] Je vis Miralles marcher à travers le désert de Lybie vers l'oasis de Murzuch, jeune, déguenillé, poussiéreux et anonyme, brandissant le drapeau tricolore d'un pays qui n'est pas le sien, d'un pays qui est tous les pays à la fois et aussi celui de la liberté et qui n'existe que parce que lui et quatre maures et un noir ne cessent de le brandir, tout en continuant à marcher de l'avant, de l'avant, toujours de l'avant. »
Ca fait du bien.
Rencontre avec les traducteurs du livre ICI.
Une chanson : Ya sabes me paradero
07:35 Publié dans Saines lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Espagne, littérature | | del.icio.us | Facebook
19/07/2006
Anniversaire
Les hommes ne meurent que pour ce qui n'existe pas
André Malraux
L'espoir
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23/06/2006
Voix endormies
L'écrivain Dulce Chacon est morte trop tôt, en 2003, mais elle aura eu le temps de terminer son ultime livre, Voix endormies (La voz dormida), et d'apprécier son énorme succès public et critique en Espagne. Un livre qui conclut une oeuvre engagée dans laquelle la mémoire de la guerre civile espagnole tient une place primordiale. Un livre qui sera sortit à point au moment où le pays a entrepris d'affronter son passé, de faire le deuil enfin, après 35 années de dictature franquiste et une longue période où un voile de silence gêné était de rigueur. Voix endormies donne la parole à une demi-douzaine de femmes. Syndicalistes, républicaines, communistes, simples citoyennes, elles payent le prix de la défaite dans les prisons et face aux pelotons d'exécution de Franco. Elles s'appellent Elvira, Pepita, Hortensia, Reme, Tomasa et ont souvent pris les armes pour lutter aux côtés de leurs frères, leurs pères, leurs maris, leurs amants. Et souvent sont tombées à leurs cotés.
Elle s'était déjà habituée à parler à voix basse. Non sans effort, mais elle s'y était habituée. Et elle s'était aussi habituée à ne pas se poser de questions, à accepter que la défaite s'enfouisse au fond, au plus profond d'elle-même, sans demander la permission, et sans donner d'explications. Et elle avait faim, et froid, et elle avait mal aux genoux, mais elle ne pouvait pas s'arrêter de rire.
Elle riait.
De 1939 aux années 60, elle devront surmonter l'humiliation de la défaite, la prison, la torture, l'exil et la mort de leurs proches. Elles devront apprendre à lutter autrement, à transmettre leur engagement républicain à travers les années sombres et à garder l'espoir d'un futur meilleur. Écrit avec pudeur, fougue et simplicité, le livre de Dulce Chacon redonne une voix vibrante à celles qui lui ont raconté, à voix basse encore, leur histoire. Une histoire de courage et de mémoire. Elle fait revivre certains évènements peu connus. L'exécution des 13 roses, 13 mineures exécutées en représailles de l'éxécution d'un officier le 4 août 1939 à la prison de Las Ventas. La guérilla communiste qui se poursuivit jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale avec l'espoir que les vainqueurs de Mussolini et de Hitler viendraient s'occuper de Franco. L'épisode du Val d'Aran, en 1944, ultime tentative d'envergure de la guérilla qui échoua piteusement.
A partir d'un long travail d'investigation, Dulce Chacon a bâtit une trame dramatique enchevêtrant les intrigues dans lesquelles chacune de ces femmes illustre un aspect de la condition de toutes les femmes républicaines espagnoles. Avec deux figures marquantes : Hortensia, la femme qui allait mourir, obtenant un sursis pour que son enfant puisse venir au monde et Pepita, la jeune femme aux yeux si bleus, incarnation même de l'esprit de résistance. J'émettrais juste un bémol à ce livre fort, quand bien même l'environnement historique le justifierait, la forte représentation du partit communiste sans critique excessive. Après avoir lu Orwell et vu Loach, j'ai regretté qu'anarchistes et socialistes soient absents de ces pages (mis à part une peu sympathique blonde). Ils avaient sûrement des femmes dans leurs rangs.
Affiche de Sim (Rey Vila) tirée du livre Les affiches des combattant-e-s de la Liberté ! (Éditions Libertaires et les Éditions du Monde Libertaire )
Pistes :
Un extrait (les premières pages)
Un article du Monde Diplomatique
Le livre sur la Boutique
Le site Espana36 sur la guerre civile
06:30 Publié dans Saines lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, espagne | | del.icio.us | Facebook
22/06/2006
Ay Carmela
07:10 Publié dans Morceaux en forme de poire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, espagne | | del.icio.us | Facebook