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30/08/2005

Têtes à Couacs

Parlons un peu musique. J'ai découvert les Boules de Feu sur le site Jamendo, qui fait la promotion et la diffusion de la musique dite libre, c'est à dire sous (en choeur) Créative Commons. Blague à part, ce mouvement me passionne parce qu'il cherche de nouvelles relations entre les créateurs et leur public. Tout n'est peut être pas à prendre avec un sourire béat aux lèvres, mais il y a certainement beaucoup de choses intéressantes qui se passent autour de ça.

Revenons à notre fanfare. Parce que c'est une fanfare. Plus exactement, la Fanfare Médecine de Reims, créée le 21 Avril 1996 par "une poignée de carabins animés par des besoins mélomanes et festifs". Elle comprend une trentaine de membres et, si vous aimez ce style, vivant, drôle, un peu leste et un peu rock, entre Les Têtes Raides et les musiques de film de Kusturica, ça devrait vous plaire. En tout cas, la première fois, cela m'a donné la pêche pour la journée.

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Si j'ai accroché si vite, outre l'immédiateté de leur musique, c'est à cause de leur répertoire franchement orienté cinéma. Jugez en : Amarcord, Au Service Secret de sa Majesté (oui, oui, Bond James en fanfare, c'est quelque chose !), Porque Te Vas, Chat Noir, Chat Blanc (ben tiens) et le Kikidonc, qui m'a ramené à de lointains souvenirs puisqu'il s'agit de la musique de la célèbre Séquence du Spectateur.

Rayon reprises, les Boules de Feu font preuve d'un goût certain avec des versions enlevées de Téquila, standart rock increvable, Salade de Fruits, Mon Amant de la St Jean et une variation gratinée sur l'air de Mourir pour des Idées de Georges Brassens (Y'a des pt'its culs à la fanfare, à la fanfare, y'a des pt'its culs... ça aurait plu à l'amateur de chansons paillardes qu'était Brassens).

Mais il y a encore quelques compositions originales tout à fait à la hauteur, notamment le Sanglier's time sur le dernier opus. Encore des faux paresseux, tout ceci me laisse accroire qu'ils ont de l'ambition pour leur musique. Le mieux, c'est d'aller écouter, si toutefois vous aimez les fanfares qui ne sont pas coincées du cornet à piston. Les Boules de Feu, fanfara mingi de foc, ont deux albums à leur actif, un troisième en préparation.

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28/08/2005

Musique libre au cinéma

C'est une information que j'avais sous le coude depuis un moment. Une salle de cinéma, « Le Strapontin » à Saint Bel dans la région lyonnaise, diffuse lors de ses entractes de la musique libre, c'est à dire sous les fameuses licences Créative Commons, ou licences Art Libre. l'idée est généreuse et originale. Lorsque la musique passe dans la salle, une diapositive informe sur le groupe qui la joue. C'est bête comme l'oeuf de Colomb, mais je trouve ça frais. Et puis, c'est tellement plus intelligent que de passer de la publicité. Et pour ne rien vous cacher, ça m'a donné des idées...

26/08/2005

Lectures d'été (suite et fin, hélas)

Je connais mal Simenon. Ou plutôt, je le connais de façon oblique, à travers les nombreuses adaptations cinématographiques de ses romans (sans parler des Maigrets télévisés, période Jean Richard). Pour mémoire et parmi les plus réussis : Panique de Duvivier, Les Inconnus Dans La Maison de Decoin, La Nuit du Carrefour de Renoir, Mr Hire de Lecomte, En Cas de Malheur d'Autant Lara, L'Horloger de Saint-Paul de Tavernier...

Je le connais aussi via sa fameuse correspondance avec Fellini regroupée dans le livre : Carissimo Simenon - Mon cher Fellini aux éditions des Cahier du Cinéma. Et puis, il y a la légende, celle de l'homme aux aux 400 livres et aux 10000 femmes, le second chiffre étant quelque peu exagéré.

J'ai suivi le conseil : Si un jour vous rencontrez, sur le quai d'une gare ou dans une librairie, un ouvrage de Georges Simenon, n'hésitez pas, vous pourriez tomber sous le charme. J'ai donc, acheté L'Homme Qui Regardait Passer Les Trains, un roman peu connu qui suit de l'intérieur le parcours du hollandais Kees Popinga, sorte de tueur psychopathe raté. Une histoire sombre, à l'atmosphère typique de l'auteur, qui s'achève sur cette phrase : Il n'y a pas de vérité, n'est-ce pas ?

Cet été, je suis tombé sur un volume de chez Gallimard, avec la couverture aux petites étoiles vertes. C'est un roman de 1940, L'Outlaw, que j'ai peut être acheté parce qu'il évoque le western. Mais ça n'a pas grand chose à voir. C'est encore une histoire très sombre, celle d'un polonais, Stan, exilé à Paris pour des motifs politiques et qui, au bout de son rouleau, dénonce un gang de truands polonais, eux aussi et hauts en couleurs, dont la spécialité est l'assassinat à la hache de paysans dans des fermes isolées. Là encore, le roman est raconté de l'intérieur du personnage principal, englué dans sa misère, ses obsessions et sa folie qui se résoudra en drame. L'autre personnage, tout aussi fascinant, c'est Paris. Le Paris des années 30 et 40. Un Paris encore largement populaire, noir, violent et impitoyable. Le Paris aujourd'hui disparu des halles, des hôtels borgnes (quoique ça, ce soit resté), de la Samaritaine, des policiers en gabardine, des tout petits bistrots où l'on peut manger de l'andouillette aux heures les plus avancées de la nuit. Je pensais alors à cette phrase de Prévert : La vie est tout de même une chose bien curieuse pour qui sait observer entre minuit et trois heures du matin.
 
Le livre 

15/08/2005

Lecture d'été (suite)

Je trouve toujours remarquable de tomber sur des phrases, comme ça, écrites des dizaines de décennies en arrière, et qui sonnent si juste pour nos préoccupations d'aujourd'hui.

Une fois, en Russie, j'ai entendu jouer du Mozart dans une usine. Je l'ai écrit. J'ai reçu deux cent lettres d'injures. Je n'en veux pas à ceux qui préfèrent le beuglant. Ils ne connaissent point d'autre chant. J'en veux au tenancier du beuglant. Je n'aime pas que l'on abime les hommes.

 

Terre des hommes - Antoine de Saint Exupéry - Gallimard 1939

08/08/2005

Lecture d'été

Il y a des livres qui, lorsque vous parcourez les rayons d’une librairie, semblent vous lancer un appel aussi muet qu’irrésistible : « achète-moi, tu ne regretteras pas ».

Cela peut tenir à une couverture, une illustration, une couleur, un titre, un format, une texture lorsque les doigts l’effleurent, une odeur, si, si, car les livres ont leur odeur bien à eux.

Bref, lors de ma dernière visite à l’un de mes libraires favoris, le Passeur de l’Isle, à l’Isle sur Sorgues, dans le Vaucluse, j’ai reçu ce genre d’appel de la part de Titanic et autres contes juifs de Bosnie d’Ivo Andric, prix Nobel de littérature en 1961 que j’ignorais totalement.

Le livre est une sorte de compilation de courtes histoires autour de la communauté juive bosniaque, dix récits qui dessinent un siècle d’histoire, depuis l’occupation Austro-hongroise du XIXe siècle jusqu’à la tempête nazie déclenchée en 1941. L’évocation du cimetière juif de Sarajevo, qui ouvre le livre, synthétise cette histoire que l’auteur déchiffre sur les pierres tombales, depuis le souvenir des origines espagnoles (les Sephardim furent chassés d’Andalousie au XVe siècle) jusqu’aux sèches inscriptions de 41-42, ultimes traces avant le grand silence.

Au fil de ces histoires sensibles, tragiques comme le destin de ce peuple, mais non dénuées d’humour et sans complaisance pour les travers de la communauté, on rencontre Mordo Atias, le pharmacien peu loquace dans sa microscopique boutique, Salomon Atias et sa difficulté à exprimer la gratitude des juifs au consul de Napoléon, Mento Papo, le malheureux patron du « Titanic », bistro misérable de Sarajevo, la jeune et belle Rifka, amoureuse malheureuse de l’agent des eaux et forêts Ledenik. Et il y a mon personnage préféré, Lotika, émouvante femme au soir de sa vie, qui a lutté sans succès pour améliorer le sort de sa famille et qui se sent envahie par l’âge et la lassitude. Trop d’espoirs déçus. Elle a pourtant, dans le registre de l’humour, cette répartie admirable, apprenant que son neveu favori vient de rejoindre le parti socialiste :

Il est devenu socialiste ! So-cia-lis-te ! Comme si ce n’était pas suffisant d’être juif. O grand Dieu, Dieu unique, qu’ai-je fait pour que tu me punisses ainsi ? Socialiste !

 

Ca m’a fait rire.

Titanic, ce sont ainsi dix portraits riches en humanité et d’un style élégant, direct et imagé. Ce sont dix arches élancées d’un pont, de ces ponts de Bosnie « Comme le message solitaire d’un monde lointain et lumineux » (Editions Belfond)

Le livre 

02/08/2005

Enervé

Repris d'Inisfree.

Ca devient de plus en plus difficile d'aller voir un film dans une salle d'un grand circuit de façon sereine. Voilà que l'on nous matraque, avec images sombres et musique lourde le message : Pirater nuit gravement à la santé du cinéma. Slogan à l'instigation du Bureau de Liaison des industries Cinématographiques (BLIC). Slogan réducteur, culpabilisant, franchement énervant. Pourquoi dans les salles de Cinéma ? Ceux qui verront le message sont quand même ceux qui font l'effort, la démarche, de se rendre dans une salle et de payer leur ticket non ? Alors qui cherche t'on à toucher ? Pourquoi ne pas diffuser ces spots à la télévision ? C'est bien là, derrière leur home cinéma, leur écran cathodique, que se trouvent ceux qui sont susceptibles d'être concernés.

Mais c'est sans doute trop réfléchi pour les gens du BLIC. Il vaut mieux nuire à la santé du cinéma en transformant les halls en confiseries, en augmentant le prix des places, en ouvrant des multiplexes, en programmant des films indignes de ce nom, en bombardant de publicité la première partie de séance, en ignorant les courts métrages, en favorisant les films pop corn, en jouant le jeu de ceux qui sortent des grosses productions avec plus de mille copies en France, en méprisant la diversité des cinémas, en s'asseyant sur la culture et en méprisant le public.

Et merde, là, je l'avais dit que j'étais énervé.