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22/12/2005

Une Dépêche de l'AFP de ce matin

Extrait principal :

PARIS (AFP) - Dans un véritable coup de théâtre, les députés ont adopté peu avant minuit, contre toute attente, des amendements légalisant les échanges de fichiers sur internet via le système "peer to peer" (P2P) lors de l'examen du projet de loi controversé sur droit d'auteur.

Après une bataille de procédure menée par l'opposition de gauche soutenue pour la première fois par les centristes de l'UDF, l'Assemblée nationale a adopté, contre l'avis du gouvernement, deux amendements identiques en ce sens, présentés l'un par le député UMP Alain Suguenot et l'autre par les députés socialistes par un vote à scrutin public par 30 voix pour dont 22 UMP et 28 voix contre.

Ces amendements à l'article premier du projet de loi, étendent à l'internet les exceptions pour copie privée en prévoyant en contrepartie une rémunération des artistes. Cela revient à autoriser le téléchargement sur internet des usages non commerciaux.

21/12/2005

Aimé Cesaire

Je suis venu tout récemment à Aimé Cesaire via Gaston Keljman et son livre « Je Suis Noir et Je N'aime Pas le Manioc » qui le cite fréquemment. De Cesaire, je connaissais le nom mais ni l'homme ni son oeuvre. Martiniquais, Maire de Fort de France pendant 56 ans, poète, député et rapporteur de la loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane Française, Martinique et la Réunion, des Départements Français en 1946, créateur de la revue Tropiques, théoricien de la négritude, communiste lucide donc démissionnaire, homme de théâtre, patriarche respecté, il est aussi l'homme qui vient de refuser de recevoir Nicolas Sarkozy. Total respect comme on dit à Juvisy.

 

Au moment où, après la crise des banlieues et la mauvaise digestion par la France de son passé colonial, le débat revient vivement sur les valeurs fondamentales de notre république, la parole de Aimé Cesaire est précieuse.

 

Il s'agit de savoir si nous croyons à l'homme et si nous croyons à ce que l'on appelle les droits de l'homme. A liberté, égalité, fraternité, j'ajoute toujours identité. Car, oui, nous y avons droit.

 

 

Ces paroles sonnent juste. Coïncidence, vient de sortir un livre « Nègre je suis, Nègre je resterais », livre d'entretien avec Françoise Vergès, réunionaise, professeur de science politiques à l'université de Londres et vice-présidente du Comité pour la mémoire de l'esclavage. Sur ce sujet :

 

La réparation, c'est une affaire d'interprétation. Je connais suffisamment les occidentaux : alors mon cher, combien? Je t'en donne la moitié pour payer la traite. D'accord ? Tope-là » Puis c'est fini, ils ont réparé. Or, selon moi, c'est irréparable.

 

Le livre s'achève sur une postface qui rattache les écrits de Cesaire à notre actualité et aux problématiques de la postcolonisation. De quoi réfléchir. Cesaire fait partie de ces hommes que nous avons eu la chance d'avoir et de conserver. Je pensais à cela après avoir vu le film sur Ben Barka et acheté le texte de la pièce de théâtre que Cesaire a écrite autour de Lumumba : « Une Saison au Congo ». Deux hommes progressistes, démocrates, intelligents, qui ont été éliminés par des pouvoirs imbéciles et violents. Deux hommes rares qui ont manqué. Aimé Cesaire est bien là. J'ai commencé son recueil de poésies « Les Armes miraculeuses ». Une poésie aux images fortes, riches et colorées. Une poésie violente et sensuelle aussi :

 

Mes yeux d'encre de chine de Saint-Pierre assassiné

Mes yeux d'exécution sommaire et le dos au mur

Mes yeux qui s'insurgent contre l'édit de grâce

Mes yeux de Saint-Pierre bravant les assassins sous la cendre morte.

 

En savoir plus le site de l'exposition organisée par l'Unesco. Un autre site avec des extraits de « Carnet du retour au pays natal », son oeuvre phare.

 

20/12/2005

Détournement

Je vous ai parlé de ce projet de loi sur le droit d'auteur qui doit être examiné demain par l'Assemblée Nationale et contre lequel consommateurs, associations et petites entreprises du libre se sont mobilisées. A ce jour, la pétition en ligne a reçu 115694 signatures qui ont été déposées hier par les responsables. Vous pouvez suivre leur action en temps réel sur le site EUCD.info. Ce projet est redoutable , comme les précédents et, sans doute, ceux qui viendront derrière, parce qu'il vise à un contrôle de la consommation culturelle. Drôle d'atelage que ces deux mots. Mais derrière les enjeux économiques, c'est bien une question tout à la fois philosophique, politique et morale qui se dissimule : la culture est-elle est produit comme les autres ? Les grandes industries culturelles veulent réduire la personne humaine sensible aux pratiques artistiques (sans notion de qualité sinon on en sort pas) à un consommateur qui paye et ne pose pas de question. C'est pour cela qu'ils veulent, à l'ère du numérique, contrôler nos pratiques et notamment ce qui en fait partie intégrante : l'échange. Sans cette notion d'échange, on réduit drastiquement les possibilités de découverte, de création, d'éducation et l'on s'abandonne à la tyrannie de l'argent-roi, vecteur de censure économique. Faudrait-il abandonner les formidables possibilités du numérique et de l'Internet parce qu'une poignée de grosses sociétés refusent de voir leurs énormes profits écornés ? Certainement pas ! "No pasaran sous les fourches caudines". Il faut rester vigilant et combattif. Ce n'est pas à nous de nous adapter, mais à eux de trouver de nouvelles formes de séduction.

 

Un joli détournement de la lamentable et insultante campagne du SNEP.

 

Un article de L'Expansion et un autre de l'Express  pour en savoir plus 

 

09/12/2005

Ne pas oublier...

... De fêter le centenaire de la loi sur la laïcité (elle en a grand besoin). Et pour ce faire, un peu de Prévert :

Je suis athée

A comme absolument athée
T comme totalement athée
H comme hermétiquement athée
É accent aigu comme étonnamment athée
E comme entièrement athée


J.Prévert (Paroles)

08/12/2005

Non au projet de loi DADVSI !

D'ici la fin de l'année, l'Assemblée Nationale revient à la charge sur un sujet qui metient à coeur et examinera le projet de loi « droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information » (DADVSI de son petit nom). Cet examen sera fait en procédure d'urgence. Ce projet, sous influence des grosses sociétés de l'informatique et du divertissement est une menace directe aux logiciels libres comme aux formes culturelles refusant le flicage généralisé des fichiers numériques (films, musique, texte, photographies). Si ce projet est adopté en l'état, les conséquences sociales, économiques, stratégiques et démocratiques seront importantes. Ces conséquences frapperont tout utilisateur de données numériques dans sa sphère privée, personnes physiques (vous et moi) comme morales (associations, sociétés, administrations). A titre personnel, j'ai signé la pétition demandant le retrait de l'ordre du jour parlementaire de ce projet de loi. Cette pétition a été lancée le 2 décembre 2005 par l'initiative EUCD.INFO qui informe depuis trois ans sur les conséquences prévisibles du projet de loi DADVSI. L'initiative lancée le 2 décembre invite tout citoyen à interpeller les députés et les responsables politiques afin de leur faire comprendre les dangers de ce projet de loi. Pour en savoir plus, visitez le site de EUCD-Info.


Pétition demandant le retrait de l'ordre du jour parlementaire du projet de loi DADVSI

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre,

Le gouvernement a déclaré l'urgence sur le projet de loi DADVSI (Droits d'Auteur et Droits Voisins dans la Société de l'Information – n°1206, http://www.assemblee-nationale.fr/12/dossiers/031206.asp), qui devrait transposer la directive EUCD (European Union Copyright Directive – 2001/29CE).

Ce projet de loi doit être présenté à l'Assemblée Nationale au cours de deux séances de nuit rapprochées, à la fin du mois de décembre 2005.

Au vu de l'importance des enjeux de ce texte sur la vie quotidienne de millions de citoyens et d'utilisateurs de données numériques, des conséquences sociales, technologiques, économiques et géo-stratégiques qu'il entraînera, et des conditions de sa rédaction, un tel délai est manifestement insuffisant.

Depuis près de trois ans les membres de l'initiative EUCD.INFO (http://eucd.info), ainsi que de nombreuses associations, informent, rencontrent et débattent pour expliquer les graves conséquences qui pourraient découler d'une transposition a minima de la directive EUCD en droit français. Or le projet de loi 1206 va bien plus loin que cette directive.

Par ailleurs, les débats autour de ce texte ont été étouffés sous couvert d'expertise. Les avis contraires aux intérêts des multinationales ont été censurés. Certaines parties comme les PME françaises du secteur des TICS, les auteurs et les utilisateurs de logiciels libres, les internautes ou les bibliothécaires n'ont pas pu contribuer au débat dans les instances de décision. Leurs demandes ont été ignorées et celles soutenues par les représentants d'artistes et les associations de consommateurs ont été rejetées sans réel examen de leur pertinence.

Il risque d'en être de même si le projet de loi est examiné en urgence par les parlementaires.

Par cette pétition, je vous demande donc solennellement de :
- retirer le projet de loi n° 1206 sur le droit d'auteur de l'ordre du jour parlementaire ;
- organiser un vrai débat entre les parties concernées visant à trouver un réel équilibre, et où les associations d'auteurs et d'utilisateurs de logiciels libres, de bibliothécaires, et d'internautes pourront réellement participer;
- faire en sorte que les demandes notamment de l'initiative EUCD.INFO et de l'interassociation des archivistes, bibliothécaires et documentalistes (http://droitauteur.levillage.org) soient prises en compte.

En signant cette pétition, je m'associe aux nombreuses organisations qui s'opposent clairement aux dispositions de ce projet de loi et aux conditions de son élaboration.
 

03/12/2005

Visite orientée

Quelques photographies pour changer un peu. J’ai enfin visité le cimetière du Père Lachaise lors de ma dernière visite à Paris. Mon objectif initial était de voir le mur des fédérés. Je suis passionné par l’histoire de la Commune de Paris, passion réveillée depuis la tétralogie de Tardi et Vautrin. Bref, je voulais voir ça. Et puis, nous avons donc emprunté les allées de cet endroit à l’atmosphère si sereine, un dimanche. Il faisait beau. Mon amie venait d’acheter un appareil numérique et je l’ai donc essayé. Comme fil rouge (!) nous avons suivi les sépultures des acteurs de la Commune, nous étant aperçus que, au-delà de ce fameux mur, ils étaient nombreux enterrés ici. Bien sûr, arrivés devant le mur, les batteries étaient épuisées et je n’ai même pas pu prendre les tombes de Jean Baptiste Clément (compositeur du Temps des Cerises), ni de Wrobleski (général d’origine polonaise qui se battit mieux que quiconque). Saletés de batteries.

 

Voici donc la tombe de Louis Charles Delescluze, membre de la Commune qui finira Délégué à la guerre lors de la Semaine Sanglante et, désespéré, se fera tuer sur la barricade du Château d’Eau.

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Voici celle de Émile Eudes, général de la Commune et blanquiste.
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Celle de Jules Vallès, écrivain et journaliste, inoubliable auteur de L’Enfant, Le Bachelier et de L’insurgé qui relate son expérience de la Commune à laquelle il prit part de manière active.

J'ai toujours été l'avocat des pauvres, je deviens le candidat du travail, je serai le député de la misère ! La misère Tant qu'il y aura un soldat, un bourreau, un prêtre, un gabelou, un rat-de-cave, un sergent de ville cru sur serment, un fonctionnaire irresponsable,un magistrat inamovible ; tant qu'il y aura tout cela à payer, peuple, tu seras misérable !

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Voici celle de Victor Noir, pas à proprement parler un acteur de la Commune mais l’assassinat de ce jeune journaliste par un membre de la famille de Napoléon III contribua à l’esprit du mouvement. Ses funérailles, en 1870 donnèrent lieu à une immense manifestation d’inspiration républicaine. Il y a une légende tenace (et grivoise) autour du gisant sur la tombe. Je vous la laisse découvrir.
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Gustave Flourens, lui, tomba l’un des premiers dès avril 1871. Professeur et élu, jeune général fougueux mais pas forcément très malin, il se fit prendre stupidement et sabrer par un officier de gendarmerie.
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Auguste Blanqui, enfin, ne prit pas part à la Commune car il était en prison à ce moment et Thiers, pas fou, refusa tout échange. Blanqui, c’est le théoricien de la Commune et ses partisans y prirent pleinement leur part. j’ai trouvé touchant cette fleur rouge à son bras.
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01/12/2005

Les petits nouveaux

Comme je l'avais fait il y a quelques temps, je vais faire les présentations avec les liens récents que je vous ai mis sur la gauche. Par ordre d'entrée en scène :

 

Découvert à l'occasion d'un trackback lié à mes préoccupations sur les droits d'auteur dans l'environnement numérique, La Feuille est un blog écrit à plusieurs mains (écrivains, rédacteurs, professeurs...) autour de l'actualité de l'édition traditionnelle comme électronique. De nombreux articles, de fond comme plus techniques, et liens donnent à découvrir et à penser sur les textes d'aujourd'hui et leurs nouvelles formes de diffusion. Actif depuis 2002, le blog tient la distance.

Patrick Allemand, c'est du pur copinage. Patrick est un élu, socialiste et vice président du Conseil Régional Provence Alpes Côte d'Azur. C'est surtout quelqu'un que je connais depuis longtemps et j'ai été ravi de le voir se mettre comme d'autres élus plus connus, au blog. Le sien est une jeune pousse et je suis curieux de voir comment elle va évoluer.

Secret Des Dieux, je vous en ai parlé il y a peu. C'est devenu un incontournable pour moi. Il y a vraiment une qualité d'écriture et de réflexion qui me séduisent. Je suis régulièrement les aventures du monde de l'administration, belle illustration des possibilités feuilletonesques du blog. Et puis il joue bien du piano.

Thierry, nous sommes entrés en contact via Milou, je crois bien. Thierry sur son blog parle de Moebius, Satie, Ravel, Celine, Tati, Eastwood et de sa fille. Petites chroniques toujours illustrées. Un ton, une douceur de vivre.

Vincent Turquois, est un peu dans la même verve. Des livres, des films, de la photographie et de la musique. Là encore un plaisir à faire partager ce qu'il aime. Plaisir qui va un peu plus loin puisque Vincent Turquois donne ses livres. Pas tous, je suppose, mais quelques uns. Il en parle, ils vous plaisent ou vous intriguent ? il suffit de lui demander. Moi qui avait entendu parler des « book crossing », j'ai adoré l'idée.

Pour les suivants, j'ai carrément créé une nouvelle catégorie. En effet; Boulet, comme Frantico (que je vous ai déjà présenté, un classique), Turbo Lapin et Manu Larcenet tiennent des blogs dessinés.

Boulet, je l'ai connu via Pierrot, cinéphile émérite à retrouver via Inisfree. Son blog est une merveille, sophistiqué mais clair et simple d'utilisation. Le dessin est tout à fait dans le style que j'aime, ce qui ne vous apprend pas grand chose, alors le mieux est d'aller visiter.

De Boulet, j'ai appris l'existence du blog de Manu Larcenet. Là, c'est du haut de gamme. Larcenet, c'est rien moins que l'auteur de Le Combat Ordinaire, Le Retour à la Terre, La Légende de Robin des Bois, et beaucoup d'autres. Je n'irais pas plus loin, je vous prépare une note complète sur ce grand artiste.

Du blog de Larcenet, je suis passé à celui de Turbo Lapin. Une dessinatrice, Capucine ! Je ne connaissais pas ses bandes dessinées, j'ai désormais hâte de les trouver. Ses derniers albums : Corps de rêves et le tout nouveau Le Philibert de Marilou. Là encore, inutile de vous en faire des tartines, allez et regardez. Elle n'est pas seule à tenir le blog, tout est bel et beau.

30/11/2005

Au Père Lachaise

Et puisque je parlais du gendre de Karl Marx...

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29/11/2005

Paresse Dada

Comme Fuligineuse, j’ai visité l’exposition Dada au Centre Pompidou à Paris. C’était mi octobre, juste avant les Rencontres, il faisait un temps superbe et quelque part rien que la vue sur Paris dans cette extraordinaire lumière si limpide, ça valait le coup. Sur l’exposition, ça m’a laissé une impression mitigée. J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir des œuvres que je ne connaissais que par des photographies, par leur réputation : Le Fer de Man Ray, la musique d’ameublement de Satie, la Joconde et l’urinoir de Duchamp… La projection d’Entracte de René Clair fait toujours plaisir aussi. Mais, bon, ce qui fait bizarre, c’est de retrouver toutes ces œuvres faites dans un esprit de contestation de l’ordre établi réunies dans une exposition si bien ordonnée. A découvrir tous ces programmes farfelus, ces plaisanteries artistiques, ces affiches en forme de poire, je me dis que leurs auteurs doivent se sentir un petit peu trahis. Qu’aurait-il fallu faire ? Je ne sais pas. Au moins, Que l’esprit qui souffle / Guidera leurs pas. Dans l’espace bibliothèque, j’ai toujours découvert l’Apologie de la paresse, un court texte poétique de Clément Pansaers écrit en 1917 et paru initialement en 1921 aux éditions bien nommées « Ca ira ! » à Anvers, un an avant le décès de son auteur. …

 

...Tout ce qui vit cagnarde

L’homme seul reste forçat

Entends-tu la joie diaphane

Des grands libertaires ?

 

Clément Pansaers a été un artiste inclassable, d’origine flamande mais d’expression française, doué semble-t’il de nombreux talents artistiques : gravure, peinture et poésie. Précurseur et représentant du mouvement dada en Belgique, il a fait preuve d’un bel esprit d’indépendance sur le fond comme sur la forme y compris vis-à-vis des divers mouvements artistiques de l’époque. Ainsi cet écrit qui puise ses racines tout autant dans Lautréamont pour la liberté d’écriture et l’esprit poétique, que dans l’incontournable Le droit à la paresse de Paul Lafargue (secrétaire et gendre de Karl Marx) pour le fond. S’il a la même puissance iconoclaste que le texte de Lafargue, Il reste pure poésie et une adresse directe à ce qui est pour lui une vertu et qu’il voit tour à tour comme une prostituée, une déesse, un état idéal. Adresse et aussi invitation au lecteur. L’écriture est recherchée et le vocabulaire d’une grande érudition. On sent l’amour des mots à chaque page. L’humour est constamment présent et les images riches comme issues de ces jeux de mots chers à dada comme aux surréalistes. On pourrait penser à de l’écriture automatique si ce n’était la précision gourmande des phrases. Il est bien connu de Lafargue à Corinne Maier que la paresse véritable demande le plus exigeant des travails.

…Je paresse…

Le fier mutisme indifférent du poisson dans l’eau.

La silencieuse insouciance de l’escargot sous la feuillée.

Je sens les arômes de la miellée…

Les arbres déambulent.

Le soleil broute l’herbe.

   
 

Feinte nonchalance. L’esprit se mêle à la forme. Le rythme et les sons choisis des mots embarquent dans une douce rêverie. Je paresse aussi.

25/11/2005

Une page de pub

C'est pour samedi !
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Pour en savoir plus : le site des Casseurs de Pub

24/11/2005

Un peu de musique

Chez Jamendo, un album qui m'a beaucoup plu du groupe Ehma. Une façon de vérifier une nouvelle fonction proposée par ce site remarquable de diffusion de musique sous Créative Commons. Voyez donc sur la droite, vous pouvez accéder à la page Jamendo, télécharger l'album en toute légalité et écouter les différentes pistes.

Les Temps Modernes est le second album de Ehma, une sorte de résumé du travail du groupe car il reprend des oeuvres depuis 1999 jusqu'à 2003. Au programme, du piano et quelques oeuvres plus orchestrée comme Pizzicato (ma préférée) et La berceuse obscure. J'en aime les ambiances délicates qui me font, c'est fatal, penser aux travaux de Yann Tiersen. Même goût pour des univers d'enfance (La Berceuse de Julie), même compositions aux images cinématographiques, même utilisation d'instruments délicats.


17/11/2005

Le secret des dieux

En faisant une recherche, hier, j'ai trouvé un commentaire de Damien rigoureusement identique à celui qu'il m'a laissé sur la note concernant Houellebecq. J'ai trouvé ça drôle et cela m'a permis de découvrir un blog étonnant : le Secret des Dieux que je vous laisse en lien. Vous y trouverez des extraits musicaux au piano (dont un morceau de Ravel que je ne connaissait pas) et je vous recommande ce texte que tout bon bloggueur doit lire.

16/11/2005

Born again

Quand je commence avec Springsteen, c’est difficile de m’arrêter. Juste quelques liens intéressants : Tramps like us est aussi le nom d’un fan club français avec de très nombreuses informations et notamment des photographies de concert, dont celui de Rotterdam en mai 2003 ou je me trouvais (quelle émotion). Et puis je suis tombé sur cet article de Rolling Stone (en anglais), qui revient sur la réédition de Born to Run. Springsteen y déclare : J’avais d’énormes ambitions pour [cet album] Je voulais faire le plus grand album de rock que j’ai jamais entendu. Je voulais qu’il sonne énorme, qu’il vous prenne à la gorge et vous force à faire ce voyage, vous force à faire attention, non seulement à la musique mais à la vie, au fait d’être vivant. (traduction personnelle et donc sujette à caution).

15/11/2005

Tramps like us

Les personnages de Born to Run [...] auraient pu être n'importe qui. J'allais tracer leur vie pendant deux décennies. Les questions fondamentales auxquelles j'ai consacré ma vie apparaissent dans Born to Run.

Trente années depuis que Bruce Springsteen a accouché dans la douleur de l'un des albums essentiels de l'histoire du rock. Un de ces classiques que l'on retrouve dans toutes les listes des indispensables, entre le Blanc des Beatles et Let it Bleed des Stones. En bon fan, j'aurais préféré qu'il fête les trente ans de The Wild, the Innocent and the E-Street Shuffle, mais il est clair que, pour l'Histoire, il y a un avant et un après Born to Run.

 

Dans le Live in New York City, il y a un moment que j'adore. Springsteen vient de terminer Born to Run, la chanson, devant un public immense, clôturant une tournée gigantesque et un concert exceptionnellement intense. Il y a quelques minutes de flottement, la foule gronde. L'homme titube légèrement, comme incrédule, impressionné tout à coup par cette émotion qu'il suscite. Je me suis toujours demandé ce qu'il pouvait bien penser à cet instant là. Une chanson de 4 minutes 31 secondes. 25 ans d'âge à l'époque et toujours la même ferveur. Pensait-il à ce musicien bohème du New Jersey qui, en 1975, après deux albums confidentiels et une étiquette mal appropriée de nouveau Dylan d'un jour, donnait tout ce qu'il avait dans un album plein de filles, de rage, d'espoir et de voitures. Du rock et de l'épopée.

Hey that's me and I want you only
Don't turn me home again
I just can't face myself alone again
Don't run back inside
Darling you know just what I'm here for

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Pas difficile de voir, dans l'ouverture de Thunder Road et cette supplique adressée à Mary et sa robe légère, l'envie dévorante du chanteur pour la musique. Faire partie de la légende, entre Presley, Berry et Orbinson, ses références. Tout l'album peut se comprendre comme la mise en paroles et musiques de ce sentiment d'urgence. Réussir ou crever.

Well I was stranded in the jungle
Trying to take in all the heat they was giving

 

And You're just a prisoner of your dreams
Holding on for your life

 

Et Springsteen d'enchaîner le récit de la formation du groupe, le poids du travail qu'il a vu abrutir et détruire son père (You get to work late and the boss man's giving you hell) l'amitié trahie, l'amour qui donne la force (Standing in that doorway like a dream) les compromis qu'il faudra peut être faire et qui semblent insupportables (Blame it on the lies that killed us) et , par dessus tout, le désir, la rage de s'en sortir, la violence d'un rêve américain retrouvé, un rêve qui ne peut s'accomplir pour lui que par le rock. Born to Run, c'est tout cela et la chanson, Born To Run, qui articule l'album, en est la synthèse.

Together we could break this trap
We'll run till we drop, baby we'll never go back

 

Pas étonnant qu'elle soit devenue l'un des hymnes les plus puissants du rock, un chant implacable, un cri de vitesse et de liberté. Un cri d'espoir. Springsteen a mis six mois pour la mûrir et la développer dans toute son ampleur, six mois pour acquérir la maîtrise de sa formidable énergie. Autour de Federici, Tallent et Clemmons, piliers du E-Street Band, on retrouve aussi, autre forme de synthèse, David Sancious et Ernest « Boom » Carter, venus des formations précédentes. Ils donnent à Springsteen le son qu'il cherchait, qu'il a patiemment élaboré, à la palette colorée, homogène, fougueuse et libre.

Jungleland clôture cet album par une nouvelle pièce épique, ouverture aux violons et piano, écho des plus beaux moments de The Wild, the Innocent and the E-Street Shuffle, long récit choral, empli jusqu'à la gueule d'images venues de l'essence même du rock

Barefoot girl sitting on the hood of a Dodge
Drinking warm beer in the soft summer rain

 

Et doucement, murmurant, sur la pointe des pieds...

And the poets down here
Don't write nothing at all
They just stand back and let it all be
And in the quick of the night
They reach for their moment
And try to make an honest stand
But they wind up wounded
Not even dead
Tonight in Jungleland

 

Born To Run fête ses trente ans par une édition de prestige comprenant l'album remastérisé (attention !) et deux DVD, le premier est le récit de la fabrication de l'album, le second un concert donné à l'Hammersmith Odeon de Londres en 1975. Ca sort le 17 novembre.

J'ai laissé derrière moi mes définitions adolescentes sur l'amour et la liberté. Born to Run est la ligne de démarcation.

 

Paroles : copyright : Bruce Springsteen

 

14/11/2005

Sans commentaires

La persistance d'un chomage élevé, la montée des inégalités, la fragilisation de nos systèmes de protection sociale, la précarisation d'une fraction croissante du salariat nourriraient le découragement collectif, les violences urbaines, l'euro-septicisme, l'extremisme politique et la désaffection à l'égard de la démocratie qui atteignent déjà trop de sociétés européennes.

Le monde comme je le vois

Lionel Jospin

Ed. Gallimard 

10/11/2005

Michel Houellebecq en est un fameux

Mes lectrices et lecteurs me pardonneront, mais je n'ai pu me résoudre à l'emploi de ce « petit vocable de trois lettres pas plus » qui doit être compris au sens de Brassens bien sûr.

Michel Houellebecq , au départ, je ne savais pas trop qui il était. J'avais entendu parler de sa sortie sur l'Islam à l'occasion de son roman « Plateforme », mais c'était quasiment tout. Mais depuis que je fréquente certains blogs, des blogs d'écrivains en particulier, je lis beaucoup de choses sur lui. Des choses négatives et des choses positives, positives au point que certains le considèrent comme l'écrivain de sa génération. Sa génération étant la mienne, j'ai commencé à m'y intéresser sérieusement. Je me suis beaucoup tâté à la sortie de son dernier bouquin, « La possibilité d'une île » mais mon instinct, qui se trompe rarement, m'a retenu. J'ai lu aussi certains de ses textes publiés sur Internet.

 

Et puis, l'autre jour, dans un supermarché, je tombe sur « Rester Vivant » dans une de ces collections à 2€. Je feuillette en attendant à la caisse et tombe sur les deux pages d'un article intitulé : « Jaques Prévert est un con ». Texto. Là, je me suis dit que mon instinct avait été sûr. Prévert, dans mon Panthéon personnel est très haut. Et puis on ne traite pas les gens de « cons » comme cela, la moindre des choses est de dire pourquoi, d'argumenter un minimum. Et là, j'ai trouvé Houellebecq très léger. Qu'il n'aime pas Prévert c'est son droit, mais à partir du moment ou il publie son opinion, il a les devoirs de tout critique qui se respecte. En même temps, j'ai trouvé que son texte révélait pas mal de choses sur lui. Pour commencer, il met en avant le Prévert qui écrit sur les fleurs, les oiseaux et l'amour, histoire de donner une image de légèreté. Il évacue le Prévert social et politique, celui qui écrit sur l'oeuf dur et le poète de La Crosse en l'air. Pourtant, ce dernier texte écrit à chaud lors du début de la guerre d'Espagne est l'une des oeuvres maîtresses du XXe siècle, indispensable pour le comprendre. Un texte dont, il est vrai, il est difficile de trouver l'équivalent aujourd'hui.

 

Houellebecq reproche ensuite à Prévert le réalisme poétique. Le Crime de M Lange, Quai des brumes, Les Enfants du Paradis, tout ça ne plaît pas à Houellebecq. Pourquoi ? On ne sait pas, c'est comme ça. Comme c'est intéressant. Après tout, ce n'est que l'un des mouvements majeurs du cinéma français, voire européen, qui a engendré entre autres le néo-réalisme italien. "Répugnant" dit-il. Je serais curieux de savoir ce qu'il trouve de répugnant dans les yeux de Michèle Morgan. Et dans la foulée, il ignore la veine iconoclaste des films avec son frère Pierre ou le superbe Roi et l'Oiseau réalisé par Paul Grimaut.

Premier indice, Houellebecq met Prévert dans le sac de Brassens et de Vian, sac qu'il estime frappé d'optimisme. Étonnant non ? Cela donne surtout une idée du niveau de noir des sombres pensées de notre auteur.

 

Ensuite, on attaque la forme : Prévert serait un poète médiocre. Plutôt que de vous infliger une longue dissertation, je vous renvoie à un article sympa d'un autre défenseur. Et je vous propose ce petit jeu :

Citation 1 : « Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour. »

Citation 2 : « J'étais seul au volant de ma Peugeot 104; avec la 205 j'aurais eu l'air plus frime. »

Un poète authentique s'est caché derrière l'une de ces citations, saurez vous le reconnaître ? Je sais que c'est facile mais c'est pas moi qui ait commençé. Pour être tout à fait honnête, Houellebecq a quand même écrit des choses plus intéressantes.

On en arrive au fond du problème : Prévert fait de la mauvaise poésie parce que sa vision du monde est « plate, superficielle et fausse ». Parce que c'est un libertaire. Rien que cela. Il aurait fallu aller plus loin. C'est surtout parce qu'il ne partage pas la vision déprimante, sinistre, résignée et cynique de Houellebecq qui sait, lui que noir c'est noir et qu'il n'y a plus d'espoir. D'ailleurs, il vit isolé en Angleterre avec un chien alors que cet andouille de Prévert vivait à Paris avec des chats. Quelle idée.

 

Je pense alors à ces paroles de la chanson « Triste compagne »du dernier et excellent album de Bénabar « Reprise des Négociations » :

Ce n'est pas non plus du spleen pourtant c'est toujours à la mode,
Mais c'est de la déprime qui frime le spleen,

C'est beaucoup trop snob.

 

Houellebecq est dans une posture dépressive (qui ne l'empêche pas de lancer son dernier bouquin comme le nouvel Harry Potter), alors que Prévert croyait en quelque chose de beau et le disait haut et fort dans ses oeuvres. Un poète, ça fait surgir des images et quelle plus belle image pour l'espoir que ces derniers vers :

Et le veilleur s'en va la casquette sur la tête

L'oiseau blessé dans le creux de la main

Le chat de gouttière tient la lanterne

Et il leur montre le chemin

 

Mais, excusez-moi, Prévert ne serait pas un véritable poète. Houellebecq, lui, serait donc le peintre implacable de notre génération, celle des quarantenaires désabusés.

 

Dans Caro Diario, de Nanni Moretti, il y a une scène que j'adore. Moretti est dans un cinéma et sur l'écran quatre personnages gris discutent : « Notre génération.... que sommes nous devenus... tous complices, tous compromis.. » Moretti se lève et les apostrophe : « Vous disiez des choses horribles et violentes, vous avez enlaidit. Je criais des choses justes et maintenant je suis un splendide quadragénaire ». Et moi, je me lève aux côtés de Moretti parce que je me sens aussi un splendide quadragénaire, je suis avec une femme formidable et nous aurons une petite fille en mars et je lui lirais du Prévert :

"Quand vous citez un texte con, n'oubliez pas le contexte"

 

18/10/2005

Horonya

Vous avez envie de musique africaine et vous commencez à vous lasser des dimanches à Bamako ? Horonya est fait pour vous. Ce groupe composé de musiciens de Bamako, justement, tire son nom d'un mot bamanan, une des langues parlée au Mali et qui exprime les principes de Liberté et de Solidarité. Pour les découvrir en toute liberté, vous pouvez les retrouver sur Jamendo à travers leur album Ital Vibes DC, né en février 2004 de la rencontre du groupe Horonya avec l'association de Toulouse O.M.ART, qui soutient des centres d'accueil pour les enfants en difficultés au Mali à travers des manifestations culturelles.

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En l'occurrence, Ital Vibes mêle des instruments anciens comme le N'goni, la Cora ou le Jembé à des sonorités plus actuelles mais sans excès, ce qui conserve un fort parfum d'authenticité aux 9 morceaux qui composent l'album. Les compositions sont enlevées, rythmées avec des échanges de choeurs masculins et féminins. Elles sentent l'Afrique et, bien que je n'ai pas compris un traître mot, dégagent une saine joie de vivre. On est embarqué sur les pistes bordées de baobabs.

Et si vous voulez découvrir d'un coup, d'un seul, tout l'univers de la musique malienne, je vous conseille le site Mali-Music patronné par Ali Farka Touré.

14/10/2005

Les héros sont fatigués

Titre facile, mais depuis que l'on a retiré sa cigarette à Lucky Luke, il n'est plus tout à fait le même. Et Astérix tout mythique qu'il soit devenu, file un mauvais coton. René Gosciny, que son nom soit vénéré, en ayant la mauvaise idée de mourir, a porté un rude coup non seulement au cow boy solitaire (Bien que ce ne soit pas lui qui lui ait retiré la clope de la bouche), mais aussi au petit gaulois moustachu. Astérix de son patronyme, dont le nouvel album sort aujourd'hui avec un matraquage façon Potter ou Houellebecq. Bon, je suis allé feuilleter la chose histoire de voir et bien que je n'attende plus grand chose de la part d'Uderzo depuis les délires du Grand Fossé. J'ouvre donc l'album à la couverture trop lisse et je découvre : un oeuf spatial façon Métal Hurlant (le film), un superman en collants et cape façon Superman, un extraterrestre façon schtroumph violet qui va devenir gigantesque façon Godzilla et une sorte de robot façon Goldorak. Saisi d'épouvante je referme le volume et je vous assure que je n'ai rien bu ni rien fumé avant de me livrer à cette expérience. Tristesse. La seule référence qui me soit venue à l'esprit, c'est le pitoyable Gendarme et les Extraterrestres et ses effets débiles. Comme les concessions faites par Morris au marché américain pour vendre Lucky Luke, on peut s'interroger sur les raisons de la pente fatale ou Uderzo entraîne Astérix. Médiocre scénariste, d'accord. Pas envie de travailler avec quelqu'un d'autre (ce qui réussit parfois à Morris) bon. Sénilité ? Goût du lucre ? Obsession de « faire moderne » ? Revanche du créateur sur sa créature ? Je me perds en conjectures, mais quelque part, je m'en fiche. Je pense à Gosciny, sa modestie et son humour, et je suis triste. Je vais relire Astérix en Corse.

11/10/2005

Bientôt...

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03/10/2005

En librairie

Je me suis rendu dans l'une de mes librairies favorites, ce week end. Dialogue :

- Est-ce que vous auriez les ouvrages de Béatrix Potter ?

- Mais vous plaisantez ? Me dit-elle en désigant une grosse pile d'ouvrages juste sous mon nez

- Non. Béatrix Potter. Pas Harry.

- Oh ! Mon dieu, excusez moi, dit-elle en rougissant.

 

Elle me l'a dit de nouveau deux fois tout en m'emballant "Les Aventures de Pierre Lapin". Vraiment confuse. Donc vraiment une bonne libraire.

A parcourir les rayons et à lire de nombreux blogs, j'ai l'impression qu'il n'y a que deux écrivains en France : Houellebecq et Dantec. Le dernier livre du premier sort un peu comme le dernier Harry Potter. J'ai lu ceci sur le second pour ne pas mourir idiot. Je me suis donc acheté une intégrale de Jean Patrick Manchette.