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06/10/2007

Copinage(s)

Je ne suis pas très assidu sur l'Hispaniola ces derniers temps. Beaucoup de choses à faire. Pourtant, je voudrais bien vous entretenir des derniers albums de Bruce Springsteen et de Stacey Kent, de Jean-Christophe de Romain Rolland que je suis en train de terminer, et du nouvel album de Joe Matt. Ça viendra.

Je prends quand même un peu de temps pour vous signaler deux sorties. Deux livres venus de blogueurs que je fréquente (plus ou moins) assidûment.

Côté bande-dessinée, la sortie de Kaboul disco de Nicolas Wild, sous titré « Comment je ne me suis pas fait kidnapper en Afghanistan ». carnet de voyage bourré d'humour dont vous apprécierez la présentation ICI. Et maintenant, une page de publicité !

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Côté littérature, François Roques, alias Imposture, sévissant Derrière le paravent suédois, sort son premier roman, Le syndrome de Roch. C'est l'histoire d'un homme ordinaire qui découvre qu'il est capable de passer d'une personne à une autre. Point de départ fantastique. Je ne l'ai pas encore lu, je ne lis qu'un livre à la fois mais si c'est aussi bien écrit, aussi drôle et vif que ses billets pour son blog, ça devrait être bien. (Photographie empruntée à son blog).

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Sur Amazon : 

Le syndrôme de Roch

Bonnes lectures.

06/09/2007

Un retour

Brenda Kahn est de retour ! Ou presque... Je vous avait présenté la carrière de cette chanteuse virulente et talentueuse (lien), carrière qui avait brutalement patiné au début des années 2000. Elle a ouvert depuis quelques temps un nouveau site internet avec une petite bio qui explique ses aventures (elle a eu deux enfants !) et donne des nouvelles de sa musique. Vous y trouverez trois chansons à télécharger librement qui montrent que la belle n'a rien perdu de sa voix ni de son énergie. Elle travaille à un nouvel album alors vous pouvez passer et lui laisser un mot d'encouragement.

30/08/2007

Live in Dublin

On ne l'arrête plus ! Bruce Springsteen a mis beaucoup de temps avant de se décider à sortir un disque « live ». Pour une carrière commencée à l'aube des années 70, il aura fallu attendre 1986 et Bruce Springsteen and the E-street band Live, 1975-1985 pour avoir un premier enregistrement officiel de ses performances scéniques. Il faut dire que, d'une part, Springsteen était sceptique sur la capacité d'un disque à rendre l'incroyable énergie de ses concerts, d'autant que ceux-ci s'étalaient fréquemment sur plus de trois heures quand ce n'étaient pas quatre. Et nombre d'entre eux possèdent un petit quelque chose de spécial, une histoire qu'il se plaît à raconter, un inédit, une reprise, une version alternative, un morceau de bravoure, bref, difficile de faire une synthèse. De fait, l'album live fera cinq 33 tours (3 CD) et décevra beaucoup de fans. Parce que, d'autre part, les concerts du Boss restent les plus piratés de l'histoire du rock. Parfois même avec l'approbation de leur auteur qui saluait lors d'une mémorable performance radiodiffusée de la tournée 78, « The bootlegers from radio land ».

Néanmoins, l'exercice semble avoir convaincu Springsteen puisqu'il récidive en 1993 avec l'enregistrement du concert donné pour MTV, Unplugged, tonique mais moyen ; puis lors des retrouvailles avec le E-street band en 2001 pour le Live in New-York City brillant de mille feux, puis en 2003 pour un concert humide et électrisant à Barcelone, sortit en DVD. Aujourd'hui, il capte d'entrée l'énergie festive de son expérience avec les Seegers Sessions pour un Live in Dublin qui restitue l'un des concerts données avec les merveilleux musiciens des sessions.

L'album coupe le souffle de bonheur. Nous sommes ramenés aux premières années, quand Springsteen jouait avec David Sancious et les Miami Horns. Il y a une pêche incroyable, une vitalité, un bonheur de jouer communicatif. Comme à son habitude, Springsteen revisite certaines anciennes chansons dans le ton du moment. Il faut entendre ses versions endiablée d'Atlantic City ou l'ancêtre Blinded by the light pour mesurer sa capacité de fraicheur vis à vis de son oeuvre. Côté inédits et reprises, nous avons droit à une version étonnante du standard When the saints goes marchin' in qui tire plutôt du côté de ce qu'il a fait avec If i should fall behind, à plusieurs voix et dans un registre d'émotion soutenue.

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Enchâssé au milieu de toutes ces merveilles, American land.

American Land, c'est du grand Springsteen. Dans la lignée de The river, Born in the USA ou The gost of Tom Joad. Une chanson emblématique inspirée par un poème d'Andrew Kovaly intitulé He lies in the American Land. Elle avait été dévoilée dans une édition spéciale de l'album des Seegers Sessions et prend ici toute son ampleur. Springsteen adopte la première personne pour dessiner le portrait d'un homme ordinaire et de son histoire qui évoque en filigrane un état de l'Amérique. Aussi virulente que ses oeuvres les plus engagées, Américan land est un hymne à l'immigration et à son apport à la vie et l'histoire de son pays. C'est aussi un réquisitoire carré contre toutes les frilosités, toutes les peurs de l'autre. En ces temps « d'immigration choisie » et « d'identité nationale », voici une chanson à méditer. Comme un hymne, comme un cri de rage, comme un message d'espoir et de combat. En quelques strophes, Springsteen illustre le rêve américain, la médaille et son revers, les espoirs fous qu'il a suscité et la réalité qui attendait tout un chacun à Ellis Island, le prix que tant de générations venues des quatre coins du monde ont payé pour lui donner corps. Quand il parle de l'acier qui a construit les citées du nouveau continent, il me rappelle la réplique de John Wayne dans Quiet man (L'homme tranquille) de John Ford, qui joue un immigré irlandais ayant grandi à Pittsburg : "dans un brasier si chaud que l'homme en oublie sa terreur des feux de l'enfer". Au passage, il rappelle non sans humour qu'il est lui aussi issus de l'immigration, Zirelli état le nom de jeune fille de sa mère, italienne.

c'est enlevé sur une mélodie folk entraînante avec fifres et guitares déchaînées, façon Pogues à leur meilleur. Le style convient à la formation avec laquelle il a enregistré le titre. Mais Springsteen aimant changer le style de certains morceaux, je brûle de savoir ce que ça va donner avec le E-street band.

Parce que figure-vous, contrairement à ce que laissaient entendre de méchantes rumeurs, c'est repartit pour un tour. En effet sort en octobre un nouvel opus dont ce que l'on a entendu nous semble bien balancé, Magic. Plus de détails et les titres en cliquant sur l'image. Il y aura une date en France, en décembre. Quand je vous disais qu'on ne l'arrête plus...

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 Le CD Live in Dublin

Le DVD Live in Dublin

Le CD Magic 

American land - En concert

Udine, Italie le 4 octobre 2006 avec The Seeger Sessions Band. Le son est terrible, l'image guère mieux, mais il y a toute l'énergie d'un concert du Boss.
 

28/08/2007

American land - Paroles

What is this land of America, so many travel there
I'm going now while I'm still young, my darling meet me there
Wish me luck my lovely, I'll send for you when I can
And we'll make our home in the American land

Over there all the woman wear silk and satin to their knees
And children dear, the sweets, I hear, are growing on the trees
Gold comes rushing out the river straight into your hands
If you make your home in the American land

There's diamonds in the sidewalks, there's gutters lined in song
Dear I hear that beer flows through the faucets all night long
There's treasure for the taking, for any hard working man
Who will make his home in the American land

I docked at Ellis Island in a city of light and spire
I wandered to the valley of red-hot steel and fire
We made the steel that built the cities with the sweat of our two hands
And I made my home in the American land

There's diamonds in the sidewalk, there's gutters lined in song
Dear I hear that beer flows through the faucets all night long
There's treasure for the taking, for any hard working man
Who will make his home in the American land

The McNicholas, the Posalski's, the Smiths, Zerillis too
The Blacks, the Irish, the Italians, the Germans and the Jews
The Puerto Ricans, illegals, the Asians, Arabs miles from home
Come across the water with a fire down below

They died building the railroads, worked to bones and skin
They died in the fields and factories, names scattered in the wind
They died to get here a hundred years ago, they're dyin' now
The hands that built the country we're all trying to keep down

There's diamonds in the sidewalk, there's gutters lined in song
Dear I hear that beer flows through the faucets all night long
There's treasure for the taking, for any hard working man
Who will make his home in the American land
Who will make his home in the American land
Who will make his home in the American land

25/08/2007

Larcenet au travail

Et cet homme a très bon goût, c'est Springsteen en fond sonore !

 

22/08/2007

Le pôle meurtrier

La littérature de voyage a toujours nourri mon imagination. Récits d'explorateurs, carnets de voyages, trajets surhumains, j'adore ça et éprouve une fascination toute particulière pour les explorations polaires. Celle du capitaine Robert Falcon Scott ajoute une dimension tragique à ces épopées humaines. L'histoire de l'expédition de 1910-1913 menée par Scott dans le but d'atteindre le Pôle Sud est l'histoire d'un échec sublimé par le sacrifice de ses acteurs. Et le récit qui nous en est parvenu est d'autant plus touchant qu'il est constitué d'un ensemble de notes prises au jour le jour et que Scott a tenu jusqu'au bout. Les carnets de son journal seront retrouvés sur son cadavre congelé. Scott et ses quatre compagnons étaient arrivés au pôle, le 17 janvier 1912 pour y découvrir que le norvégien Amundsen les y avait précédés d'un mois. Certainement déçus, ils se remettent en route avec le moral en berne et des conditions climatiques qui se dégradent rapidement. La petite caravane, qui tire elle même son traineau, s'affaiblit rapidement. Evans le premier décline, sa raison le lâche et, après une syncope, il meurt au pied du glacier Beardmore. La température descendant plus que prévu (aux environs de -40°C), le gel mord les hommes et le plus touché, Oates, perd l'usage de ses pieds et de ses mains. A bout, il finit par sortir de la tente en plein blizzard, se sacrifiant pour ses camarades. En vain. Scott, Wilson et Bowers n'en peuvent plus et le temps s'acharne contre eux. Impossible de marcher contre un vent debout du nord. Des dépôts de vivres et de carburant jalonnent leur piste, mais ils sont trop faibles pour parcourir les kilomètres nécessaires. Finalement, à moins de vingt kilomètres du dépôt « One ton camp » qui aurait pu les soulager, sans plus de combustible ni de vivres, ils sont cloués dans leur tente par un terrible blizzard. Ils y resteront au moins dix jours avant la dernière entrée du journal de Scott, si poignante : « C'est épouvantable, je ne puis en écrire plus long. R.Scott. Pour l'amour de Dieu, occupez vous des nôtres. ». Ils seront retrouvés par une équipe de secours six mois plus tard.

Contrairement à nombre de récits de voyage écrits à postériori et revus à partir de notes ou de souvenirs, Le Pôle meurtrier est un document brut, avec ses répétitions, ses indications techniques (température, latitude, longitude, etc.), ses manques et ses erreurs dues à leur prise immédiate (interprétation de faits modifiés par la suite, difficultés rencontrées, tragique de la situation finale). Le récit nous donne le portrait d'un homme très anglais, un peu raide, certain de prendre les bonnes décisions (ce qui sera discuté par la suite) mais complètement habité par sa passion. Cette passion des espaces à conquérir qui faisait l'étoffe des explorateurs de ce temps. Espaces dans lesquels ils avaient le sentiment de s'accomplir en tant qu'hommes et gentlemen pour la plus grande gloire de leur pays. Si la déception se laisse lire entre les lignes à la découverte de la victoire du norvégien, Scott essaye de donner le change dans son journal et de se montrer fair-play. Je ne sais sur quelles bases on raconte qu'il avait été profondément vexé d'être arrivé second. De même le récit du retour est une suite de moments d'inquiétude, de désespoir mais aussi d'espoir lorsqu'ils arrivent à un dépôt ou que les conditions atmosphériques s'améliorent quelque peu. Passé un moment, Scott ne cache pourtant plus qu'ils sont sans doute condamnés mais, jusqu'au bout, il ne semble pas considérer cette fin comme un échec, mais comme un exemple. C'était une autre époque.

La mort de Scott fit grand bruit à l'époque, allant jusqu'à éclipser la victoire méritée d'Amundsen. Le Pôle meurtrier fut édité en France dès 1914 chez Hachette avec des photographies splendides dues à Herbert G. Ponting. Cette expédition comprenait de nombreux membres en plus des cinq hommes qui atteignirent le pôle, dont de nombreux scientifiques. C'est peut être l'une des clefs de l'échec final de Scott. Amundsen était venu pour gagner une course et mit les moyens nécessaires pour ce faire. L'expédition de Scott était tout autant destinée à arriver le premier au Pôle qu'à effectuer de nombreuses recherches. Lors du retour, les hommes épuisés firent une halte dans le glacier de Beardmore pour collecter des échantillons de roches qu'ils trainèrent avec eux quasiment jusqu'au bout.

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Photographie prise le 17 janvier 1912 au Pôle. De gauche à droite : Wilson, Scott et Oates (debouts), Bowers et Evans (assis). Source Wikipedia (domaine public).

Le livre

Article sur Transpolair, les expéditions de Scott

Article sur Wikipedia (en anglais)

17/08/2007

Keep on playin' drummer !

29/07/2007

Critixman, petit texte

Critixman est né dans les notes du blog de Manu Larcenet. L'ancien puisque le dessinateur a décidé de changer récemment d'adresse. Critixman a tout lu, tout vu et sa parole est sage. Entre mauvais génie et mauvaise conscience, il terrorise un brave dessinateur à casquette complètement perturbé dans son acte créatif par les coups moraux et physiques assénés avec régularité par le super critique.

L'un des aspects les plus fascinants de l'oeuvre de Larcenet, c'est qu'elle se nourrit des questions de son auteur sur son propre travail. Larssinet aux ravenelles, Van Gogh dans les tranchées ou Manu et ses photographies, tous s'interrogent sur leur travail et son sens. Face à leurs commanditaires, familles, galleristes, éditeurs, collègues et bloggeurs qui ne cessent de verser du sel sur les plaies d'une sensibilité à vif, les créateurs sont rongés par le doute et vulnérables à la dépression. Ils sont à la fois anxieux d'avoir un regard extérieur sur leur oeuvre mais se refusent aux jugements légers ou dictés par la mode. Exigeants avec eux-mêmes, ils le sont aussi avec ceux qui font profession de parler d'art et de se posent en juges du beau et du vrai. Vaste problème de la critique, d'autant plus complexe qu'avec l'explosion d'Internet et maintenant des blogs, n'importe qui peut s'ériger en maître à penser. D'une part cela donne accès à un large public à de véritables amateurs autrefois fanzineux passionnés, d'autre part, cela donne un poids inédit à des textes indigents écrits par des charlots sur des plates formes à grande diffusion.

Larcenet n'a pas hésité à intervenir dans le débat critique autour de ses bandes dessinées, au risque des malentendus et des crispations. Critixman est une sorte d'exorcisme défoulatoire, incarnant tout ce qui révulse son créateur dans la critique « officielle » qui peut être arrogante, méprisante, blessante et le parfois stupide. L'exercice est difficile car à double tranchant. Larcenet l'exécute avec son humour habituel et modestie, l'ouvrage étant sortit chez Les Rêveurs. Une pointe d'amertume aussi avec la conclusion radicale. L'une des qualités de ce petit livre est de montrer aussi sans fausse pudeur les ravages psychologiques que la critique peut provoquer chez l'auteur. Je me contente d'espérer que Larcenet est un peu plus blindé contre la bêtise. L'objet est charmant, petit format délicat qui se commande directement chez l'éditeur.

 

Le site des Rêveurs

Chronique sur du9

Chronique sur Bdnews

Chronique sur Chronicart

18/07/2007

Mille sabords !

« La chaîne Borders a retiré Tintin au Congo de ses rayons de littérature pour enfants dans tous ses magasins aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne en raison d'accusations de racisme, apprend-on mardi 17 juillet.
La Commission britannique pour l'égalité des races (CRE) avait recommandé le 11 juillet aux libraires de retirer cette bande dessinée de la vente.
Elle avait été saisie par un client d'un magasin Borders et avait jugé cet ouvrage "délibérément raciste". »
Nouvel Observateur

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« Pour le Congo tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. » Hergé

« Si certaines images caricaturales du peuple congolais données par Tintin au Congo font sourire les Blancs, elles font rire franchement les Congolais, parce que les Congolais y trouvent matière à se moquer de l’homme blanc qui les voyait comme cela »Revue Zaïre (2.12.1969)

« Nègre je suis, nègre je resterai » Aimé Césaire

04/07/2007

L'héritier rock de John Ford

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Photographie source Wikipedia 
 

27/06/2007

The Blues are Brewin

Billie Holiday "Lady Day" & Louis Armstrong
The Blues are Brewin
New Orleans
1947



26/06/2007

Critixman

Aux Rêveurs

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24/06/2007

Le château

« ...et puis la porte se referma. »
Je viens juste de sortir du Château. Ce roman inachevé de Franz Kafka m'a immédiatement fait penser à ce feuilleton fameux des années 60, Le prisonnier avec Patrick McGoohan. Il y a le village, sans nom, aux habitants aux étranges manières. Il y a l'homme venu de l'extérieur qui bouscule l'ordre établi et se revendique en tant qu'être (Je ne suis pas un numéro ! Criait le prisonnier). Il y a les différentes castes : fonctionnaires invisibles, valets, messagers, villageois et une présence au-dessus de tout cela qui n'est pas nommée. Et puis des femmes, parfois aux côtés du héros, parfois travaillant à sa perte. Et puis surtout, cette atmosphère étrange, quasi fantastique, paranoïaque, de cauchemar éveillé, avec sa logique propre et son humour noir qui ponctue les vains efforts du héros.

K. est arpenteur. K. est ce héros sans nom lui aussi. Il arrive au village, engagé par le château, mais il ne semble pas attendu et, rapidement, encore moins désiré. Y a-t'il eu erreur sur la convocation ? K. Va entamer une lutte obstinée et résolue pour faire valoir ses droits. Une lutte complexe pour accéder à l'étrange pouvoir qui règne au château et régit la vie de tous. Un pouvoir qui agit à distance, dont la distance même est la force la plus redoutable. K. ne parviendra pas au château, il ne pourra même pas accéder jusqu'aux fonctionnaires subalternes qui descendent parfois s'occuper de leurs affaires au village. Ironiquement, le roman s'achève alors que K. est sur le point de rencontrer enfin l'un d'eux. Un inachèvement qui parachève cette impression de cauchemar, toujours interrompu au mauvais moment.

Mais l'enjeu n'est pas là. Il est dans la lutte, car K. se bat, courageusement, inlassablement. Il questionne, manoeuvre, refuse, s'affirme. Il parle. Le corps du livre est fait de longues conversations, plutôt des échanges de monologues, entre K. et celles qui sont à la fois ses précieuses alliées et ses meilleures ennemies : les femmes, Frieda qu'il veut épouser après l'avoir séduite, Olga et sa soeur à la terrible destinée, la patronne de l'auberge. Longs échanges où l'on progresse difficilement dans la jungle des mots. Chaque idée est nuancée et précisée avec de multiples précautions.

Le château est fascinant. J'ai aimé me perdre dans les longues tirades de K. et de ses contradicteurs. Il se prête bien sur à de multiples interprétations. Il y a celle liée à la religion, qui me touche donc peu. K. essayerait de s'élever vers la Grâce symbolisée par le château et transcender sa condition d'homme. Il y a la plus évidente critique ironique du fonctionnement de la société, de la façon dont elle pèse sur nos existences. Nous sommes là proche de l'Orwell de 1984 et de La ferme des animaux. C'est une grille de lecture peut être plus pertinente que jamais aujourd'hui où nous nous débattons dans des vies normées, encadrées fichées avec toujours plus d'efficacité et l'illusion (relative ?) de la liberté. On peut également être sensible à la lecture d'une parabole sur le nazisme naissant (le livre date de 1927) et qui rejettera violemment l'oeuvre de Kafka. Ou à une parabole plus large sur le destinée humaine et la solitude comme le sont les autres oeuvres de Kafka.

Mais Le château me semble aussi un grand livre de résistance. Même si Max Brod, l'homme qui fit paraître les ouvrages inachevés, explique en postface que Kafka avait prévu de faire mourir K. pour que son échec soit total. Tel qu'il est, le roman est plus près encore de la vie, toujours irrésolue. L'important est dans le combat ais-je écrit plus haut. K. pourrait partir, quitter le village et ses folies, tenter sa chance ailleurs. Mais non, il choisit en connaissance de cause de rester et de se battre.

J'ai acheté mon exemplaire à Cavaillon, dans un stand de bouquiniste. C'est une jolie édition de 1947, la traduction d'Alexandre Vialatte avec une curieuse couverture de Mario Prassinos. Ce peintre d'origine grecque a illustré Sartre, travaillé avec Vilar à Avignon, il était lié à Queneau, Char et les surréalistes. Je vous montre ça.

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 Le livre

19/06/2007

Invitation

Comme chaque année, l'association Regard Indépendant que j'ai le plaisir de présider organise les Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice. La 9e édition se tiendra du 22 au 27 octobre 2007. Les Rencontres sont une fenêtre de diffusion pour les auteurs régionaux, indépendants, étudiants, amateurs, iconoclastes et artistes de tout poil. C'est également pour nous l'occasion de présenter quelques films que nous avons aimé et qui n'ont pas trouvé le chemin des distributions habituelles. Comme chaque année depuis trois ans, j'ouvre un blog pour l'occasion dans lequel nous mettons, outre les éléments pratiques, toutes sortes d'informations autour de la programmation : entretiens, critiques, documents, photographies, vidéos, etc.

J'ai donc l'honneur de vous convier à l'inauguration virtuelle du blog des 9e Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice ce mercredi 20 juin à partir de 18h30. Au programme, sur cet espace d'échanges, une intervention vidéo de votre serviteur, des courts métrages, une bande annonce, un pré-programme, le visuel 2007 et quelques cacahouètes virtuelles pour que l'illusion soit complète.

A demain.

01/06/2007

Et toutes ses dents...

30/05/2007

Le paradis et les bornés

Je crois que l'on pas encore fini de batailler sur ce qui peut se faire et ne pas se faire via Internet. Ce n'est pas en tout cas avec le nouveau pouvoir en place que l'on va revoir se pointer le bout du nez de la licence globale. Illustration par un petit télescopage personnel (au gré de mes récentes pérégrinations virtuelle) entre deux approches radicalement différentes.

 

D'un côté, Manu Chao, l'ancien chanteur de la Mano Negra, qui sort un nouvel album en septembre. Partisan d'expériences ouvertes et originales, il avait notamment sortit Sibérie m'était contée, livre – CD avec des dessins de Wozniak sortit uniquement en kiosques et librairies en alternative aux grands circuits de distribution de la musique. En avant goût de Radiolina, Manu Chao nous offre cette fois un morceau, Raining in Paradize un premier titre disponible en ligne sur son site officiel, non seulement en écoute mais aussi en fichier téléchargeable gratuitement en format MP3, dans une qualité sonore équivalente aux titres que l'on achète en ligne sur internet. Une autre façon de concevoir son rapport avec le public. S'ouvrant par des sirènes de police hurlantes, le morceau est vif, carré, très rock et politique. Merci.

A l'opposé, de grosses sociétés commencent à se faire de la place sur des plate formes de diffusion de contenu comme Youtube. Ainsi Sony BMG a mis en ligne un peu plus de 1600 vidéos de ses artistes maison dont de nombreuses raretés. Bonne idée. Et parmi elles, une vidéo de Brenda Kahn sur sa chanson I Don't Sleep, I Drink Coffee Instead réalisée par Prudence Whittlesey. Super, mon cher ! Et bien non, pas tant que cela parce que Sony bloque le partage de ses vidéos, à l'encontre de l'esprit qui règne (pour encore combien de temps ?) sur ce genre d'outil. Dommage pour les échanges, la diffusion, les amateurs de Brenda Kahn et ceux qui pourraient être séduits par sa musique. Là où cela énerve un peu, c'est que, comme je l'avais raconté en son temps, Sony avait racheté Columbia où la belle Brenda avait fait son album Epiphany in Brooklyn, puis l'avait lâché en pleine préparation de son suivant. Ce qui ne l'empêche pas aujourd'hui d'exploiter la vidéo et la musique sans plus se soucier de la chanteuse tandis que, cerise sur le gâteau, tout ceci n'est plus disponible sur le site officiel de Kahn. Belle mentalité.

28/05/2007

Broken radio

Des nouvelles du boss en attendant le Live in Dublin prévu pour mi-juin. Le 18 avril 2007, Bruce Springsteen s'est joint au chanteur Jesse Malin pour enregistrer une vidéo de la chanson Broken Radio, leur duo sur le dernier album de Malin, intitulé Glitter in the Gutter.

 

18/05/2007

Un questionnaire

Un questionnaire littéraire auquel j'ai eu envie de répondre, récupéré chez Ludovic (qui lui même avait été sollicité par ailleurs).


Les 4 livres de mon enfance :

Coke en stock de Hergé. Il n'y avait pas que Tintin, mais il y avait beaucoup Tintin

L'Ile mystérieuse de Jules Verne. Le triomphe de l'esprit humain et la possibilité de tout recommencer à zéro. Mon Verne préféré.

Les cinq et le trésor de l'Ile d'Enyd Blyton. J'aime toujours les livres qui racontent un commencement.

2001, l'odyssée de l'espace de Arthur C Clarke. J'avais vu le film et je voulais mieux comprendre. Le livre ne m'a pas beaucoup aidé.


Les 4 écrivains que je lirai et relirai encore :

Shakespeare.

Ernest Hemmingway.

Primo Levi.

Alexandre Dumas.


Les 4 auteurs que je ne lirai probablement plus jamais :

Ian Fleming

James Fenimore Cooper

Alexandre Jardin

André Chénier


Les 4 premiers livres de ma liste à lire :

Jean-Christophe de Romain Rolland. Depuis que j'ai lu Zweig.

Intégrale de Jean Patrick Manchette. (Déjà bien entamée).

La prisonnière de Montezuma de H. Rider Haggard.

Renoir / Renoir ouvrage collectif de la Cinémathèque française.


Les 4 livres que j'emporterais sur une île déserte :

L'Ile mystérieuse de Jules Verne. Ca s'impose.

Tout Franquin. Ne pas oublier de rire.

Hitchcock – Truffaut. Le livre sur le cinéma.

Le décaméron de Boccace.


Les derniers mots d'un de mes livres préférés :

Elle était certaine que, dans les années à venir, Alice garderait son coeur d’enfant, si aimant et si simple ; elle rassemblerait autour d’elle d’autres petits enfants, ses enfants à elle, et ce serait leurs yeux à eux qui deviendraient brillants et avides en écoutant mainte histoire extraordinaire, peut-être même cet ancien rêve du Pays des Merveilles. Elle partagerait tous leurs simples chagrins et prendrait plaisir à toutes leurs simples joies, en se rappelant sa propre enfance et les heureuses journées d’été.

Alice au pays des merveille - Lewis Carroll 

 

Les 4 lecteurs dont j'aimerais connaitre les 4 :

Comme je n'aime rien imposer, les quatre premiers qui le veulent bien.

 

13/05/2007

Sarah Vaughan - Perdido