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02/10/2005

La Grange

Portrait de Karl Dubost par lui-même :

Parfois les gens me demandent : Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Je suis souvent tenté de répondre alors Poète urbain !. C'est une boutade, c'est ironique mais bien plus parce-que je trouve réducteur de définir les personnes par leur profession.

On fait parfois des rencontres étonnantes sur le Net. Je cherchais des photographies sous Créative Commons, comme ça, un peu pour voir et je tombe sur ce site : la-grange.net

Et là, un article à propos des problèmes de droits qu'il y a à photographier la tour Eiffeil la nuit. Bon, je parcours, intéressé et je suis tombé sur un superbe texte autour du droit d'auteur (que je vous recommande vivement, amis bloggueurs) et sur de non moins belles photographies. Je vous invite donc à aller y jeter un oeil. Je lui en emprunte une, avec, je l'espère, son autorisation.

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Rue Saint-Viateur, Montréal, Québec, Canada - 6 février 2005

01/10/2005

Brenda Kahn, la talentueuse disparue

He says i'd grow lemon tree in a desert

days fly past and words fall slow

I'd have me a Mojave winters

I'd never feel lonesome i'd never feel cold


Le nom de Brenda Kahn n'est pas forcément évocateur. Il arrive pourtant que l'on tombe sur un admirateur de la chanteuse. Quelqu'un qui l'a découverte, le plus souvent, à l'occasion de son second album Epiphany in Brooklyn sortit en France en 1993. L'autre jour, je feuilletais un magasine de l'époque et j'y ai trouvé un article sur ce disque, un article élogieux car la presse française l'avait accueilli avec bienveillance, Télérama lui avait même fait l'honneur de son label. Personnellement, c'est une amie qui m'avait passé le disque « Ca devrait te plaire » m'avait-elle dit. Effectivement, j'ai été conquis dès la première écoute et très vite, je me passais en boucle la chanson « In Indiana » que j'aurais adoré utiliser un pour un film (qui ne s'est pas fait mais c'est une autre histoire).

 

The bridge was white in the morning sun

Stepping out of the taxi with a party dress on

 

Il a été plus difficile de se procurer les deux albums qui ont suivi, comme de retrouver le premier Goldfish Don't Talk Back. Brenda Kahn ne perçait pas bien qu'elle ait vitaminé sa musique à l'électrique sur Destination Anywhere en conservant ses textes âpres et poétiques. Je n'ai jamais pu mettre la main sur son dernier opus, Hunger, sortit en 1998. Partit en exploration sur la toile, je n'arrive pas à trouver d'informations sur Brenda Kahn au delà de 1999, mis à part sa participation à un album hommage à Elvis Costello. Le mystère de la chanteuse disparue...

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Life dug holes in his face sorry and sad

the goal she said is to keep your head

and fit your life in the trunk of a yellow cab

 

Kahn est née dans le Connecticut in 1967, et elle a grandit (comme Springsteen tiens) dans le New Jersey. Au cours de ses études à la New York University, elle rencontre le mouvement Anti-folk qui a émergé dans le Manhattan's Lower East Side au milieu des années 80. Après un passage à Londres, elle sort Goldfish Don't Talk Back, sur un label indépendant de Brooklyn, Comm3 en 1990. Ce premier album a les qualités d'un premier album prometteur et les défauts afférents. Plein de vie, fouillis, fougueux, engagé, partant dans plusieurs directions musicales, un peu jazz, pas mal folk, rock, un poil d'esprit punk et franchement inclassable. Elle entame une tournée largement dans le Midwest qui lui servira d'inspiration pour plusieurs morceaux de l'album suivant. Remarquée, elle signe avec un grand label, Columbia, pour Epiphany In Brooklyn qui sort en 1993 avec la machine promotionnelle d'une major. Belle production, pour ce que je m'y connais, cet album reste son plus aboutit. La musique trouve une unité. Brenda Kahn développe un style original qui puise dans les grandes formes classiques américaines, country, folk et rock, au service d'une personnalité vive et sensible. Pas très loin, finalement, de quelqu'un comme Patti Smith. Proche aussi de Dylan, référence avouée, ou de Springsteen (voilà pourquoi...) façon Nebraska lorsqu'elle dresse ses portraits de gens simples, d'un quotidien en marge du grand rêve américain. Elle a le sens de l'image forte (les citronniers dans le désert), de l'humour et de bien jolies formules « She's in love with the man that she always wanted to be ».

 

He said, "I've read a great book everybody's read"

           He said, "I hate my job and I wish I were dead           
           But if you feel inspired to jump in my bed           
           I might remember why I keep myself so well fed"           
                       

C'est à partir de là que les problèmes sont arrivés. Si j'ai bien compris, Columbia l'a lâchée en pleine préparation du disque suivant. Destination Anywhere sortira finalement en 1996 sur un label indépendant, Sanarchie. Retour à une diffusion plus confidentielle malgré des concerts très réguliers. Elle a alors une histoire d'amour et de musique avec Jeff Buckley qui joue sur l'album. Destination Anywhere est franchement rock, alternant morceaux énergiques (Reconcile et le superbe Yellow Sun) avec des ballades délicates (Lie, Song For Thomas). Faith Salons donne la part belle à un texte riche et quasiment récité, murmure envoûtant sur fond de la guitare de Buckley. Cette forme, elle continuera de l'explorer dans les albums suivants : Outside the Beauty Salons et Hunger. Le premier est enregistré en Allemagne, en octobre 1997 et sort aidé par un solide bouche à oreille, le soutien de Rolling Stone et une tournée européenne début 1998. L'album cherche à équilibrer les tendances des deux précédents. Brenda Kahn crée alors son propre label Rocket 99 Records pour Hunger qui marque le retour à l'acoustique, la force de son jeu de guitare. Elle s'implique également en faveur des femmes musiciennes et lance le site womanrock. Elle y gagnera le surnom : "the Punk-folk Priestess of the Lower East Side". Depuis, plus de nouvelles et surtout plus de musique. Est-celle partie faire pousser des citronniers dans le désert, trace-t'elle la route dans l'Indiana, est-elle restée au lit depuis le 4 juillet ? Brenda, vous me manquez.

Un entretien sur le site Mescalina (en italien et anglais)


Talk to walls, only walls will awsers

29/09/2005

Appel à mes lectrices et mes lecteurs

Chers lectrices et chers lecteurs, chers amis qui blogguez (quel mot !) en voisins, j'ai un appel à vous faire. Vous constaterez que, pour le mois à venir, je serais un peu moins actif. A ceux qui ne me connaissent pas « dans la vraie vie », je dirais que je préside une association, Regard Indépendant, que vous avez pu découvrir si vous avez suivi les liens des cinémas de quartier.

 

Cette association, qui fête se dix ans, travaille à soutenir les réalisateurs débutants, jeunes et moins jeunes, sur Nice et sa région. Nous organisons chaque année depuis 1998, les Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice, qui proposent une photographie de la création régionale. Modeste manifestation, nous montrons du court métrage, du documentaire, des films d'animation, des vidéos expérimentales, du long parfois et, cette année, un peu de spectacle vivant intégrant les images à leur travail.

 

Nous aurons par exemple cette année, de façon un peu symbolique, le documentaire de Frédéric Sojcher, Cinéastes à tout Prix que certains d'entre vous connaissent sans doute. Je vous laisse découvrir l'affiche de la manifestation, due à Frédéric Nakache, ainsi qu'un communiqué de presse général et, surtout, l'adresse du blog qui permet de suivre la construction et le déroulement de la manifestation. Comme vous l'imaginez, ça me prend beaucoup de temps.

 

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Si vous en avez, du temps, et l'envie, si vous pouvez répercuter à travers la toile cette information, je vous en serait sincèrement reconnaissant. Et si vous passez sur Nice entre le 24 et le 29 octobre, n'hésitez pas à venir nous dire bonjour, voir quelques films et prendre un verre.

28/09/2005

Droits d'auteur : un (nouveau) texte dangereux

Une information parue sur le site Framasoft (licence Verbatim) que je vous livre telle quelle. Ceux qui me lisent régulièrement connaissent mon intérêt pour ces histoires de droit d'auteur. A cette lecture, vous comprendrez pourquoi mon sang n'a fait qu'un tour !

La société de l’information ne permettra une meilleure diffusion du savoir et de la culture que si un équilibre est respecté entre les droits légitimes des auteurs et des producteurs et ceux, non moins légitimes, des citoyens et des usagers.


Communiqué de presse EUCD.INFO


Paris, le 27 septembre 2005. Le site de l’Assemblée Nationale confirme que le gouvernement a déclaré l’urgence sur le projet de loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI). [1] L’initiative EUCD.INFO dénonce une tentative de passage en force d’un texte inacceptable et appelle le public à se mobiliser d’urgence.

 

 

En effet, si il est adopté en l’état, le projet de loi DADVSI :

  • transformera des millions de consommateurs honnêtes en délinquants (trois ans de prison et 300 000 euros d’amende prévus en cas de copie privée vers un support non autorisé par les titulaires de droits, par exemple un baladeur MP3) ;
  • divisera la société de l’information entre les ayant-accès à la culture numérisée et les autres puisque introduisant un nouveau droit dans le Code de la Propriété Intellectuelle : celui d’autoriser ou d’interdire l’accès à une oeuvre via la technique ;
  • menace la mission des bibliothèques et l’avenir du domaine public en ne prévoyant aucune disposition visant à libérer l’oeuvre du contrôle technique une fois les droits patrimoniaux épuisés ;
  • favorise les ententes illicites, les abus de position dominante et la vente liée en permettant aux producteurs de disques et de films d’imposer au public les outils permettant d’accéder aux oeuvres qu’ils produisent ( comme si un éditeur de livres pouvait imposer une marque de lunettes pour lire les livres qu’il fait imprimer) ;
  • va à l’encontre de certaines dispositions de la loi Informatique et Libertés car interdisant de facto aux citoyens d’exercer leur droit au contrôle des données personnelles ;
  • propose de censurer, au nom du droit d’auteur, les auteurs de logiciels libres et ce bien que leur travail soit reconnu par l’UNESCO comme Trésor du monde, et par la Commission de l’Économie Générale, des Finance et du Plan, comme la seule alternative susceptible de permettre à la France et à l’Europe de retrouver son indépendance technologique. [2]

Les associations de consommateurs, de familles, d’internautes, d’auteurs et d’utilisateurs de logiciels libres, des société de gestion collective représentant plus de vingt cinq mille artistes, des syndicats de musiciens, des représentants d’enseignants et de bibliothécaires dénoncent d’ailleurs régulièrement un texte extrémiste, discriminatoire et répressif qui ne sert que les interêts d’une poignée de multinationales aux dépends de l’interêt général. [3]

L’initiative EUCD.INFO rappelle de plus que le projet de loi DADVSI transpose une directive européenne (l’EUCD) dont les effets sont tels que la Commission Européenne en arrive à ne pas respecter ses obligations pour mieux les masquer. Conformément à l’article 12 de la directive EUCD, la Commission aurait en effet dû publier "au plus tard le 22 décembre 2004" un rapport sur les effets de la directive dans les pays l’ayant déjà transposé. Mais elle ne l’a pas fait tant il est désormais évident, y compris pour certains responsables européens, que la directive entraîne une hausse artificielle du prix des oeuvres, et menace la libre concurrence sur le marché du logiciel. [4]

L’argument utilisé par le gouvernement pour justifier l’urgence (retard dans la transposition de la directive) est donc fallacieux. On voit mal comment la Commission pourrait poursuivre la France pour non-respect de ses obligations dans la mesure où elle même fait fi des siennes pour mieux masquer les effets d’un texte arraché aux parlementaire européens en 2001, [5] et qui, par ailleurs, pourrait être retoqué par la Cour de Justice des Communautés Européennes tant il va à l’encontre de ses objectifs d’harmonisation. [6]

Le passage en urgence n’a dès lors qu’une seule justification possible : à l’approche des élections et au milieu du tumulte social annoncé, faire passer un texte inacceptable le plus vite possible en espérant que les électeurs auront la mémoire courte. Inutile de dire que les membres d’EUCD.INFO sauront eux rappeller le moment venu les faits et gestes de chacun, et notamment des élus de la majorité qui resteraient silencieux.

Tout élu normalement constitué devrait s’élever contre cette tentative de passage en urgence. Le projet de loi DADVSI a en fait pour objectif de permettre à la France de ratifier deux traités internationaux négociés il y a dix ans à l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, organisation dont le fonctionnement peu démocratique et les productions sont de plus en plus contestées. Prétexter comme va sans doute le faire le gouvernement que le projet de loi DADVSI est un projet de loi technique et mineur n’a donc aucun sens.

Dans un premier temps, l’intiative EUCD.INFO demande donc aux citoyens de téléphoner ou d’écrire immédiatement au ministre de la Culture pour lui demander de retirer promptement sa demande d’urgence (cabinet du ministre : 01 40 15 80 00). Elle invite également les citoyens à téléphoner ou écrire à leurs députés pour leur demander de dénoncer publiquement la grossière manoeuvre du gouvernement. [7]

[1] Dossier législatif sur le DADVSI (http://www.assemblee-nationale.fr/1...)

[2] Lettre ouverte au député Christian Vanneste (http://eucd.info/lettre-vanneste.pdf)

[3] Organisations contestant le contenu du projet de loi : ABF, ADAMI, AFUL, APRIL, CLCV, FNS, FSF-France, Ligue de l’Enseignement, ODEBI, SAIF, SAMUP, SNAP CGT, SNM FO, SPEDIDAM, UFC, UNAF

[4] Analyse des propos du chef d’unité "Droit d’auteur et économie de la Connaissance" de la Commission Européenne (http://eucd.info/com-2005-07-19.fr....)

[5] Rappel sur l’origine de la directive EUCD (http://eucd.info/com-2005-07-19.fr....)

[6] Why the copyright directive is unimportant and possibly invalid (http://www.ivir.nl/publications/hug...)

[7] Téléphones et adresses des députés (http://www.assemblee-nationale.fr/1...)

15/09/2005

J'adore Jacques Tardi

J'adore Tardi. J'apprécie son goût pour le noir et blanc, son trait à la fois classique façon ligne claire et moderne. J'aime son sens du détail, la justesse des expressions et des mouvements. Je partage, disons assez largement, ses valeurs, son discours politique, un peu anar, antimilitariste et anticlérical. Même s'il y va parfois à gros traits, il me fait toujours rire. Je partage aussi sa fascination pour l'Histoire, la Commune et la Grande Guerre en particulier, qui sont bien deux évènements capitaux pour comprendre notre monde d'aujourd'hui. J'aime aussi ses personnages, leur façon d'être décontracté comme Burma ou Adèle, leur réticences parfois à vivre l'histoire dans laquelle ils évoluent. Cela donne de jolis moments : « ça ne m'intéresse pas » ou encore « ca suffit, je rentre chez moi ». J'aime ses références visuelles à Jules Verne, les machines impossibles des aventures d'Adèle et du démon des glaces. J'aime son sens de l'aventure et du feuilleton. Adèle où la Commune, c'est Dumas ! Et puis j'aime aussi sons sens de l'épopée. Sa Commune est la même que celle de Watkins, une grande aventure tragique et politique qui fait vibrer. J'aime enfin sa prédilection à mêler la bande dessinée avec la littérature et le cinéma, son travail avec Daeninckx et Pennac, ses adaptations de Céline, Vautrin, Malet et aujourd'hui, Manchette.

Sort en effet Le Petit Bleu de la Côte Ouest dont Deray avait tiré Trois Hommes à Abattre avec Delon. Film moyen mais l'un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) des romans noirs de Manchette.

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Mais si j'adore Tardi, c'est par sa façon dont il fait vivre Paris. Cet homme doit avoir des montagnes de documents. Ou alors, il possède une machine à remonter le temps et il a la gentillesse de nous faire partager ce miracle via ses dessins. Je suis toujours épaté de la vie qui se dégage de ses rues, de ces façades ordinaires, des voitures, des objets, des ambiances. Des pavés de la Commune de 1871 au Jardin des Plantes de La Débauche en passant par les Paris de la Belle époque, des années folles et des années 50, c'est pour moi un ravissement. Sur le dernier album, je suis d'autant plus enthousiaste qu'il s'agit du Paris de mon enfance, celui des années 70. déjà, dans Casse Pipe à la Nation, je retrouvais des rues du 12e arrondissement, le quartier de mon enfance. Dans ce dernier album, je retrouve les voitures, les objets, les livres, l'ambiance, presque les odeurs de ces années là. Il y a une vignette qui m'a touché : on y voit un personnage lire un numéro de Strange. Toute mon enfance.

13/09/2005

A l'espoir qui nous tient

Entretien avec Serge Teyssot-Gay, Denis Barthe et Jean-Paul Roy, guitariste, batteur et bassiste de Noir Désir dans Libération d'aujourd'hui. Une phrase pour savoir où l'on en est.
 

Il nous paraît concevable de repartir ensemble, de même qu'il est inconcevable de faire comme si rien ne s'était passé. Si un jour il y a une possibilité et une volonté communes de rejouer, de notre côté, ce sera oui de façon quasiment sûre.

 

En attendant lundi. 

Blogs et Bandes Dessinées

J'avais prévu de vous en parler mais tout va trop vite. J'adore la Bande Dessinée depuis toujours mais, comme pour les livres, je n'ai pas trop les mots pour en parler. Ca va venir. En attendant, j'aime beaucoup le concept de la BD sur les blogs. Pour les histoires courtes ou les feuiletons, ça fonctionne bien. Il y a Frantico que j'ai mis en lien, mais j'en ai découvert pas mal d'autres.

Dimanche, le  11 septembre, s'est tenu le premier festival de Blog BD. Quelle bonne idée et quelle aubaine pour découvrir les auteurs : le Blog.

06/09/2005

Désenvoûtement pour tous

J'ai une amie qui est glycophile. Elle n'est pas malade, elle collectionne les sucres emballés. C'est elle qui m'a appris ce qu'était un périglycophile : quelqu'un qui collectionne les emballages de sucre. Aujourd'hui, c'est Libération qui m'apprend ce qu'est un «Magopinaciophile», formé du grec «magos» (mage) et «pinakion» (tablette sur laquelle on écrit) : un quidam qui collectionne les prospectus des marabouts africains. Du style : "Maitre Tembo, désenvoûtement à toute heure, retour d'affection, fortune, gloire et beauté...".

Incroyable ce qu'Internet excite la créativité de nos contemporains. C'est un certain Denis Rionnet qui a lançé le mot. Ce brave homme est un magopinaciophile assumé et il a réalisé un joli site sur sa passion. «Ça vous pose un homme, ça, magopinaciophile, et magopinaciophilie, c'est plus qu'un simple passe-temps, c'est majestueux, c'est grandiose !» nous déclare-t'il sur ce site qui propose la possibilité d'éditer son propre tract.

Ca se passe ICI et ça fait passer un moment. A moins que vous ne souhaitiez vous lancer dans le créneau.

04/09/2005

Présentation (faire les)

Une idée qui m'est venue en début de semaine, vous présenter les liens avec mes blogs favoris. Pour ceux qui se demandent ce qu'ils y trouveront. Comme vous l'allez voir, c'est assez éclectique. J'ai donc l'honneur et l'avantage de vous présenter, par ordre d'entrée en scène :

Cinématique

C'est le blog de Ludovic Maubreuil, très fréquenté et plutôt bien. C'est surtout admirablement écrit. Quand je l'ai découvert, j'en ai été tellement impressionné que je me suis demandé si je n'allais pas arrêter le mien. Pour me redonner confiance, je suis passé voir quelques skyblogs... Sur Cinématique, Ludovic Maubreuil parle de cinéma, de lui et de la vie à travers le prisme du cinéma. Depuis quelques semaines, il a adopté un nouveau ton et un nouveau rythme de parution, soutenu. Cinématique prend plus la forme d'un journal intime, plus proche, parfois énigmatique, toujours très sensible.

Dominique Autie

Le blog de Dominique Autié est un blog littéraire de haut niveau. Amoureux des livres, peut être bibliophile, éditeur, si j'ai bien compris, il est issus d'une ligné d'ouvriers imprimeurs. Son blog dégage la sérénité des belles bibliothèques. Qualité des textes, là encore, pertinence des illustrations et une jolie idée que je reprendrais sûrement pour Inisfree : la création d'un index thématique.

Europe et Constitution

Celui-ci, c'est un blog politique. Je l'ai découvert pendant la campagne référendaire. Il est tenu par Nicolas Cadène étudiant en DESS Vie parlementaire. Ouvert à l'issue du vote négatif de mai, il milite pour l'Europe. Très documenté, bien argumenté et avec des discussions de bonne qualité, ce qui n'est pas évident, au vu du sujet. Actuellement, il est un peu en suspens. Alors, Nicolas, en vacances ?

Frantico

Lui, c'est une vedette de la blogosphère. Il a même eu les honneurs de Libération. C'est comme cela que je l'ai connu. C'est un blog dessiné, dans l'air du temps, affres des trentenaires, misère sexuelle et sentimentale, ton autobiographique. Drôle souvent, un peu scato parfois. Arrêté depuis fin mai, on attend le premier album réel.

La Chronique de Marie

Marie (la Chronique), je la connais d'abord dans la vraie vie. Via le Panda, elle a intégré avec talent l'équipe de l'émission de radio que j'anime sur Nice. C'est là que, le jour ou l'on a parlé des blogs, elle m'a dit qu'elle en animait un. Ses chroniques parlent du monde comme il va (pas très bien), de choses qui l'énervent, d'autres qui la réjouissent. Outre son langage impeccable, elle a le trait vif et beaucoup d'humour. Hélas, trois fois hélas, elle a décidé d'arrêter. Mais le blog reste en ligne.

Le Mambo Blog

Mambo, c'est le chat de Milou, alias Émilie, illustratrice de profession dont j'ai connu le blog via Marie (au net) qu'elle semble connaître dans la vraie vie (j'adore cette expression !). Elle écrit avec vivacité et esprit et, surtout dessine avec talent. Le mieux, pour vous inciter à aller y passer un moment, c'est de vous donner un échantillon, avec sa permission. Je suis tombé raide dingue de cette jeune femme qui semble nous attendre avec nonchalance.

 

Le Migou

Ou le Yéti pour ceux qui parlent le Tintin dans le texte. Un blog plein d'enthousiasme qui parle un peu de tout, du feuilleton Prison Break aux Rolling Stones, ce qui nous fait au moins un point commun. Je rassure Jean Bernard, il y en à d'autres, à commencer par l'univers d'Hergé.

Marie au Net

C'est encore mieux qu'à l'ex-Samaritaine. Marie se définit comme glandeuse hypocondriaque, ce qui me semble exagéré au vu de la densité de ses notes. Elle dessine comme sa copine Émilie et elle a le chic pour dégotter des trucs incroyables sur le Net : la machine à Caca, les webcams qui surveillent les fantômes, les pochettes de disques ringardes, les monstres les plus beaux, j'en passe et des meilleurs. A ceux qui trouveraient cela léger, je dirais que Marie s'intéresse aussi au Land Art, à la littérature, au cinéma, à la photographie, bref, une curieuse comme je les aime. Ses articles sont très documentés et bien illustrés. De nombreux liens font de ce blog un grand voyage exotique. Prévoir un peu de temps pour bien s'y plonger. Un de ses dessins, qui me fait penser aux génériques des comédies américaines sophistiquées des années 60.

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Sablier

Je suis arrivé sur Sablier, le carnet de notes de Fuligineuse, via un article sur Hemingway. Nous partageons le même goût pour son livre d'ordinaire peu apprécié « Au-delà du fleuve et sous les arbres ». Ses notes sont d'une grande richesse et d'une grande diversité : architecture, littérature, exposition et, une rubrique que j'adore, des ballades dans Paris, moi qui en suis si loin depuis trop longtemps.

SugarK

Ou « Marylin, my Marylin ». Je ne me souviens pas comment j'y suis arrivé, mais c'est l'un des premiers blogs que j'ai découvert. Peu de texte cette fois mais des images, des milliers d'images (et quelques vidéos) pour un blog voué, dévoué à Marylin Monroe. Si vous partagez cette admiration, ce blog, c'est le paradis. Bon, il y a aussi d'autres choses mais la plus célèbre des actrices blondes est le coeur et l'âme de ce blog. Sugar ne se limite pas à cette grande oeuvre mais a ouvert plusieurs autres espaces tout aussi passionnants.

Un Panda au plafond

Le Panda, je le connais aussi dans la vraie vie. On partage la même forêt d'eucalyptus. Curieusement, après que le Panda m'ait présenté Marie (La Chronique), c'est Marie qui m'a annoncé que le Panda bloggait ferme. D'où découverte et lien. Car le Panda a ferraillé avec moi au micro de l'émission de radio dont je vous ai parlé. Malheureusement, cet animal est plus musicologue que cinéphile et il est partit se vouer à sa passion des notes. Sur son blog, d'un style alerte, rare chez les pandas, il parle de musique bien sûr, mais aussi de lui, de ses galères, de ses joies et de ses festivals. Parfois, il pousse un coup de gueule, quand Panda fâché, lui toujours faire ainsi.

03/09/2005

The Rolling Stones now

Au moins vingt ans que ça dure. Ils reviennent, les cheveux un peu plus gris, les visages un peu plus creusés, les poches un peu plus pleines et les concerts toujours plus colossaux. Il y a toujours un nouvel album dont on parle généralement en disant que c'est pas mal, que ça ne vaut pas avant et puis que l'on oublie. On se dit que c'est la dernière, on se demande si Richards va tenir le coup, si Jagger va sauter toujours aussi haut. Et tout se passe bien, on se dit que, décidément, ils sont increvables. Et puis, ça se tasse, on oublie un peu. Et puis, un beau jour, ils préviennent : nous revenons.

Les Stones sont donc de retour. le nouvel album sera dans les bacs le 6 septembre et s'appellera A Bigger Bang, en toute modestie. Les concerts ont commençé à Boston le 21 aôut. Quatre chansons sont en écoute ICI. Et ça sonne bien comme les Stones. Sûr que c'est pas la dernière.

02/09/2005

Merci Marie (au net)

Désolé mais ça me fait rire depuis plusieurs jours. Normalement je n'avais décidé de ne parler que de livres, de musique, de choses culturelles, quoâ, qui enoblissent l'âme....

Mais j'adore me ballader sur le blog de Marie parce qu'elle dégotte des trucs incroyables sur le Net. Dernier exemple : la désormais célèbre "machine à caca", un jeu répugnant mais en même temps tout à fait éducatif. Si j'avais un enfant... j'irais m'amuser à ça avec lui.

Le petit malin qui l'a créé revendique 60 000 joueurs, ce qui n'est pas rien. Ca me rapelle le jeu avec le Yéti qui a fait le tour de la planète. Allez jeter un oeil et revenez me dire si vous êtes accro..

01/09/2005

Veuillez rendre l'âme

Je sens que ça ne va pas être facile d'en parler. Pas facile d'écrire dessus. Il va falloir peser les mots parce que c'est encore si sensible. Noir désir revient. Le 19 septembre 2005 sort le CD : « En Public » et un DVD : « En Images ». Choisis par notre quatuor « plus grand groupe français de rock », ce sont des titres et des images enregistrés lors de la tournée "Des Visages des Figures" en 2002 et 2003, avec un concert enregistré à l'Agora d'Evry, un concert filmé en décembre 2002, l'intégrale des clips et des vidéos réalisées sur des morceaux. Bref le nirvâna annonçé pour n'importe quel amateur.

Sauf que ça va pas être si simple. On voudrait pouvoir (et certains le feront, égoïstement) faire abstraction du réel, parler de la musique, du groupe, de l'épopée. On le fera, mais ça risque d'être douloureux parce que, pour tous ceux qui ont aimé et vibré avec Noir Désir pendant presque vingt ans, « En Images et En Public » risque de montrer ce que l'on ne retrouvera jamais plus.

Comme l'écrivent les Inrock dans l'éditorial de leur numéro spécial, l'évolution marquée par « Des Visages, des figures » laissait entrevoir un long chemin à parcourir ensemble. Aujourd'hui, ce chemin, on ne sait pas trop à quoi ça va ressembler. Serons nous désinvoltes et n'aurons nous l'air de rien ? Rien n'est moins sûr. Cet été, j'ai vu Jean Louis Trintignant au théâtre. J'avais beau me traiter d'imbécile, je ne pouvais m'empêcher d'y penser. Et ça papotait sec derrière moi, certains sont moins discrets. D'autant que, à la fin de la pièce, le personnage de Trintignant retrouve avec émotion sa fille abandonnée... Les mots, la moindre expression prennent alors un sens plus aigu. Et différent de celui de l'oeuvre. Que dire alors des paroles des chansons du groupe ? Comment imaginer Bertrant Cantat chanter à nouveau « La Chaleur » ? Pas facile.

Si l'on veut avoir de nouveau des saisons, des torrides et des blêmes, il faudra bien faire le lien entre Noir Désir, son chanteur charismatique et toutes les bonnes raisons que l'on a eu de leur donner notre admiration, avec l'homme qui a provoqué la mort de Marie Trintignant, les torrents de bassesses sur magasine et au vingt heures et notre tristesse de l'été 2003.

Alors, je suis rentré chez moi et j'ai mis le CD trois titres des Inrock sur ma platine. Et c'était bien. Tout était là, intact comme sous une housse, l'énergie du groupe à son sommet, la générosité, la puissance de cette voix qui donne tout à s'en faire péter les cordes vocales, le son irrésistible de Barthe, Roy et Tessot Gay, la musique, la musique...

30/08/2005

Têtes à Couacs

Parlons un peu musique. J'ai découvert les Boules de Feu sur le site Jamendo, qui fait la promotion et la diffusion de la musique dite libre, c'est à dire sous (en choeur) Créative Commons. Blague à part, ce mouvement me passionne parce qu'il cherche de nouvelles relations entre les créateurs et leur public. Tout n'est peut être pas à prendre avec un sourire béat aux lèvres, mais il y a certainement beaucoup de choses intéressantes qui se passent autour de ça.

Revenons à notre fanfare. Parce que c'est une fanfare. Plus exactement, la Fanfare Médecine de Reims, créée le 21 Avril 1996 par "une poignée de carabins animés par des besoins mélomanes et festifs". Elle comprend une trentaine de membres et, si vous aimez ce style, vivant, drôle, un peu leste et un peu rock, entre Les Têtes Raides et les musiques de film de Kusturica, ça devrait vous plaire. En tout cas, la première fois, cela m'a donné la pêche pour la journée.

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Si j'ai accroché si vite, outre l'immédiateté de leur musique, c'est à cause de leur répertoire franchement orienté cinéma. Jugez en : Amarcord, Au Service Secret de sa Majesté (oui, oui, Bond James en fanfare, c'est quelque chose !), Porque Te Vas, Chat Noir, Chat Blanc (ben tiens) et le Kikidonc, qui m'a ramené à de lointains souvenirs puisqu'il s'agit de la musique de la célèbre Séquence du Spectateur.

Rayon reprises, les Boules de Feu font preuve d'un goût certain avec des versions enlevées de Téquila, standart rock increvable, Salade de Fruits, Mon Amant de la St Jean et une variation gratinée sur l'air de Mourir pour des Idées de Georges Brassens (Y'a des pt'its culs à la fanfare, à la fanfare, y'a des pt'its culs... ça aurait plu à l'amateur de chansons paillardes qu'était Brassens).

Mais il y a encore quelques compositions originales tout à fait à la hauteur, notamment le Sanglier's time sur le dernier opus. Encore des faux paresseux, tout ceci me laisse accroire qu'ils ont de l'ambition pour leur musique. Le mieux, c'est d'aller écouter, si toutefois vous aimez les fanfares qui ne sont pas coincées du cornet à piston. Les Boules de Feu, fanfara mingi de foc, ont deux albums à leur actif, un troisième en préparation.

Pour écouter

Pour en savoir plus

28/08/2005

Musique libre au cinéma

C'est une information que j'avais sous le coude depuis un moment. Une salle de cinéma, « Le Strapontin » à Saint Bel dans la région lyonnaise, diffuse lors de ses entractes de la musique libre, c'est à dire sous les fameuses licences Créative Commons, ou licences Art Libre. l'idée est généreuse et originale. Lorsque la musique passe dans la salle, une diapositive informe sur le groupe qui la joue. C'est bête comme l'oeuf de Colomb, mais je trouve ça frais. Et puis, c'est tellement plus intelligent que de passer de la publicité. Et pour ne rien vous cacher, ça m'a donné des idées...

26/08/2005

Lectures d'été (suite et fin, hélas)

Je connais mal Simenon. Ou plutôt, je le connais de façon oblique, à travers les nombreuses adaptations cinématographiques de ses romans (sans parler des Maigrets télévisés, période Jean Richard). Pour mémoire et parmi les plus réussis : Panique de Duvivier, Les Inconnus Dans La Maison de Decoin, La Nuit du Carrefour de Renoir, Mr Hire de Lecomte, En Cas de Malheur d'Autant Lara, L'Horloger de Saint-Paul de Tavernier...

Je le connais aussi via sa fameuse correspondance avec Fellini regroupée dans le livre : Carissimo Simenon - Mon cher Fellini aux éditions des Cahier du Cinéma. Et puis, il y a la légende, celle de l'homme aux aux 400 livres et aux 10000 femmes, le second chiffre étant quelque peu exagéré.

J'ai suivi le conseil : Si un jour vous rencontrez, sur le quai d'une gare ou dans une librairie, un ouvrage de Georges Simenon, n'hésitez pas, vous pourriez tomber sous le charme. J'ai donc, acheté L'Homme Qui Regardait Passer Les Trains, un roman peu connu qui suit de l'intérieur le parcours du hollandais Kees Popinga, sorte de tueur psychopathe raté. Une histoire sombre, à l'atmosphère typique de l'auteur, qui s'achève sur cette phrase : Il n'y a pas de vérité, n'est-ce pas ?

Cet été, je suis tombé sur un volume de chez Gallimard, avec la couverture aux petites étoiles vertes. C'est un roman de 1940, L'Outlaw, que j'ai peut être acheté parce qu'il évoque le western. Mais ça n'a pas grand chose à voir. C'est encore une histoire très sombre, celle d'un polonais, Stan, exilé à Paris pour des motifs politiques et qui, au bout de son rouleau, dénonce un gang de truands polonais, eux aussi et hauts en couleurs, dont la spécialité est l'assassinat à la hache de paysans dans des fermes isolées. Là encore, le roman est raconté de l'intérieur du personnage principal, englué dans sa misère, ses obsessions et sa folie qui se résoudra en drame. L'autre personnage, tout aussi fascinant, c'est Paris. Le Paris des années 30 et 40. Un Paris encore largement populaire, noir, violent et impitoyable. Le Paris aujourd'hui disparu des halles, des hôtels borgnes (quoique ça, ce soit resté), de la Samaritaine, des policiers en gabardine, des tout petits bistrots où l'on peut manger de l'andouillette aux heures les plus avancées de la nuit. Je pensais alors à cette phrase de Prévert : La vie est tout de même une chose bien curieuse pour qui sait observer entre minuit et trois heures du matin.
 
Le livre 

15/08/2005

Lecture d'été (suite)

Je trouve toujours remarquable de tomber sur des phrases, comme ça, écrites des dizaines de décennies en arrière, et qui sonnent si juste pour nos préoccupations d'aujourd'hui.

Une fois, en Russie, j'ai entendu jouer du Mozart dans une usine. Je l'ai écrit. J'ai reçu deux cent lettres d'injures. Je n'en veux pas à ceux qui préfèrent le beuglant. Ils ne connaissent point d'autre chant. J'en veux au tenancier du beuglant. Je n'aime pas que l'on abime les hommes.

 

Terre des hommes - Antoine de Saint Exupéry - Gallimard 1939

08/08/2005

Lecture d'été

Il y a des livres qui, lorsque vous parcourez les rayons d’une librairie, semblent vous lancer un appel aussi muet qu’irrésistible : « achète-moi, tu ne regretteras pas ».

Cela peut tenir à une couverture, une illustration, une couleur, un titre, un format, une texture lorsque les doigts l’effleurent, une odeur, si, si, car les livres ont leur odeur bien à eux.

Bref, lors de ma dernière visite à l’un de mes libraires favoris, le Passeur de l’Isle, à l’Isle sur Sorgues, dans le Vaucluse, j’ai reçu ce genre d’appel de la part de Titanic et autres contes juifs de Bosnie d’Ivo Andric, prix Nobel de littérature en 1961 que j’ignorais totalement.

Le livre est une sorte de compilation de courtes histoires autour de la communauté juive bosniaque, dix récits qui dessinent un siècle d’histoire, depuis l’occupation Austro-hongroise du XIXe siècle jusqu’à la tempête nazie déclenchée en 1941. L’évocation du cimetière juif de Sarajevo, qui ouvre le livre, synthétise cette histoire que l’auteur déchiffre sur les pierres tombales, depuis le souvenir des origines espagnoles (les Sephardim furent chassés d’Andalousie au XVe siècle) jusqu’aux sèches inscriptions de 41-42, ultimes traces avant le grand silence.

Au fil de ces histoires sensibles, tragiques comme le destin de ce peuple, mais non dénuées d’humour et sans complaisance pour les travers de la communauté, on rencontre Mordo Atias, le pharmacien peu loquace dans sa microscopique boutique, Salomon Atias et sa difficulté à exprimer la gratitude des juifs au consul de Napoléon, Mento Papo, le malheureux patron du « Titanic », bistro misérable de Sarajevo, la jeune et belle Rifka, amoureuse malheureuse de l’agent des eaux et forêts Ledenik. Et il y a mon personnage préféré, Lotika, émouvante femme au soir de sa vie, qui a lutté sans succès pour améliorer le sort de sa famille et qui se sent envahie par l’âge et la lassitude. Trop d’espoirs déçus. Elle a pourtant, dans le registre de l’humour, cette répartie admirable, apprenant que son neveu favori vient de rejoindre le parti socialiste :

Il est devenu socialiste ! So-cia-lis-te ! Comme si ce n’était pas suffisant d’être juif. O grand Dieu, Dieu unique, qu’ai-je fait pour que tu me punisses ainsi ? Socialiste !

 

Ca m’a fait rire.

Titanic, ce sont ainsi dix portraits riches en humanité et d’un style élégant, direct et imagé. Ce sont dix arches élancées d’un pont, de ces ponts de Bosnie « Comme le message solitaire d’un monde lointain et lumineux » (Editions Belfond)

Le livre 

02/08/2005

Enervé

Repris d'Inisfree.

Ca devient de plus en plus difficile d'aller voir un film dans une salle d'un grand circuit de façon sereine. Voilà que l'on nous matraque, avec images sombres et musique lourde le message : Pirater nuit gravement à la santé du cinéma. Slogan à l'instigation du Bureau de Liaison des industries Cinématographiques (BLIC). Slogan réducteur, culpabilisant, franchement énervant. Pourquoi dans les salles de Cinéma ? Ceux qui verront le message sont quand même ceux qui font l'effort, la démarche, de se rendre dans une salle et de payer leur ticket non ? Alors qui cherche t'on à toucher ? Pourquoi ne pas diffuser ces spots à la télévision ? C'est bien là, derrière leur home cinéma, leur écran cathodique, que se trouvent ceux qui sont susceptibles d'être concernés.

Mais c'est sans doute trop réfléchi pour les gens du BLIC. Il vaut mieux nuire à la santé du cinéma en transformant les halls en confiseries, en augmentant le prix des places, en ouvrant des multiplexes, en programmant des films indignes de ce nom, en bombardant de publicité la première partie de séance, en ignorant les courts métrages, en favorisant les films pop corn, en jouant le jeu de ceux qui sortent des grosses productions avec plus de mille copies en France, en méprisant la diversité des cinémas, en s'asseyant sur la culture et en méprisant le public.

Et merde, là, je l'avais dit que j'étais énervé.

26/07/2005

Harry Potter contre l'Humanité

Une histoire édifiante et, quelque part, un peu désespérante. Un magasin canadien a vendu par erreur la semaine dernière quatorze exemplaires de "Harry Potter et le prince de sang mêlé" alors que la sortie officielle et très médiatique était prévue pour le 16 juillet. Je ne sais pas comment ce magasin a été fourni, mais toujours est-il qu'ils ont demandé aux acheteurs de rendre leurs exemplaires. Déjà, c'est une démarche pas banale. Mais ce n'est rien. L'éditeur a réussi à trouver un un tribunal assez... (je m'excuse, je ne trouve pas le mot) pour interdire aux acheteurs du livre de révéler les détails de l'histoire sous peine de poursuites. Vous avez bien lu. Les informations du dernier tome des aventures du jeune sorcier sont considérées comme assez importantes pour justifier une décision de justice envers ceux qui raconteraient l 'histoire. Pas des plagiaires, ni des pirates qui iraient photocopier leur exemplaire et le revendre. Non, des gens comme vous et moi (enfin, plutôt vous que moi parce que Potter, j'ai bien mieux à lire) qui iraient raconter l'histoire à leur gamin, leur maman ou leur voisin de palier.
Dangereux criminels !

Il y a peu, lors des procès contre les adeptes de l'échange de musique sur internet, procès qui relèvent du même état d'esprit, à la fois hystériquement commercial et d'un insondable mépris pour le public, un chroniqueur s'amusait en écrivant que l'on serait bientôt poursuivi par la SACEM pour avoir chanté sous sa douche sans reverser de droits. Lamentable dérive d'une société, d'un système où l'art que l'on qualifiera de populaire pour faire gentil, placé jusqu'ici sous le signe de l'échange, est devenu une valeur financière, le livre un placement, la chanson, un portefeuille de dividendes.

« Qu'on imprime mes oeuvres et que je meure de faim » s'écria Eugène Pottier, qui écrivit « l'Internationale » et quelques grandes chansons révolutionnaires. Il est vrai qu'il avait été sur les barricades de la Commune et qu'il avait une autre ambition pour ses chansons que l'auteur de Potter « dont le nom ne mérite pas d'être cité ici » pour ses bouquins.

Quel dommage que le ridicule ne tue pas, ou du moins qu'il n'empêche de nuire. Avec un certain humour, qui masque mal une colère certaine, Richard Stallman, héraut du Logiciel libre (et oui, c'est un peu le même combat), a publié un texte dont vous trouverez la traduction complète et libre sur Framasoft. En voici les premiers paragraphes :

Le 13 juillet 2005, les Canadiens ont reçu l’ordre de ne pas lire des livres qu’on leur avait vendus « par erreur ». Lisez cet article, et n’achetez aucun livre Harry Potter. Quiconque a demandé, rédigé, fait appliquer ou essayé de justifier cette injonction est un ennemi des droits de l’homme au Canada, et chacun mérite de payer pour son implication. Boycotter ces livres servira au moins à punir l’éditeur.

Contrairement à ce dernier, qui exige qu’on ne lise pas ces livres, je me contente d’appeler à ne pas les acheter. Si vous souhaitez les lire, patientez, et vous finirez par tomber sur quelqu’un qui lui en possède un exemplaire. Empruntez-le-lui, ou allez le lire en bibliothèque. Mieux encore, lisez autre chose - des tas d’ouvrages sont tout aussi bons, voire (que quelqu’un ose prétendre le contraire) mieux.


Du même auteur, et pour faire encore plus de cauchemars, je vous conseille ce texte

19/07/2005

Au-delà de l'Horizon

Je viens juste d'apprendre le décès d'Alain Bombard. C'était l'un des héros de mon enfance. J'avais vu son bateau, sa coque de noix, son canot pneumatique, « L'Hérétique », quel joli nom, exposé à Monaco, quelle drôle d'idée. Je me souviens aussi de son livre, « Naufragé Volontaire », et d'avoir rêvé un semblable voyage.
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Je me souviens enfin de son émission sur les grands navigateurs et explorateurs. « Au-delà de l'Horizon », au début des années 80, à une époque où il y avait du plaisir à regarder la télévision. J'aimais la musique du générique qui vous embarquait. J'aimais sa voix un peu rauque, son ton d'enthousiaste joyeux, même quand il racontait le désastre de l'expédition Scott au pôle Sud. Il a fait ensuite de la politique, mais il ne racontait pas aussi bien. Salut au coureur d'aventures.